Non, la pollution ne baisse pas à Nice : elle augmente depuis trois ans !
Lors du conseil métropolitain Nice Côte d’Azur du 9 mars 2023 ont été présentées et votées les orientations du budget pour 2023, point-clé de la politique publique locale.
Dans le rapport associé, page 30, il est expliqué que « Nice est également en tête des grandes villes de France de plus de 200 000 habitants où le niveau de particules fines a le plus baissé entre 2009 et 2021 : -53,29% ».
La confiance n’exclut pas le contrôle : les citoyens que nous sommes nous sommes donc attelés à étudier les chiffres. Ceux d’AtmoSud en l’occurrence : provenant d’une association agréée de surveillance de la qualité de l’air (AASQA), ils sont incontestables.
Plutôt que de remonter à 2009, comme le font les élus dirigeants de la métropole niçoise (sachant que sur le temps long, les pollutions baissent partout en France, et c’est heureux), nous avons préféré focaliser notre attention sur l’évolution récente des concentrations de polluants, puisque les habitant-es respirent l’air d’aujourd’hui, pas celui d’il y a une quinzaine d’années. A savoir : le dioxyde d’azote (NO2), les particules fines (PM10, PM2,5 et PM1) et l’ozone (O3), depuis février 2020 (date à partir de laquelle nous avons relevé les données quotidiennes des stations AtmoSud). Nous savons que la grande majorité de ces polluants proviennent, notamment sur notre territoire, des transports (routiers, aériens, maritimes). Pourquoi regarder sur la période la plus récente ? Parce que Christian Estrosi et ses adjoints ne cessent de vanter les grands bénéfices de leurs dernières actions et de leurs investissements (ex : tram). Enfin, nous allons profiter de ces avancées ! Mais est-ce si vrai ?
Les concentrations de polluants augmentent depuis 2020 à Nice !
En fait, aucun polluant cité n’a baissé depuis début 2020. Pire, leur concentration quotidienne moyenne, sur les années 2020, 2021, 2022 et ce premier trimestre 2023, n’a cessé d’augmenter !
Les concentrations quotidiennes de dioxyde d’azote (NO2), marqueur fort de la pollution routière (mais aussi avions et navires), ont vu leur moyenne annuelle passer de 20,91 microgrammes par mètre cube d’air (μg/m3), en 2020, à 23,60 μg/m3 (2021), puis 23,68 μg/m3 (2022) et enfin 25,11 μg/m3 (janvier-mars 2023), soit +20% sur la période, certes marquée par des confinements en 2020, mais l’évolution à la hausse n’a cessé depuis…
Quant à l’ozone (O3), polluant secondaire très problématique pour la santé des humains et des végétaux, sa moyenne est passée de 53,12 μg/m3 (2021) à 54,06 μg/m3 (2022), soit +1,7%. Cliquer sur les graphes pour les agrandir.
Regardons, cette fois, l’évolution des concentrations de particules fines, particulièrement dangereuses pour la santé. Rappelons que plus leur diamètre est petit, et plus elles s’infiltrent dans le corps, allant jusque dans les organes, poumons, reins, cerveau, cœur, placenta, etc.
Sur la période de février 2020 à mars 2023, en 3 ans, la concentration des particules fines a augmenté et de 21,7% pour les PM10, de 33% pour les PM2,5 et même de 39,7% pour les PM1 (quartier Arson), les plus dangereuses ! Cliquer sur les graphes pour les agrandir.
Encore une autre désinformation de la métropole
Dans le rapport sur les orientations budgétaires 2023, on peut lire également (toujours page 30) que « grâce aux politiques publiques menées en faveur de la réduction des niveaux de polluants à enjeux sanitaires, plus aucune station de mesure ATMOSUD ne relève de dépassement des valeurs limites européennes en dioxyde d’azote et particules fines depuis 2019. » Pour le coup, ces propos officiels ne sont pas ambigus : ils sont faux ! Pourquoi ?
Deux exemples : le dioxyde d’azote (NO2) et les particules fines PM10 (PM10). Les dépassements sont nombreux, comme vous pouvez le constater sur ces extraits de graphes.
Et les normes européennes sont très laxistes !
Fait aggravant : les valeurs limites de l’Union européenne sont beaucoup plus laxistes que les dernières lignes directrices de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui prennent en compte les dernières connaissances sur l’impact des polluants de l’air sur la santé !
Un exemple : les normes européennes sont 4 fois plus tolérantes que celles de l’OMS, à savoir 40 μg/m3 au lieu de 10 μg/m3 pour le dioxyde d’azote (NO2), 2,5 fois plus pour les PM10 (40 μg/m3 au lieu de 15 μg/m3) et même 5 fois pour les PM2,5 (25 μg/m3 au lieu de 5 μg/m3).
L’air de la mairie n’est pas celui respiré par les Niçois-es…
La dernière campagne de la ville de Nice portait sur le slogan « Nice respire !« . Les panneaux ont fleuri dans la ville, comme le liseron sur les tas de pierre. La revue municipale Nice Magazine s’en est aussi fait l’écho…
Pour finir, ce qui nous étonne le plus : ces évolutions inquiètent les médecins concernés par les pathologies liées à la pollution de l’air, mais visiblement pas les médecins conseillers du maire de Nice…