Rudy Salles et son surtourisme irresponsable
« S’opposer au tourisme est ‘’égoïste et irresponsable’’ ». Quel grand esprit azuréen a-t-il pu sortir pareille imbécilité le 27 août 2024 sur les ondes de France Bleu Azur ? C’est celui de Rudy Salles, un prédateur écologique qui sévit depuis trop longtemps dans les arcanes du pouvoir niçois.
Bien connu des (vieux) Niçois, ce septuagénaire, pur produit des Trente Glorieuses, est encore président délégué de l’Office du tourisme métropolitain, après avoir trempé dans la politique à partir de 1983 (conseil municipal, conseil régional, député), toujours complice de Christian Estrosi. Et pour cause : ils sont tous deux fils spirituels de Jacques Médecin, symbole de la vieille politique dénuée de tout scrupule. Rudy Salles est un personnage qui louvoie et tire les ficelles depuis plus de 40 ans sur notre territoire. Notamment celles du business très juteux du tourisme. Il est aussi le (vrai) fils de Lucien Salles, une figure locale ayant connu les gardes à vue et autres écrous, et le père de Jennifer Salles, avocate comme lui, et à qui les postes à responsabilité locaux ont été gracieusement proposés. Car ce petit monde fonctionne sur le merveilleux modèle de l’entre-soi.
En 2022, cet apparatchik se fendit de cette phrase qui en dit long : « En dehors de Nice, il n’y a rien qui m’intéresse, c’est pour ça que je fais de la politique. » De la politique partiale et segmentée, celle du « tirage de couverture » et de budgets, assez éloignée de ce qu’on appelle l’intérêt (vraiment) général. Parce que, voyez-vous, pour s’intéresser à Nice, il faut se désintéresser de certains domaines, faire comme s’ils n’existaient pas. L’environnement et l’écologie, par exemple. Pourquoi disons-nous cela ?
Son tourisme porte un nom : le surtourisme
Le logiciel sallien est gravé dans le béton : rayonner, attirer, développer le surtourisme sur notre territoire azuréen. A coups de parts de marché, de cibles commerciales asiatiques et américaines. Comme dans les années 1970. Mais sans jamais considérer le moindre impact de ce business. Et il est précisément colossal ! Cet homme, comme beaucoup de sa génération, pourront mériter cette épitaphe : « Mon seul voyage neutre en carbone commence ici ». Car Rudy Salles aura sillonné la planète et fréquenté quantités d’hôtels luxueux (a-t-il d’ailleurs calculé son empreinte carbone personnelle ?) pour attirer des millions et des millions de touristes, des dizaines de milliers d’avions (machines à kérosène et à CO2) sur notre territoire, transformant l’azur en usure. Ce surtourisme use les Azuréens et les Niçois. S’il aime Nice, Rudy Salles ne doit pas avoir beaucoup d’égards pour ses habitants…
Sa responsabilité est lourde en termes d’émissions de gaz à effet de serre et d’impact climatique. Il suffit, pour s’en convaincre, de consulter les données officielles de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) : l’aéroport de Nice émet près d’un million de tonnes de CO2 par an (dans son périmètre local et induit), et ce volume augmente sans cesse, alors que chacun d’entre nous et que tous les secteurs économiques doivent impérativement viser la neutralité carbone d’ici 25 ans. Mais, sauvé par le gong de l’âge, cet homme se contrefout probablement de l’échéance 2050… Après moi, le déluge, les tempêtes Alex, le réchauffement atmosphérique, les submersions marines, les migrations climatiques, la saturation de notre territoire. Car seul compte le business, le tourisme juteux, les hôtels de luxe. Toujours plus de fric, de flouze, d’artiche, comme auraient dit les Tontons flingueurs : tout cela vaut tellement mieux que la planète et l’avenir de nos enfants (et des siens) !
Comprenez bien : nous ne sommes pas contre le tourisme, qui reste un secteur économique majeur de la Côte d’Azur. Mais nous luttons, avec d’autres, contre cette folie consistant à vouloir augmenter sans cesse une activité fondamentalement fondée sur les énergies fossiles : le surtourisme, notamment d’origine aérienne. Une maladie qui augmente la pression artérielle de notre territoire, engendre des nuisances colossales (bruit, pollutions, gaz à effet de serre) et condamne notre avenir.
Il faut être vraiment égoïste pour ne pas le comprendre. N’est-ce pas, Rudy Salles ?
Allez, finissons par un souhait. Que tous ces irresponsables prennent enfin leur retraite et cèdent la place à des personnes éclairées et conscientes des conséquences de leurs actes. Car la planète brûle. Vraiment.
Et pour (vraiment) terminer ce coup de projecteur, nous vous invitons à visiter nos propositions, autour d’une véritable diversification économique, d’un tourisme raisonné et, surtout, de l’arrêt de la course effrénée à l’attractivité et à la compétition territoriale, qui génère tant de dommages sociaux, sanitaires et environnementaux.