Estrosi est un apôtre de l’autoritarisme arrogant
Le 18 septembre 2024, le maire de Nice organisa une projection-débat dédiée à l’urgence climatique et aux actions à mettre en place pour notre ville. Lors du débat, un représentant du collectif citoyen 06 s’adresse à Christian Estrosi et à son adjoint flagorneur Richard Chemla, pour lui faire part du constat d’échec annoncé du plan climat de la métropole Nice Côte d’Azur (PCAET 2019-2025), et de ses 6 axes en particulier. Le débat est alors immédiatement interrompu par le maire, qui n’est ni à l’aise, ni, évidemment, en mesure de nier ces faits : « vous êtes des opposants politiques, et des extrémistes. Et tout ce qui est extrémiste est insignifiant ». Question suivante. Voilà la manière qu’ont ces gens de disqualifier celles et ceux qui ne sont pas d’accord avec eux, et accessoirement, de botter en touche. De l’anti-jeu de bas étage…
Cet exemple montre à quel point Christian Estrosi, ce rentier de la politique niçoise, ne supporte pas la contradiction, ni même la réalité de son bilan. Pire, il ne prétend discuter que de sujets dépolitisés. Or tous les sujets concernant les citoyen-nes sont, par essence, politiques. C’est une façon quelque peu brutale d’évacuer toute contestation ou remarque remettant en cause la moindre parcelle de son pouvoir autoritaire. Nous faisons donc face à un sérieux problème de démocratie locale à Nice.
D’autres illustrations montrent à quel point cette question est problématique pour les 350 000 Niçois-es, mais également pour les 200 000 autres habitants de la métropole Nice Côte d’Azur.
Depuis avant même son lancement en 2008, Christian Estrosi est le porteur historique et le VRP promoteur de l’Opération d’Intérêt National (OIN) de la Plaine du Var. Cette plaine alluvionnaire très fertile a été littéralement saccagée, ces dernières années, sur le plan environnemental et urbanistique par décision du prince. Comme toute opération de cette ampleur, les concertations publiques ont été purement formelles, et n’ont en rien empêché les norias de bétonnières et de grues du BTP. A quoi ressemblent à présent cette basse Plaine du Var, son ‘’quartier d’affaires Arénas’’, et sa ‘’technopole urbaine Méridia’’, et plus largement son … ‘’Ecovallée’’, qui est, avouons-le, le summum de la supercherie greenwashée ? A une zone de blocs de béton, décorés de façades clinquantes, sans harmonie ni originalité, et encore moins de ‘’nissardité’’. Ce qu’on peut appeler un urbanisme conformiste, standardisé et sans âme, enrobé d’un jargon de novlangue technocratique (‘’smart city’’, ‘’éco-exemplarité’’, ‘’ville verte’’, ‘’ville productive’’, etc.). Les bâtiments se voient d’ailleurs tous affublés d’un nom de baptême, a priori choisis par des stagiaires de 3ème : ‘’Connexio’’, ‘’Unity’’, ‘’Nouvel’R’’, ‘’Air Promenade’’, ‘’Avant-Scène’’ (qui s’enfonce dans le sol), ‘’Le Plus’’, ‘’Palazzo’’, ‘’Hana’’ et ‘’Joia’’, ‘’Pléiade & Odyssée’’, ‘‘Oasis’’, ‘’Le Lab’’, etc. Arrêtons là.
La ‘’Nouvelle Nice’’, telle que la nomme Christian Estrosi, est donc un catalogue en béton, quadrillé de chiffres et de pourcentages de performance, surdoté de bureaux et d’hypersurfaces commerciales (ah, les extensions de Carrefour et de Leroy-Merlin, ah, Ikea…). Une ville tirée au cordeau, autour de grands axes routiers et à proximité d’un aéroport de plus en plus bruyant, et placée sous les faisceaux croisés de centaines de caméras de surveillance, dont le maire rêve qu’elles soient dotées d’un algorithme orwellien. Une ville entrecroisée d’ilots de logements, de commerces et d’immeubles de bureaux.
Mais alors, les Niçois-es ?
Une ville voulue par les Niçois-es ? Pensez donc ! L’’’Ecovallée’’ est bien plutôt le produit des fantasmes d’élus déconnectés confiés à des professionnels de l’urbanisation standardisée, sans que soient consultés les habitants, en amont de ce projet déjà suranné. La cible de nos élus n’est plus de répondre aux attentes de la population, mais d’attirer, de satisfaire et de rassurer les investisseurs et promoteurs privés, dans un cadre général de connivence. Estrosi est comme beaucoup d’autres politiques ‘’à l’ancienne’’ : il préfère de loin les partenariats public-privé aux concertations et aux référendums locaux. A Nice, il n’y a, de fait, aucune démocratie participative digne de ce nom. Il y a en revanche, un usage disproportionné de la communication du mai(t)re de Nice.
Allez, comme vous êtes en forme, finissons par ce dernier exemple : le projet d’extension de l’aéroport de Nice. Avec la bétonisation en règle de la Plaine du Var, ce projet est parmi les plus impactants de ces dernières décennies. Pourquoi cette extension T2.3 ? Pour permettre d’accueillir plus de 21 millions de passagers par an, contre 14,5 millions en 2024, soit près de +50% de hausse. Ces flots de passagers voyageant en avion, les vols vont fortement augmenter : +28 000 vols par an, dans les 10 ans à venir, dont la moitié directement permise par l’extension. Et que dit l’étude d’impact complémentaire de l’aéroport ? Que cette hausse de trafic va engendrer une hausse des émissions de gaz à effet de serre (+370 000 tonnes CO2eq par an), de polluants atmosphériques (+25% en 2034), de nuisances sonores (+10% en journée et +15% de nuit).
Précisons le plus important : les Niçois-es consulté-es lors des deux enquêtes publiques sur ce projet d’extension, se sont prononcés à 75% contre en 2019 (ce qui avait donné un avis …favorable de la commissaire enquêtrice), et même à 84% contre en décembre 2024 (rapport en attente). Et que pensez-vous qu’il arrive ? Les travaux de l’extension sont en phase de finalisation, en dépit d’un recours administratif déposé en 2020… Et l’aéroport, comme le maire de Nice, continuent d’affirmer que nos chiffres sont fantaisistes et non crédibles. Dommage : ils sont tous plus officiels les uns que les autres.
Des habitants malmenés par un maire affairiste
Mais directement confrontés à ces nuisances, les Niçois-es devront également supporter les affres du surtourisme : les millions de touristes supplémentaires, en provenance de Chine, d’Inde, du Japon, des Amériques, du Moyen-Orient, vont déferler sur notre ville et notre territoire.
Pensez-vous que le maire a consulté ses administrés avant de donner son avis favorable à la régularisation du permis de construire de cette extension si impactante ? Eh bien que nenni ! Christian Estrosi n’a consulté ni la population, ni ses experts du CHU ou de l’IHU, ni même son Haut Conseil pour le Climat ou les élus du conseil municipal !
Comment qualifier ce type de management, sinon qu’il est autoritaire et vertical, arrogant, affairiste, fondé sur le rapport de force, … dépassé ? Le débat est le fondement de toute démocratie, qu’elle soit centrale ou locale. Or, à Nice, le débat est comateux.
Un espoir ? Oui : 2026 !