Le 13 mars, en Europe, et à Nice, nous nous sommes mobilisés pour demander le plafonnement du trafic aérien !
Devant la montée du négationnisme et du relativisme des affairistes sur le péril climatique, les scientifiques, les associations et les citoyens se lèvent. Et ce n’est qu’un début !
« Nous devons garder présent à l’esprit le rythme effrayant du changement et comprendre comme il nous reste peu de temps pour agir, chaque communauté, chaque nation doit trouver le meilleur usage de ses ressources pour maintenir la civilisation aussi longtemps que possible. » James Lovelock, 2006
Le 13 mars 2024, à l’appel du réseau Rester sur Terre et de l’UFCNA, a eu lieu la Journée européenne de mobilisation pour le plafonnement du trafic aérien.
En France, les mobilisations se sont multipliées, sur une vingtaine de villes : Nice, Cannes-Mandelieu, Marseille, Lille, Beauvais, Bordeaux, Roissy, Orly, Toussus-le-Noble, Pontoise, Toulouse, Montpellier, Nantes, Aix-en-Provence, Saint-Etienne, Caen, Bâle-Mulhouse, Rhône-Alpes, Villefranche-Beaujolais, Le Mans, Brest.
Pourquoi se lever contre la folie de la croissance permanente du trafic aérien ?
Le climat se dérègle de manière irréversible, et l’avenir promet d’être catastrophique pour les générations futures : António Guterres, secrétaire général des Nations Unies, les scientifiques, dont la quasi-totalité des climatologues, nous le répètent, et les phénomènes climatiques extrêmes commencent à se répandre sur l’ensemble de la planète. Et pourtant ! Pourtant, des irresponsables, ou des déficients de la compréhension et de la raison, continuent de promouvoir la hausse du trafic aérien (parmi d’autres activités fossiles)… Pour une seule raison : c’est bon pour le business, pour la compétition territoriale, pour le tourisme et l’hôtellerie restauration, pour les devises et les taxes (professionnelles, séjour, impôts). Bref, pour le dire trivialement, l’avion, ça met le PIB en érection : rien de tel qu’un peu de croissance pour la vigueur économique … apparente. Car le PIB est un indicateur du XXème siècle qui a bien pris la poussière, un concept économique qui ne s’est jamais embarrassé des impacts environnementaux, sociaux et sanitaires. Or, ce sont pourtant ceux-là qu’il est aujourd’hui urgent d’intégrer. Tout le monde le sait. Mais beaucoup s’y refusent encore.
Dès 2023, le trafic aérien a repris le chemin insoutenable d’une croissance constante, retrouvant son niveau de 2019. Il pourrait doubler d’ici 2040 selon les acteurs du secteur !
Ce trafic est aujourd’hui responsable d’environ 15% de l’impact climatique de la France (incluant les effets CO2 amont et aval du kérosène et les effets non-CO2 induits). A Nice, le trafic passager a dépassé les 14 millions de passagers en 2023, comme en 2019. Et devinez quoi : les dirigeants de la société privée Aéroports de la Côte d’Azur (et leurs actionnaires) ont déjà les yeux qui brillent. Ces individus insatiables comptent sur l’extension du Terminal 2 de l’aéroport de Nice pour dépasser les 21 millions de passagers d’ici 2030, soit +50% ! Nous estimons la hausse du trafic avions à +20.000 vols supplémentaires chaque année, avec son lot de nuisances pour les habitants (pollution, bruit, saturation, gaz à effet de serre)… Nous évoquons Nice, mais il y a actuellement une dizaine de projets d’extension d’aéroport en France.
A Nice, l’Alliance Ecologique et Sociale 06 se mobilise :
- contre le projet d’extension T2.3 de l’aéroport Nice Côte d’Azur visant à permettre l’augmentation du trafic de +50% d’ici 2030 (avec 7 millions de passagers supplémentaires), avec son lot de désagréments et de nuisances (pollutions, bruit, gaz à effet de serre, surtourisme…),
- contre le projet Urban Blue de l’aéroport (taxis volants eVTOL), qui ne participe pas à la transition de la mobilité à l’échelle de notre territoire,
- pour le plafonnement du trafic aérien à Nice et à Cannes, ces deux aéroports étant dirigés par le même groupe privé (Aéroports de la Côte d’Azur), et l’arrêt de toutes les campagnes de promotion de l’aviation commerciale et privée aux dépens des mobilités durables.
Qui sont les Insatiables ?
Les Insatiables sont des personnes, comme vous et nous, qui ont une identité. Qui donc pousse ce projet totalement climaticide sur notre territoire ?
La liste n’est pas exhaustive, mais ceux que nous citons œuvrent avec acharnement pour que ce projet d’extension voit le jour à Nice, tant que les recours administratifs actuellement étudiés par la Cour Administrative d’Appel de Marseille et le Conseil d’Etat (cassation) ne les arrêtent pas (ce qui ne manquera pas d’arriver) :
- Tout d’abord les actionnaires de l’aéroport : consortium Azzurra (64 % du capital), composé de Mundys (52,51 %, copropriétaire Alessandro Benetton), Aeroporti di Roma (10 %), Électricité de France via EDF Invest (24,99 %), Monaco (12,5 %), puis la CCI Nice Côte d’Azur : 25 %, la Caisse des dépôts et consignations : 8 %, et la région Sud, le département Alpes-Maritimes et métropole NCA : chacun 1%.
- Ensuite Franck Goldnadel, président du directoire de la société Aéroports de la Côte d’Azur, et Bernard Kleynhoff, président du Conseil de Surveillance et membre du Conseil d’Administration de la même société.
- Christian Estrosi, maire de Nice et président de la métropole Nice Côte d’Azur (actionnaire), qui soutient de manière constante le projet d’extension, en dépit des appels à modération. Et Lauriano Azinheirinha, son directeur de cabinet, il va de soi.
- Renaud Muselier, président de la région Sud (actionnaire), promoteur actif du tourisme de masse sur la région.
- Charles-Ange Ginésy, président du conseil départemental des Alpes-Maritimes (actionnaire).
- Rudy Salles, président de la Commission du Tourisme, des Relations internationales et du Sport, le factotum multifonctions du surtourisme local.
- Jean-Pierre Savarino, président de la CCI Nice Côte d’Azur (actionnaire).
- François Barou de La Lombardière de Canson, dit François de Canson, maire de Lalonde (83) mais surtout président d’ADN Tourisme, Fédération nationale des organismes institutionnels de tourisme.
- David Lisnard, maire de Cannes et président de la communauté d’agglomérations cannes Pays de Lérins, et président du parti « Une Nouvelle Energie », passionné par la croissance technosolutionniste, dont son territoire profite à plein de la croissance du trafic des aéroports de Cannes et de Nice.
- Jean-Sébastien Martinez, directeur de l’Office de Tourisme Métropolitain (par nécessité fonctionnelle…).
- Claire Behar, directrice générale du Comité Régional du Tourisme Côte d’Azur France (idem).
- Et cætera.
Tout ce sérail a une vision « purement » économique et financière du monde. Ce qui n’est précisément pas une « vision », mais bien plutôt un tunnel se terminant par une impasse. Au plus grand dam de la population locale. Jusqu’à preuve du contraire, les Insatiables sont clairement des irresponsables climatiques, qui refusent de voir et de comptabiliser les externalités négatives des activités qu’ils promeuvent. Le seul aéroport de Nice émet localement 150.000 tonnes de CO2 par an, et près d’un million de tonnes en considérant son périmètre de responsabilité, sans parler des oxydes d’azote et des particules ultrafines très néfastes. Alors que les émissions de gaz à effet de serre de nos territoires doivent diminuer de -55% d’ici 2030 (vs 2012), l’aéroport de Nice en émet davantage chaque année !
De quoi souffrent les Insatiables ?
De pathologies aux effets très contagieux, puisque les décisions de ces individus impactent tous les citoyens de nos territoires et la planète elle-même. On pourrait évoquer un « schisme de réalité » (Oskar Negt), une « déchéance de rationalité » (Gérald Bronner), une « dissonance cognitive » (Léon Festinger), un nouvel obscurantisme économique, ou encore une radicalité destructrice, voire un « carbofascisme ». Redisons-le clairement : les « écoterroristes » darmaniens ne sont pas les citoyen-nes engagé-es pour la défense de l’intérêt général, mais bien les cols blancs cravatés aux discours bien huilés et à la respectabilité de façade. Ces joueurs climatiques font perdre tout le monde. Comme des enfants capricieux dont il faut réparer en permanence les dégâts. Notez que le nom du maire de Nice signifie précisément « capricieux » en italien…
Et dites vous bien que si ces personnages dopés au carbone se contrefoutent du climat, il en est de même pour la préservation de la biodiversité, des terres arables et des ressources naturelles. Pour obtenir ce qu’ils veulent (€, €, €, €…), ces professionnels de l’illusion sont capables de vous vendre un immense tas d’ordures grâce à un design séduisant et une rhétorique de marchand de poissons.
Il est (vraiment) temps que ça change !
Aveuglés par les profits et les seuls dogmes économiques, le lobby de l’aviation ACI Europe, les compagnies aériennes, les aéroports, l’OACI et DGAC, ne prennent aucune initiative pour auto-réguler l’aviation commerciale et privée.
Il faut donc que la société civile, les associations et les citoyen-nes, se mobilisent pour demander le plafonnement de l’aviation.
C’est ce que nous avons fait le 13 mars sur le quai Rauba Capeu. Et d’autres opérations auront lieu !
Rejoignez nous !
Suite aux mobilisations locales, les associations ont convergé vers Paris pour un rendez-vous au ministère des transports le 15 mars. Les représentants des organisations qui ont fait le déplacement à Paris se sont réunis ensuite les 16 et 17 mars lors d’un week-end de travail, pour déterminer les étapes futures de leur campagne à l’échelle française et européenne.
Malheureusement, le rendez-vous avec Pierre Bastard, conseiller en charge du transport aérien, n’a pas permis de confirmer si les engagements sur l’étude d’un plafonnement du trafic, pris par le précédent ministre des transports, Clément Beaune, allaient être tenus par son successeur, Patrice Vergriete. C’est pourquoi nous avons demandé à rencontrer le ministre Patrice Vergriete en personne, en compagnie d’une délégation d’élu-es locaux de tout le territoire.
Afin de montrer au ministre que la préoccupation est partagée partout en France, saisissons-nous de la consultation publique en cours jusqu’au 24 mars à 18h : votons et faisons voter pour la réduction du trafic aérien ! Ici : https://bit.ly/VoteReductionAviation