« Avec mes amis, on a plein d’idées pour améliorer la situation à Nice, mais notre avis n’est jamais pris en compte. » Daniel
Pour une vraie démocratie locale
En 2020, à Nice, le maire a été élu par environ 34.000 voix. Soit 10% des Niçois ! (ou 16% seulement des inscrits !). Ou, dit autrement, 90% des Niçois n’ont pas voté pour lui. Et parmi ces 90% de Niçois, l’immense majorité s’est abstenue de voter aux municipales de 2020 (72% de taux d’abstention : parmi les taux les plus élevés du pays).

Cela pose 2 vraies questions :
- Pourquoi l’abstention à Nice est-elle plus forte qu’ailleurs ? Cela traduit évidemment la perte de confiance, le désabusement ou la défiance des Niçois à l’égard de la pratique politique locale.
- Être élu avec 16% seulement des voix exprimées autorise-t-il à ne pas entendre les 83% autres ? Œuvrer pour cette minorité, pour ses propres électeurs – afin d’assurer sa réélection, en faisant fi du reste de la population : est-ce vraiment démocratique ?
Une démocratie locale ébranlée
Cet écœurement des citoyens, ou ce désintéressement de fond, est conforté par le fait que leurs avis, exprimés lors des consultations et enquêtes publiques, n’orientent quasiment jamais les décisions. Un seul exemple : l’enquête publique relative au projet d’extension de l’aéroport de Nice a donné lieu à 75% d’avis opposés au projet, ce qui n’a pas empêché le préfet départemental d’accorder illico le permis de construire.
Ces coups portés à la confiance démocratique laissent des traces, en particulier sur le lien de représentation. Il est temps que les citoyens ne soient plus écartés des processus de décisions, et notamment en matière d’urbanisme.
A Nice, la pseudo-démocratie est reine, et les concertations publiques sont des mascarades
Pourquoi ? Parce que les avis divergents ne sont pas entendus, les concertations sont des pièces de théâtre dans lesquelles les citoyens sont pris pour des figurants, les réunions publiques sont encadrées par les amis de la municipalité qui vous empêchent de parler dès lors qu’une voix dissonante pourrait être reprise.
Lorsque des citoyens s’engagent, ils ne peuvent qu’être rapidement découragés, tant la sincérité et l’écoute sont aux abonnés absents du côté des élus majoritaires niçois. Ces derniers préfèrent temporiser, fermer les écoutilles ou s’enfermer dans des postures, de la mise en scène, et des propos conflictuels, que de prendre la contradiction comme une réelle chance pour la démocratie. L’ingénierie démocratique n’est pas arrivée jusqu’à Nice…
Et il en va de même pour les élus de l’opposition. En conseil municipal ou métropolitain, le président de la séance ne cède très parcimonieusement le micro à l’opposition, peu enclin à entendre leurs reproches ou propositions. L’opposition à Nice est bâillonnée (voir l’ « écran de contrôle des micros » du maire en conseil). Et pour finir, les Niçois sont lassés de ces guéguerres infantiles entre les deux frères ennemis locaux (Estrosi et Ciotti), ou cette compétition du même niveau avec les territoires voisins, perçus comme des chasses gardées…

Un autre point gêne les Niçois : quand, notamment, leur maire honore l’ambassadeur du Qatar en France de la plus prestigieuse des distinctions niçoises (avril 2022. Qui peut encore ignorer que ce pays maltraite durement les droits humains ? Est-ce ainsi que des municipalités promeuvent la démocratie dans le monde ?
Il est donc grand temps de changer de cap à Nice
Grand temps de favoriser l’émergence d’une nouvelle force de gouvernance locale, plus jeune, plus diversifiée et féminisée, pour mettre en place une démocratie plus représentative et participative, plus transparente dans ses décisions et ses bilans, plus encline à la concertation, aux débats, à la co-construction avec les Niçois. Une démocratie locale comptable de tous ses bilans devant, non seulement les électeurs, mais l’ensemble des citoyens.
Et si on se projetait en … 2026 ? 😉
Pour aller plus loin
Le philosophe Bruno Latour développe ici les notions de territoire et de citoyens experts.

Alerte citoyenne sur la démocratie représentative !
Notre article Blog Mediapart (23 juillet 2021).
Notre article « Allo, docteur ? La démocratie niçoise tousse… » (10 juin 2022).