Les pollutions de l’aéroport de Nice tuent prématurément 2 personnes par mois !

Une étude récente de la revue scientifique médicale hebdomadaire britannique The Lancet Journal (planetary health, juillet 2023), porte sur l’impact des pollutions au dioxyde d’azote (NO2) et aux particules fines PM2,5 sur 857 villes européennes, avec une population cible de 168 millions d’adultes.
A cet article est adjoint un tableur Excel dans lequel sont fournies de nombreuses données sur ces villes, dont la ville de Nice. L’analyse du tableur donne quelques informations importantes. Les voici !
Sur la ville de Nice, l’estimation indique 273 décès prématurés (sans compter ceux liés aux autres polluants, dont l’O3), tous secteurs confondus :
- 141 sont dus aux pollutions de la ville de Nice, soit 51,6% (dont 77 décès dus aux transports, incluant 24 dus à l’aérien, donc à l’aéroport de Nice),
- 65 dus à la pollution provenant des autres régions françaises, soit 23,8% (dont 33 décès dus aux transports et 0 à l’aérien),
- 67 dus à la pollution importée des zones transfrontalières, soit 24,5% (ici : Italie, Sahara, etc.), dont 28 décès dus aux transports, incluant 8 à l’aérien.
La pollution des transports responsable de 15 morts prématurées par mois à Nice (pour les seuls NO2 et PM2,5)
Cette analyse indique donc que les transports à Nice tuent prématurément 179 personnes chaque année, pour les seuls deux polluants cités, soit 1 décès tous les 2 jours.
L’aérien tue prématurément 32 personnes à Nice chaque année, toujours du fait des NO2 et PM2,5, soit 1 décès tous les 11 jours.
L’aéroport fait de Nice la 11ème de 857 villes européennes, où la mortalité liée aux émissions des avions est la plus importante
Le taux de contribution de l’aérien à la mortalité prématurée des villes due aux pollutions NO2 et PM2,5. Ce taux est de 11,7% pour la ville de Nice, contre 2,1% pour l’ensemble des 857 villes, soit 5,5 fois plus.
Seules 18 villes sur 857 (soit 2,1%) dépassent une contribution de plus de 10% de l’aérien sur la mortalité prématurée NO2 et PM2,5, la ville de Nice étant classée 11ème…

Ce constat sans appel doit induire des mesures fortes en termes de restriction de trafic aérien, et à tout le moins à un arrêt des campagnes de promotion touristique, à l’instar de la dernière campagne de la Région et des CRT : « Winter is the new Summer ».
Pourquoi la situation devrait s’aggraver ?
Parce que le secteur aérien (domestique et international confondus) ne cesse d’augmenter ses émissions de NOx, PM2,5 et GES depuis 2012 (jusqu’à 2019, précovid). A Nice, les émissions de polluants du secteur aérien ont augmenté fortement sur cette période : NOx +26,5%, PM2,5 +4% et gaz à effet de serre (GES) +11,2% (données inventaire territorial AtmoSud Cigale) !

Ce constat alarmant est aggravé par la perspective du projet d’extension de l’aéroport de Nice (T2.3). Ce dernier prévoit une hausse de 7 millions de passagers d’ici 2030 (données du dossier de l’aéroport), avec une estimation de +20.000 vols annuels. Les NOx, PM2,5 et GES vont donc s’envoler… (photo copyright CC06)
Cette étude confirme que la pollution tue prématurément des centaines de Niçois-es chaque année…

Notons que cette estimation de 273 décès prématurés (NO2 et PM2,5) s’inscrit dans les dernières analyses (initiées par le collectif citoyen 06) convergeant vers le chiffre de 500 décès prématurés annuels sur la ville de Nice, tous polluants confondus (rapports PRSE3 PACA, ARS PACA, ANS France, étude épidémiologique Université Paris VII Diderot).
Un grave problème de santé publique et des responsables !
En conséquence, nous sommes au cœur d’un problème majeur de santé publique et d’engagement de nos politiques publiques (PRSE4, PCAET, etc.) qui demande à être remonté urgemment vers les décideurs publics : la croissance des activités des super-émetteurs augmente mécaniquement les pollutions et les émissions GES, a contrario des engagements pris (nous attendons de pied ferme, à cet égard, le bilan mi-étape du PCAET MNCA 2019-2025).
La question des responsabilités est à présent posée.