A Nice, on vide les eaux souterraines pour du béton !
En pleine sécheresse, la mairie de Nice autorise le pompage des eaux souterraines (nappe phréatique ?) par la SAGEC sur un gros chantier avec 2 niveaux de parkings souterrains, à St Roch, rue Vauban. De qui se moque-t-on ?!
Le pompage des eaux a d’abord eu lieu à ciel ouvert dans deux bennes de camion (des milliers de litres) et se fait actuellement avec deux pompes, qui déversent l’eau directement dans une canalisation… L’architecte n’a visiblement pas pris en compte les arbres et la biodiversité autour du chantier.
Résultat : le puits des jardins partagés situés à quelques encablures est à sec, et les habitants s’inquiètent pour l’avocatier centenaire, dont les fruits sont plébiscités par le quartier.
Quelle est également la responsabilité du Préfet des Alpes-Maritimes et de la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer), dont le directeur Pascal Jobert a été le premier à demander la préservation de l’eau en cette période de sécheresse ?
Il est temps de changer la culture des décideurs et exécutants, en matière de construction et d’environnement.
En attendant, nous demandons des explications urgentes à la mairie de Nice et à la DDTM !
Aux dernières nouvelles (13 juin 2022)
- Selon certaines sources associatives : « le plus souvent, le promoteur immobilier est dans l’illégalité (il faut une autorisation de la DDTM pour pomper à partir d’un certain volume d’eau). Mais on ne parvient jamais à faire appliquer la loi sur l’eau par la DDTM, et le permis de construire est accordé par la collectivité locale sans tenir compte de ce pompage. »
- La mairie de Nice, en la personne du conseiller Richard Chemla, a enfin décidé de réagir suite à la médiatisation organisée par la présidente des Jardins partagés de Saint-Roch…
- La morale de l’histoire : unissons nos forces et médiatisons nos actions pour faire bouger les élus !
Réunion de chantier du 23 juin 2022
A la demande de la présidente des Jardins Partagés de Saint-Roch, et sous la pression des associations et des médias, le conseiller Richard Chemla a organisé une réunion de chantier sur le site des travaux de la SAGEC (rue Vauban). Y ont participé 6 représentants de la ville, 6 représentants d’associations (dont le collectif citoyen 06), 2 représentants du promoteur SAGEC et 1 représentante de la Préfecture (DDTM, « police de l’eau »).
- Le grief principal des Jardins Partagés porte sur l’assèchement du puits contigu au chantier SAGEC, mettant en péril les jardins et un avocatier quasi-centenaire. En pleine période critique de sécheresse, des milliers de m3 d’eaux souterraines ont été pompés, utilisés pour le béton et/ou rejetés dans le réseau des eaux usées.
- Il ressort des échanges que :
- Le niveau de la nappe a fortement baissé ces derniers mois (-2 mètres), y compris avant le début du pompage des eaux par la SAGEC, le 1er juin 2022. En revanche, les habitants ont précisé qu’un tel assèchement de puits était déjà arrivé en 2016, mais à la fin de l’été, et non en mai comme cette année.
- La SAGEC a demandé une autorisation de pompage à la DDTM (pour assécher le fond du chantier et monter les parois moulées de l’enceinte étanche), qui l’a accordée sur la simple base d’un seuil réglementaire déconnecté de la réalité climatique de ces dernières années (sécheresse croissante) : 15,9 m3 par heure… Ces seuils sont manifestement inappropriés et obsolètes. Un courrier au Préfet des Alpes-Maritimes, ainsi qu’au Ministère de la Transition Écologique, voire une pétition, se s’imposerait-il pas ?
- Les représentants de la SAGEC ont annoncé un pompage très réduit (« prélèvement infime »), aujourd’hui, de l’ordre de 10 à 100 litres d’eau par jour. Mais les opérations de fort pompage ont déjà impacté la nappe, dès le début des travaux début 2022 : sur 20 jours de pompage initial, on peut estimer le prélèvement à 6240 m3 d’eau (13 m3/h x 24h), ce qui est très loin d’être négligeable ! Un piézo aurait été mis en place, selon la SAGEC. Globalement, des propos peu assurés de ces représentants, empêtrés dans des explications d’abaques et d’algorithmes, et perdus dans l’abstraction face à une réalité vécue par les habitants…
- L’élu Richard Chemla a proposé la mise en place d’une cuve à eau par la SAGEC au plus près des Jardins Partagés. Mais cette mesure ne durera que le temps des travaux.
- La présidente des Jardins Partagés a redemandé la la cartographie des eaux souterraines et les chiffres portant sur l’état de la nappe phréatique. L’insistance est rendue nécessaire par le manque de transparence chronique sur ce genre de dossier…
- A suivre… De très près, parce que ce cas précis des jardins de Saint-Roch est une illustration de ce qui se passe concrètement en centre-ville, comme sur les collines niçoises ou sur la basse plaine du Var.
2 thoughts on “A Nice, on vide les eaux souterraines pour du béton !”
Les sous-sols de Nice sont/étaient très riches en eau dans le contexte climatique des siècles précédents, et il est très important que ces nappes continuent à circuler en sous-sol. Cette ressource doit être absolument préservée, car les modèles prévoient l’assèchement complet du fleuve Var ( et donc Tinée et Vésubie) au moins une fois par an dans la décennie qui vient, avec des conséquences graves sur la disponibilité de l’eau sur le littoral. Cette année, mi juin, le lac du Broc, réservoir de Nice a perdu 8m de hauteur, ce qui veut dire que la nappe du Var a diminué d’autant.
https://youtu.be/-wSr0y5LZQU
C’est dramatique. Heureusement, la pénurie d’eau obligera a diminuer le tourisme, ( qui de toute façon va chuter à cause de plusieurs facteurs lié au changement climatique et à la finitude des ressources) et donc à privilégier une gestion éco-systémique d’un territoire trop saturé et trop exploité. Sauver les nappes en sous-sol de Nice et des autres villes côtières, c’est préserver une ressource dont on aura besoin très très bientôt.
Bonjour jn, nous partageons évidemment vos observations et votre alerte. Aujourd’hui encore, il nous semble que les élus majoritaires n’ont pas pris la mesure de ce qui se déroule sous nos yeux. Ne lâchons rien, alertons, interpellons, écrivons, mobilisons. Merci à vous.
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