Neuf limites planétaires ont été définies (par Johan Rockström du Stockholm Resilience Centre et son équipe internationale, en 2009), dont huit sont chiffrées par les chercheurs et cinq sont déjà franchies (en 2022). Le changement climatique n’est qu’une de ces limites !
Neuf processus sont retenus comme limites, car ensemble ils remettent en cause la stabilité de la biosphère : changement climatique, érosion de la biodiversité, perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore, changements d’utilisation des sols, acidification des océans, utilisation mondiale de l’eau, appauvrissement de la couche d’ozone stratosphérique, introduction entités nouvelles dans l’environnement (pollution chimique) et augmentation des aérosols dans l’atmosphère. (Source : ici)
Pourquoi faut-il baisser d’urgence nos émissions de gaz à effet de serre ?
L’ère industrielle, démarrée au milieu du 18ème siècle, nous a fait entrer dans une nouvelle ère géologique : l’anthropocène. C’est la première fois dans l’histoire de la planète Terre qu’une espèce vivante la bouleverse en profondeur, à un rythme tout à fait exceptionnel ! Tant sur l’impact sur la biodiversité (effondrement des espèces vivantes) et les ressources naturelles, que sur le dérèglement climatique. Aujourd’hui, plus personne ne nie la responsabilité humaine dans le dérèglement climatique, qui met en péril nos conditions de vie, et surtout celles de nos enfants et des générations futures. Elle est même mondialement reconnue depuis le sommet de la Terre de Rio en 1992.
Si rien n’est entrepris pour diminuer nos émissions, les températures moyennes pourraient augmenter de +4 à 7°C selon les régions (le réchauffement sur le pourtour méditerranéen sera majoré de 20% en moyenne, jusqu’à 50% l’été).
Selon le niveau d’effort de transition, les phénomènes climatiques extrêmes vont plus ou moins se multiplier : longues canicules, sécheresses intenses, tempêtes de plus en plus violentes (cf. tempête Alex en 2020), fonte des pôles, montée et acidification des eaux, etc. A la clé, des centaines de millions de migrants climatiques, une forte baisse des rendements agricoles et des pandémies accrues (zoonoses, etc.).
Les hausses du taux de concentration du CO2 et de la température moyenne sur la planète sont totalement corrélées. Ce taux est passé de 280 ppm (parties par million) à 420 en 2022, et se dirige vers 500 pm à l’horizon 2050, soit une augmentation de 80% du taux en deux siècles…
Plusieurs gaz à effet de serre (GES) participent au réchauffement de l’atmosphère, mais il se trouve que les activités humaines dégagent près de 40 milliards de tonnes de CO2 chaque année dans l’atmosphère :
- La vapeur d’eau (H2O), participe à 75% de l’effet de serre sur terre (augmente avec l’évaporation accrue des océans). Il est important de noter que les émissions de H2O dues aux activités humaines restent marginales par rapport aux émissions des autres GES, avec une durée de vie plus courte.
Il faut donc agir en priorité sur les gaz à effet de serre d’origine humaine, aux pouvoirs réchauffants variables :
- Le dioxyde de carbone (CO2) : bien moins présent dans l’atmosphère que la vapeur d’eau, mais il participe à 25% de l’effet de serre, car sa capacité à retenir la chaleur est très élevée,
- Le méthane (CH4), 25 fois plus réchauffant que le CO2, produit notamment par l’élevage des bovins,
- Le protoxyde d’azote ou oxyde nitreux (N2O), produit notamment par les engrais azotés, près de 300 fois plus réchauffant que le CO2,
- L’ozone (O3), produit en particulier par le rayonnement solaire sur les polluants de l’air,
- Fréons, hexafluorure de soufre (près de 23.000 fois plus réchauffant que le CO2), etc.
Les alertes se multiplient : le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a diffusé son 6ème rapport début 2022, appelant à une action massive et urgente. Localement, le GREC-Sud (groupe régional d’experts sur le climat en région Sud PACA) émet également des avertissements, en même temps que des pétitions de dizaines de milliers de scientifiques tirent la sonnette d’alarme. Voulons-nous vraiment vivre le sort du Titanic ? Il est pourtant encore temps d’agir.
Où en est-on sur notre territoire ?
La loi Grenelle 2 (en 2010) a imposé la mise en place de Plans Climat Énergie Territoriaux (PCET) à compter de 2012. La métropole Nice Côte d’Azur (MNCA) a donc établi son 1er plan climat à cette date. Ces plans ont intégré la composante Air en 2016 et sont alors devenus des Plans Climat Air Énergie Territoriaux (PCAET), d’une durée de 6 ans. La métropole niçoise en est donc actuellement à son second plan climat (PCAET 2019-2025). A échéance 2026, l’engagement pris est de réduire les émissions CO2 de la métropole de -22%, et de -55% d’ici 2030 (mais ce dernier objectif n’a pas été intégré formellement dans le PCAET, qui évoque toujours une réduction tout à fait insuffisante de -22% en 2026), pour atteindre -75% en 2050 (neutralité carbone, avec la compensation). Les AMO se succèdent (assistances à maîtrise d’ouvrage), pour, semble-t-il, combler les insuffisances de certains directeurs métropolitains, mais cela n’y change visiblement rien…
Notre territoire connaît une montée inquiétante de la sécheresse, plus importante encore que sur le reste du pays. Dès le printemps 2022, le déficit hydrique, lié à une forte baisse de la pluviométrie, se fait critique dans notre région, le département des Alpes-Maritimes passant en alerte sécheresse. L’hydrologue Emma Haziza tire, comme d’autres experts, la sonnette d’alarme. Mais qui l’entend ? Quels élus ont saisi le caractère d’urgence des mesures d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation climatique ?
A Nice, les plans climat sont en échec depuis 10 ans !
Depuis fin 2018, le collectif citoyen 06 s’est beaucoup investi dans l’analyse des résultats de ces plans climat locaux. Il s’avère qu’à Nice, le rythme de baisse des émissions GES est totalement insuffisant, approximativement au quart de l’effort nécessaire. Sur la seule ville de Nice, les émissions annuelles de CO2 n’ont baissé que de -0,6% entre 2015 et 2019 : aucune baisse significative n’est donc constatée depuis des années ! Il y a donc toujours d’importantes … fuites de CO2 à Nice !
Face à la faiblesse factuelle des bilans, les annonces de « politique de rupture écologique » paraissent assez exotiques ! Pas l’ombre d’un début de rupture à Nice…
A l’inverse, de nombreux projets vont totalement dans la direction opposée puisqu’ils génèrent des gaz à effets de serre supplémentaires en très grande quantité : bétonisation intensive du territoire, projet d’extension de l’aéroport de Nice, développement du surtourisme, rénovation énergétique des bâtiments atone… Pour se dédouaner, la municipalité de Nice argue que « Nice ne pourra pas sauver le monde ». Autrement dit, pourquoi faire des efforts, puisque les 2 millions de tonnes de CO2 émises chaque année par la métropole pèsent peu par rapport aux milliards de tonnes émises par l’humanité… Or, dans cette guerre contre le réchauffement climatique, chaque effort compte, chacun est responsable de l’avenir commun.
Et la concertation avec les citoyens et les associations ? La métropole niçoise a mis sur pied un « Conseil de métropole pour le climat » (le 4 février 2021) et des « cafés de l’écologie positive ». Le bilan : un conseil climat déjà supprimé (14 décembre 2022), et des cafés « écologiques » aux teneurs folkloriques. Ces pseudo-instances de concertation ne sont que des coquilles vides, faites de palabres et de satisfécits : de l’écologie cosmétique ! Quelles « nouvelles mesures », alors ? La mise en place d’un Haut Conseil pour le Climat (copie du HCC national ?), doté de 17 experts, et un baromètre de la transition écologique, qui a tout d’un outil de com’ et pas grande chose d’un authentique tableau de bord… Tout cela trahit une évidente agitation climatique et un manque tout aussi évident et coupable de volonté politique et d’action à la hauteur des fléaux.
La « COP d’avance » de la Région PACA est une tromperie !
Au niveau de la Région Sud PACA, gérée par Renaud Muselier, la situation n’est pas meilleure. Selon les derniers relevés AtmoSud, les émissions annuelles de GES (2019) ont même augmenté de près de 800.000 tonnes, soit +2%, au lieu d’une baisse minimale de -5% par an… A ce rythme, la déroute climatique est annoncée ! Le slogan de la « COP d’avance » est donc une authentique tromperie. Ces « grands élus » font donc l’exact inverse de ce qu’ils racontent aux médias et sur leurs réseaux sociaux…
Au-delà des réductions d’émissions, l’adaptation systémique devient urgente
Tous les experts du climat s’accordent à dire que le réchauffement climatique est lancé, quoi que nous fassions aujourd’hui. Pour autant, chaque tonne de CO2 réduite permettra de limiter les catastrophes à venir (une réduction des émissions d’au moins 5% par an est nécessaire). Le pourtour méditerranéen connaîtra une augmentation des températures, de la fréquence et de la durée des canicules et des phénomènes extrêmes, ainsi que de la sécheresse chronique.
Il est donc urgent de mettre en place une stratégie d’adaptation puissante et générale, qui ne se limite pas qu’à l’extension de la Promenade du Paillon ou à quelques jardins publics. La réflexion doit s’étendre à l’ensemble des communes, des entreprises et des habitats. C’est juste une question de santé publique, pour ne pas dire de survie, dans les décennies à venir !
En savoir plus : « Dépasser les constats, mettre en œuvre les solutions » (Haut Conseil pour le Climat, septembre 2022). Rapport complet (Haut Conseil pour le Climat, juin 2022)
Il est grand temps de changer de cap à Nice
Grand temps de mettre en œuvre des politiques publiques qui contribuent à limiter le réchauffement climatique, de respecter les engagements pris et atteindre les objectifs fixés. Pour cela, des solutions existent, qui figurent dans les fiches « Solutions » présentées dans chacune des rubriques de ce site.