Un nouveau rapport de l’aéroport d’Amsterdam- Schiphol demande une réduction de l’aviation
Nous publions ici le communiqué (traduit) du 25 janvier 2024 de Stay Grounded, ou Rester sur Terre, un réseau citoyen dédié à l’action, s’appuyant sur des bases scientifiques et regroupant plus de 200 associations et collectifs à travers le monde. Il favorise le soutien mutuel et les échanges d’expériences, et milite pour la réduction du transport aérien et de ses impacts négatifs. Il s’oppose également aux politiques climatiques illusoires et trompeuses comme la compensation carbone et les agrocarburants. Rejoignez notre combat pour une mobilité équitable, accessible à tous, aussi bien aujourd’hui que demain.
« 25 janvier 2024 – Hier, l’aéroport de Schiphol (Pays-Bas) a publié une nouvelle étude, montrant la nécessité d’une forte réduction du trafic aérien afin d’enrayer le réchauffement climatique. L’aéroport propose le principe du pollueur-payeur, avec des mesures telles qu’une taxe mondiale sur le kérosène et une taxe pour la classe affaires et les vols privés.
« Ce rapport est un rayon de lumière à l’horizon de l’aviation. Il est rare que l’industrie, en l’occurrence l’un des cinq plus grands aéroports européens, reconnaisse réellement la nécessité de la décroissance. Nous espérons que cela ouvrira les yeux d’autres aéroports et décideurs politiques sur l’urgence de mettre en œuvre les mesures proposées », déclare Magdalena Heuwieser du réseau mondial Stay Grounded.
Les recherches de Schiphol ont montré qu’une réduction d’au moins 30 % des émissions de CO2 (par rapport à 2019) est nécessaire pour que Schiphol et l’aviation européenne soient sur la bonne voie en 2030. C’est plus que l’objectif actuel des Pays-Bas d’une réduction de 9 %.
Le Centre aérospatial néerlandais (NLR) et l’institut de recherche CE Delft ont été chargés par Schiphol d’étudier ce qui est nécessaire pour mettre les émissions de CO2 de Schiphol en conformité avec l’Accord de Paris. Le rapport CE Delft explique pourquoi « les percées technologiques arriveront trop tard » et pourquoi la production de « carburant d’aviation durable » a des limites. Il conclut que : « Des mesures de gestion de la demande sont nécessaires pour aligner le secteur de l’aviation sur les objectifs de l’Accord de Paris. »
Les mesures suivantes sont proposées par l’aéroport de Schiphol :
• Convertir la taxe néerlandaise sur les passagers aériens en une taxe basée sur la distance. 20 % des vols (long-courriers) sont responsables de 80 % des émissions. Cette taxe serait conforme à la fiscalité basée sur la distance existante en Allemagne et au Royaume-Uni.
• Taxe supplémentaire pour la classe affaires et les vols privés.
• Détournement du produit de la taxe sur les vols pour aider le secteur aéronautique néerlandais à accélérer son abandon des combustibles fossiles. Cela créerait également un avantage concurrentiel pour le développement d’initiatives d’aviation durable dans le pays.
• Étendre le système européen d’échange de quotas d’émission aux vols intercontinentaux. Cela ne s’applique actuellement qu’aux vols à l’intérieur de l’Europe.
• Mettre en place un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) en Europe afin d’éviter les fuites de carbone et de maintenir des conditions de concurrence équitables.
• S’engager à respecter une taxe mondiale sur le kérosène et une obligation de mélange par l’intermédiaire de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).
« Ces mesures sont beaucoup plus réalistes quant à l’ampleur des changements nécessaires que la plupart des propositions de l’industrie. L’aviation est le summum de l’injustice climatique, 1 % étant responsable de 50 % des émissions de l’aviation. C’est surtout l’élite mondiale qui est super-émetteur, et ils devraient payer pour cela via les impôts et les frais supplémentaires pour la classe affaires. Pourtant, il s’agit principalement de mesures basées sur le marché, qui ne parviennent pas à réduire réellement les vols de manière équitable : au lieu d’une taxe sur les vols privés, nous avons besoin d’une interdiction des vols privés ainsi que des vols court-courriers, d’une taxe sur les vols fréquents et de plafonds clairs sur les vols dans les aéroports. Et les recettes fiscales doivent être utilisées pour investir dans des réseaux ferroviaires fiables et durables », conclut Magdalena Heuwieser de Stay Grounded.
CONTACT PRESSE : Gardez les pieds sur terre, Magdalena Heuwieser, +43 (0) 670 3534311, press@stay-grounded.org »
En France et à Nice également !
Afin de respecter les engagements climatiques de la COP21 (Accord de Paris, 2015) et les engagements européens et français, cette demande de forte réduction du trafic aérien sur l’aéroport de Schiphol aux Pays-Bas, doit également s’appliquer au trafic aérien des principaux aéroports français, dont le 3ème d’entre eux : l’aéroport Nice Côte d’Azur. Cet impératif n’est plus une option face au réchauffement climatique. C’est la raison de l’engagement déterminé du collectif citoyen 06 et de l’Alliance Ecologique et Sociale 06, auprès de l’association France Nature Environnement 06 (FNE06), dont le recours en annulation du permis de construire de l’extension de l’aéroport de Nice est actuellement en appel (cour administrative d’appel de Marseille). Ce projet d’extension T2.3 visant à permettre la hausse du trafic aérien d’ici 2030 (estimé à +20.000 vols par an), s’inscrit en opposition totale avec cet impératif de réduction du trafic de l’aviation commerciale et privée.