Il est temps d’exiger l’égalité et le respect des droits des femmes !
« Le féminisme est une théorie extrémiste qui considère les femmes comme des êtres humains. » (collage féministe, Périgueux, 2022, source Wikipédia)
L’égalité des droits de la femme, un pivot du progrès humain
Les ethnologues nous apprennent que le patriarcat trouve ses origines dans la fin du nomadisme, marquant le néolithique, il y a plusieurs milliers d’années. Depuis, et très tardivement, les bastions masculins lâchent peu à peu du lest, sous le coup de siècles de combats féministes légitimes, à l’exception notable des religions et des mouvements conservateurs traditionnalistes. Mais alors que nous entrons bientôt dans le second quart du XXIème siècle, nous assistons à une remontée en puissance des conservatismes décomplexés de tous bords : dans nos sociétés, nos entreprises, nos partis politiques et au sein des religions. Ce retour réactionnaire aux vieux dogmes masculinistes n’est pas bon signe. Et en premier lieu, pour les femmes et les minorités. Il est temps de résister et de nous battre pour le progressisme humain, mêlant humanisme, parité et écologie. Contre la radicalisation « sécuritariste » et xénophobe « triomphante », contre le retour des « valeurs » patriarcales, machistes, phallocrates et misogynes. En rappelant également à nos mémoires que, selon le sociologue Jean Viard, le patriarcat et la soumission des femmes, ont été, avec la soumission des colonies et de la nature, les pivots de la civilisation industrielle.
Messieurs, comme le disait Simone de Beauvoir : « Se vouloir libre, c’est aussi vouloir les autres libres. » Tou-tes les autres.
Dutronc aurait pu chanter « Quatre milliards de femmes, et moi, et moi, et moi »
Quatre milliards d’êtres humains ne sont pas des hommes (porteurs des chromosomes X et Y), soit l’équivalent de 50.000 stades de France totalement remplis. Le sujet n’est donc pas mince !
Commençons par les religions, et notamment celle dont notre société occidentale se prévaut en tant que « civilisation judéo-chrétienne » : le christianisme, et notamment le catholicisme romain. Dès l’origine, le serpent est dans le fruit, puisqu’Eve, la première femme biblique, serait née d’une côte d’Adam (suite à une erreur d’interprétation), et que la question virginale est centrale avec le culte marial. Dieu lui-même est « Dieu le Père », et l’homme-dieu Jésus-Christ a pris pour apôtres une dizaine d’hommes, dont l’actuel détenteur des clés du Paradis : Pierre. Ses successeurs ont toujours été des hommes, et le sacerdoce leur est toujours strictement réservé. Parmi eux, citons le pape Pie X, qui se fendait de cette sentence en 1906 : « Les femmes ne doivent en aucun cas s’immiscer dans les affaires publiques. Elles ne seront ni électrices ni députés ». Plus récemment, en 1994, le pape canonisé Jean-Paul II avait fixé dans une lettre apostolique, son opposition définitive à l’ordination sacerdotale des femmes. Ce ne serait donc pas, aux yeux des tenants de la doctrine, un tabou mais un principe intangible du droit canonique, gravé dans le marbre des siècles. Au nom délirant de la misogynie supposée d’un dieu cosmique universel (et barbu) et de son étrange intérêt pour … l’hymen ? Les hommes sont donc les pères, et les femmes, des sœurs. Point : circulez, il n’y a rien à voir.
Preuve de la difficulté de secouer les traditions et les dogmes, des tensions extrêmes sont apparues au sein de la Curie romaine, depuis que le cardinal argentin réformateur Bergoglio y est devenu le pape François en 2013.
Son synode de 2020 tentant d’améliorer le sort des femmes (et réfléchir aux genres, au célibat des prêtres, aux LGBT et aux divorcés) au sein de l’Eglise, pourrait la mener au bord du schisme, et simplement échouer, alors qu’il avait pour ambition de faire entrer l’Eglise dans le 3ème millénaire.
Quand la maltraitance s’ajoute à la domination
Non seulement la femme est donc tenue de rester inféodée à l’homme, sa docile servante, mais elle en subit les assauts les plus brutaux. La parole se libérant peu à peu, ressurgissent les multitudes d’abus sexuels, de pédophilie, et les aveux de dissimulations et de silences coupables. Nous évoquons le christianisme, mais pourrions tout autant parler de l’islam ou du judaïsme, pour ne se limiter qu’aux trois religions monothéistes majeures. Si ces abus sont particulièrement choquants de la part de clercs religieux (citons le dernier en date : Henri Grouès, dit « abbé Pierre »), ils ne le sont pas moins de la part des hommes célèbres ou anonymes.
Les affaires pullulent : les puissants Strauss-Kahn et PPDA, le rappeur P. Diddy et ses 120 victimes, le dossier sordide des 49 violeurs de Mazan sur la personne de Gisèle Pélicot, les propos humiliants de Trump à l’égard de femmes, etc.
Mais cette infériorisation, cette soumission, cette invisibilisation et cette persécution plus ou moins explicite des femmes, dépassent de loin cette douloureuse actualité. Elles infusent dans l’ensemble de notre histoire et de nos sociétés dites modernes. Citons pêle-mêle, les 100.000 femmes brûlées sur le bûcher, en France du 14 au 19ème siècle, suite à leur condamnation pour sorcellerie par des tribunaux présidés par des hommes (dont la célèbre …« Pucelle »), la culture du viol, arme de guerre dans la quasi-totalité des conflits menés par les hommes, ou arme « festive » avec le GHB, les bizutages sexistes, les mutilations sexuelles (excisions) et les mariages de « femmes-enfants », au nom de la tradition ancestrale.
Un continuum sous-jacent entre le prince charmant et les pires abus
Bref, il existe un continuum progressif et souvent inconscient entre l’image anodine des princes charmants de nos contes enfantins, alimentant un imaginaire d’homme sauveur de sa pauvre dulcinée, et des pinups accrochée au mur des vestiaires ou peinte sur les carlingues des bombardiers de la 2ème guerre mondiale, et les violences faites aux femmes, dont évidemment la centaine de féminicides annuels en France. Nous pensons tous que la société française est « moderne ». Pourtant, rappelons juste que les femmes y ont acquis le droit de vote en 1944, il y a seulement 80 ans, ou encore un siècle et demi après la publication de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791, qui valut à Olympe de Gouges de passer sous l’acier de la guillotine ! Rappelons aussi que le viol n’est devenu criminel en France qu’en 1980 et que la loi n’a pénalisé les violences conjugales et le harcèlement sexuel sur le lieu de travail qu’en 1992.
Nous parlions d’invisibilisation. Très concrètement, parmi les 30 plus grandes villes européennes, 91% des rues portent des noms d’homme (odonymes masculins). Ce chiffre monte à 94% en France. L’exemple récent (2022) du refus, par le maire Estrosi, de baptiser une rue niçoise du nom de l’avocate Gisèle Halimi en dit long de la culture machiste de notre pays, et notamment du Sud. Outre d’être une femme, elle avait le défaut d’avoir été une féministe acharnée et reconnue. Point trop n’en faut pour effaroucher nos politiciens. Question de rester un instant à Nice, si les organigrammes de la ville-métropole intègrent nombre de femmes, une autre réalité s’impose : dès que les dossiers deviennent lourds ou médiatiques, la parité s’évapore littéralement, et on ne trouve plus qu’un cercle d’hommes fidèles et influents autour du chef. Les exemples pullulent. Parce que le « vrai » pouvoir doit manifestement rester dans les mains masculines.
Les travaux du neurologue Charcot à la Pitié-Salpêtrière au XIXème siècle ont dû laisser des traces : pas de doute, les femmes sont des hystériques. On ne va tout de même pas confier les affaires du monde à leurs mains inexpertes et peu sûres !
A l’échelle nationale, on peut d’ailleurs noter que seuls 35% des sièges au Sénat ou à l’Assemblée nationale sont occupés par des femmes. Et à voir les réactions des nombreux mâles Alpha dans ces hémicycles, lorsqu’elles prennent la parole, on comprend mieux le problème.
Des inégalités omniprésentes dans nos sociétés
Si nous pouvions allonger ce texte, nous pourrions aussi évoquer les inégalités de salaires au détriment des femmes (elles perçoivent en moyenne un salaire net en équivalent temps plein (ETP) inférieur de près de 20% à celui des hommes en France), ou encore leur invisibilisation dans le monde scientifique, que l’on résume sous le nom d’effet Matilda. Et nous pourrions aussi rappeler que les dominations, oppressions et maltraitances peuvent se cumuler dans ce qu’on nomme aujourd’hui l’intersectionnalité. A titre d’illustration, le sort des femmes d’origine étrangère, élevant seules leurs enfants, ou des femmes handicapées, montre combien les convergences d’injustices peuvent rendre la vie difficile.
Le féminisme, un combat parmi les autres combats
Il convient néanmoins de rester optimiste et déterminé. La philosophe Sylviane Agacinski nous ouvre la voie : « Bien sûr ! Le féminisme est un mouvement historique profond, qui a déjà changé radicalement le visage de nos sociétés. » Grâce à toutes les pionnières du féminisme, et elles sont nombreuses. Il faut juste préserver, consolider et amplifier ce mouvement : par la lutte et l’éducation. Celles de nos filles et de nos fils, et dès leur plus jeune âge.
Cette lutte pour l’égalité des femmes rejoint celle, tout aussi légitime, de la protection des enfants et des personnes vulnérables, du droit de vie et de bientraitance pour les animaux, du droit environnemental et des générations futures, du droit d’expression et de la liberté. Cette idée s’est d’ailleurs concrétisée dans le mouvement écoféministe, puisque respecter notre environnement peut-il s’envisager si on commence par disqualifier la moitié de l’humanité ? Les traditions ont bon dos pour justifier l’immobilisme et le conservatisme au cœur de nos sociétés humaines. Tous ceux et celles qui luttent pour le progrès humain se font ostraciser par les pleutres et se voient affublés des insultes suprêmes : « wokiste », « militant-e » et « extrémiste ». Qu’est-ce pourtant que le wokisme, dans son acception originelle ? Il est un mouvement noble (mais dérangeant pour certains) focalisé sur l’engagement, la conscience, la solidarité et la justice sociale, l’égalitarisme (laissant ouvert le débat entre équité et égalité), le progressisme social fondé sur les prises de conscience, sur l’inclusivité, l’antiracisme et le féminisme, la défense des droits civiques.
Au fait, en quoi rester avachi sur son canapé à avaler les flots de publicité et les vaines promesses de nos politiciens vaudrait-il mieux que de s’engager et militer pour les bonnes causes et l’intérêt général ?
Concernant la défense des droits, pas d’inquiétude : il y a du travail pour chacun-e d’entre nous ! 😉