Qu’est-ce qui nous prouve qu’on a encore besoin de construire du neuf ?
Ces toutes dernières années à Nice, les programmes de construction se multiplient comme des champignons de Paris, que ce soit dans la plaine, comme sur les collines : Unity, Connexio, Anis, Palazzo, Harmony Parc, Pléiade & Odyssée, Imredd, The Crown, Car’Méléon, Inphyni, Nouvel’R, Air’Prom, Seaside View, Quartus (Arenas), Joia (Meridia) et ses Reva, Ayla et Anna, Avant-Scène, Nicetoria et Niceo (Saint-Isidore), Blue Pearl (l’Archet), So Nice, Domaine de Spagnol, Edonice, Villa Bianca et Sublime Fabron (Hauts de Fabron), La Dolce Via (Nice Est), Grand Stade Allianz, IKEA, MIN Azur, PEC... Et tant d’autres !! Autant de noms marketing (on pourrait ouvrir un lexique) que de centaines de milliers de tonnes de béton.
Mais que s’y passe-t-il ? La population augmente-t-elle à ce point ? Non, elle décroît. Les terres arables sont-elles si nombreuses ? Non, elles fondent comme la neige du Mercantour au soleil.
Raphaël Ménard, président du directoire d’Aménagement, recherches, pôles d’échanges (AREP), la plus grande agence d’architecture de France, pose LA bonne question : « Qu’est-ce qui nous prouve qu’on a encore besoin de construire du neuf ? ». Défrichons un peu la question sur les terres niçoises, où règne toujours le Business As Usual, comme au XXème siècle…
Le territoire niçois n’a jamais connu une telle accélération de son urbanisation alors que sa population stagne !
A titre d’exemple, 30% des terres agricoles y ont disparu entre 1988 (1500 hectares) et 2013 (1040 hectares). Prétextant une augmentation de la population de Nice (que les chiffres officiels contredisent), la municipalité de Nice ne cesse de bétonner et d’urbaniser la ville. D’innombrables bureaux sortent de terre dans les nouveaux quartiers impersonnels et hétéroclites Grand Arénas, Méridia, etc. (pour la plupart non occupés, car ils ne trouvent pas preneurs (le besoin de bureaux a chuté de 30% avec le coworking et le télétravail) ou vident ceux du centre-ville). Or, ce sont encore 10.000 m2 de locaux professionnels qui sortent de terre chaque année dans le seul quartier Méridia !
De nombreux hôtels 5* (Crowne Plaza, OKKO Hotels, Sheraton, Hilton, Nehô Group, Maison Albar, Indigo, Iconic, Hôtel du Couvent, etc.) poussent comme des champignons alors que Nice est déjà en situation de surtourisme. De grands ensembles, qui défigurent notre ville où les architectures italiennes, anglaises, art-déco, si raffinées, ont fait la réputation de NISSA LA BELLA.
L’axe du béton sur l’Ecovallée de la basse Plaine du Var : une urbanisation forcenée voulue par la municipalité de Nice
3 millions m2 de béton à venir dans la Plaine du Var
On démolit le TNN, et on construit un gigantesque PEC (Palais des Expositions et des Congrès de 14 hectares de SDP (surface de plancher), une fois détruit l’ensemble ACROPOLIS) sur les terres de la basse Plaine du Var, en zone inondable, et pour cela on démolit le MIN (marché d’intérêt national) pour en reconstruire un autre plus éloigné, sur les terres de la commune de La Gaude.
On recouvre les magnifiques et fertiles terres agricoles de la Plaine du Var d’un IKEA gigantesque (ouverture mai 2022), d’un stade de foot et d’un quartier Méridia démesurés, et ça continue avec des projets à venir, totalisant 3 millions de m2 supplémentaires d’artificialisation et de bétonisation (300 hectares !) sous un prétendu label écologique ‘’Référentiel environnemental Ecovallée Qualité’’. Et à côté des constructions nouvelles, on autorise également les extensions des hyper-surfaces commerciales (Lingostière ou Cap 3000)…
Dans l’étude d’impact de la ZAC Parc Méridia dans l’Ecovallée (page 90), on peut lire : « La zone d’étude est marquée par une très forte pression d’aménagement induisant une rupture forte des continuités écologiques qui ont pu exister autrefois dans le secteur de la basse vallée du Var. » Sans oublier le fait majeur que cette ZAC est construite au cœur d’une zone inondable ! Et alors, on continue ?
A l’inverse :
- Nice est sous-équipée en logements sociaux, la municipalité ne respectant pas le quota minimal qu’exige la loi SRU
- 30.000 logements à Nice sont non-occupés (13% des habitations niçoises !)
- A Nice, le vrai problème à régler est la cherté du foncier, les loyers inabordables qui empêchent les Niçois de pouvoir y vivre, etc.
Un état des lieux intéressant sur la problématique de l’urbanisation sur les Alpes-Maritimes (oct 2018) révèle l’ampleur des dégâts à venir. Un autre pour mieux comprendre les pratiques encore existantes sur notre territoire, pour savoir comment les bétonneurs font main basse sur la ville : c’est édifiant !
Même les collines sont sillonnées par les promoteurs immobiliers afin d’y construire des blocs d’appartements avec vue mer, sur des anciens jardins ou champs d’œillets… Avec l’accord de la ville-métropole niçoise.
Malgré tout cela, malgré ce gâchis et cette artificialisation des sols agricoles, la métropole Nice Côte d’Azur a été retenue par l’ADEME, en mars 2022, pour être l’un des 22 territoires à expérimenter le concept de « Zéro Artificialisation Nette » (ZAN) !…
Heureusement, des citoyen-nes et des associations locales se battent pour préserver notre patrimoine naturel ! Citons CAPRE 06, une association très engagée contre les excès d’un PLU (Plan Local d’Urbanisme) et d’une OIN (Opération d’Intérêt National) très axés sur la machine à béton dans la Plaine du Var.
Monaco ne montre pas davantage l’exemple !
Le projet « Mareterra » d’extension de 6 hectares pris sur la mer et ses fonds fragiles, à partir de l’Anse des Portiers, est un exemple supplémentaire de l’hubris humain : développer le business, quoi qu’il en coûte ! Des travaux gigantesques jusqu’en 2025, pour livrer 5 immeubles et 14 villas de luxe, un espace commercial, un nouveau port, un parking supplémentaire et un parc végétalisé en guise de Chantilly.
« Mareterra », un chantier aux coûts environnementaux faramineux : herbiers de posidonie, émissions de CO2 et polluants… Feront-ils l’objet d’une publication officielle et transparente un jour ?
L’ouest du département non plus !
Deux exemples suffiront : le projet de complexe commercial, anciennement dénommé Open Sky, sur les Clausonnes à Valbonne, va recouvrir près de 9 hectares de terres. Non loin, le projet Écotone va s’implanter sur celles des Trois-Moulins à Antibes. Preuve du cynisme ambiant : un (véritable) écotone est une zone de transition écologique entre deux écosystèmes. Pas une colline reconstruite pour y planter du béton…
Ces deux projets sont à la main de la Compagnie de Phaslsbourg, déjà impliquée dans le projet Iconic! du centre-ville de Nice… David Lisnard, maire de Cannes et vice-président du Département, a dénoncé la « folie dangereuse » de la multiplication de ces grands centres commerciaux. Mais tout continue, grâce à des élus qui se laissent rouler dans le béton par des promoteurs avides !
Interview du Collectif Citoyen 06 sur l’ouverture d’IKEA (mai 2022)
Il est donc grand temps de changer de cap sur le territoire niçois
Grand temps de stopper cette bétonisation frénétique, cette défiguration de notre ville, ce saccage de la nature ! Grand temps de stopper cette gabegie et cette quête du profit. Grand temps de de privilégier l’espace, l’environnement, l’apaisement pour les Niçois et les Maralpins. De nombreuses autres informations : ICI
Nos propositions ici, avec des solutions pour changer radicalement la donne.