A savoir !
Le Collectif Citoyen 06 est impliqué dans le recours administratif en annulation du permis de construire de l’extension du Terminal 2 de l’aéroport de Nice. Il apporte son expertise technique auprès de l’association requérante FNE06 et du cabinet d’avocats parisien Huglo-Lepage (Corinne Lepage et associés). Après l’audience au Tribunal administratif de Marseille, le 19 septembre 2022, le rejet du recours en annulation a été prononcé le 3 octobre 2022.
La décision d’appel est prise : France Nature Environnement 06 (FNE06), soutenue par une trentaine d’associations, interjette appel. Rappel des principaux faits et dates ICI.
L’aéroport de Nice émet près de 1 million de tonnes de CO2 par an et beaucoup de polluants…
L’aéroport de Nice, situé en plein cœur de ville, émet près d’un million de tonnes de CO2 par an (données DGAC) et plus de 2.000 tonnes de polluants atmosphériques (en hausse) (chiffres 2019) !
Son trafic est le 3ème de France, derrière ceux des aéroports de Roissy-Charles de Gaulle et d’Orly : 177.000 mouvements annuels (décollages et atterrissages) et près de 15 millions de passagers par an transitent chaque année par NICE (soit 40.000 par jour, en moyenne, et beaucoup plus en période estivale, chiffres 2019). Pour l’alimenter en kérosène, des norias de camions-citernes font des allers-retours entre l’aéroport et le dépôt de Puget-sur-Argens sur un trajet de 60 km. En 2008, ce flux correspondait à 30 camions-citernes de 30.000 litres par jour !
Cet aéroport joue un rôle important au plan économique,mais il induit une forte dépendance au tourisme international ainsi que de nombreux impacts négatifs – gaz à effet de serre, pollution de l’air, bruit – sur le territoire et ses populations de Nice, St Laurent du Var, Cagnes-sur-Mer, Antibes, etc., ainsi que sur l’arrière-pays survolés par les files d’avions en montée, auxquels s’ajoutent ceux décollant de Cannes-Mandelieu. Sans compter le trafic hélicoptère qui est également source de nuisances sonores et environnementales importantes.
… et son extension en émettra 200.000 tonnes de plus par an !
L’objectif de l’agrandissement de l’aéroport de NICE est de permettre l’accroissement de 50% du nombre de passagers d’ici 2030, soit 7 millions de passagers supplémentaires par an, ce qui augmentera de 200.000 tonnes les rejets de CO2 et autres polluants atmosphériques par an (cette estimation tient compte du périmètre de responsabilité tel que défini par la DGAC) !
Ce projet induira nécessairement une augmentation des nuisances sonores. Or les effets sanitaires délétères du bruit, et notamment du bruit aérien, ont fait l’objet d’études très précises. Par exemple, le rapport d’appui scientifique et technique de l’ANSES (document PDF).
Un projet incompatible avec la transition écologique !
Une étude publiée en mai 2022, réalisée par le cabinet BL Evolution à la demande de l’association « Terres de Luttes », a listé 65 projets d’extension en France, concluant par : « L’analyse de 65 projets au regard de ces ambitions dresse un constat sans appel : nous bâtissons mois après mois, années après années, les conditions de notre échec à atteindre les objectifs fixés pour la transition écologique ».
Parmi ces 65 projets, 8 sont catégorisés comme strictement incompatibles avec les engagements environnementaux de notre pays. Avec cette extension, l’aéroport de Nice devient la 2ème infrastructure de France la plus émettrice de CO2 sur 65 analysées par BL Evolution ! Elle pourrait permettre l’émission totale de 28,4 millions de tonnes de CO2 sur 30 ans…
Un excellent article aborde ce sujet (27 juillet 2022) : Novethic.
Ce projet est donc anachronique et climaticide, car en totale contradiction avec l’urgente nécessité et l’engagement formel de baisser nos gaz à effets de serre. Il doit être abandonné et ne plus être soutenu par les autorités locales : municipalité de Nice, Préfet des Alpes Maritimes, Chambre de Commerce et d’Industrie de Nice (actionnaire de 25% de la société des Aéroports de la Côte d’Azur).
Nous nous opposons à la course à la croissance permanente et insensée de l’activité des aéroports, à leurs projets d’extension (comme à Marseille, Roissy, Lille, etc.). Il est temps de changer de modèle et de montrer de la COHÉRENCE face aux enjeux climatiques et sanitaires.
Le Collectif Citoyen 06 dit tout sur RMC !
Incroyable ambiguïté sur la « neutralité carbone » de l’aéroport !
L’aéroport de Nice ne compense que 0,7% de ses émissions locales (146.000 tonnes de CO2) et 0,1% de ses émissions totales (928.000 tonnes, incluant les demi-croisières au départ ou à l’arrivée de Nice) ! Avec l’extension du Terminal 2, ses émissions annuelles dépasseront le million de tonnes de CO2 par an, soit davantage que l’objectif global du plan climat des 51 communes réunies de la métropole de Nice d’ici 2030…
La direction de l’aéroport de Nice base sa communication sur la neutralité carbone, à partir du label « Airport Carbon Accreditation » inventé par des acteurs de l’aviation, et qui ne repose que sur la compensation des activités AU SOL de l’aéroport. Les émissions CO2 des décollages et les atterrissages ne sont donc PAS comptabilisées, puisqu’il n’est question que des émissions du gestionnaire de l’aéroport, et non de l’aéroport en tant qu’entité physique.
Or cette énorme nuance n’est jamais annoncée. L’aéroport de Nice mesure donc son impact environnemental sans prendre en compte l’impact des avions qui atterrissent et qui décollent pourtant de son tarmac ! C’est un peu comme si une « boîte de nuit » ignorait les nuisances sonores occasionnées par ses soirées festives ! (photo copyright CC06)
Enfin, aucun des acteurs intéressés par ce projet n’évoque bien sûr les effets « non-CO2 » de l’aviation, au moins équivalents aux émissions directes des avions, liées à la combustion du kérosène : les traînées de condensation et cirrus induits (haute altitude), entre autres.
La « neutralité carbone » de l’aéroport de Nice peut être qualifiée au sens de l’article L132-2 du code de la consommation. Le Collectif Citoyen 06 l’a dénoncée au Procureur de la République de Nice le 3 novembre 2021.
Une activité très inégalitaire au plan climatique !
L’impact climatique de l’aviation est très élevé au regard de la proportion d’humains concernés : seuls 10% de la population mondiale utilisent l’avion, dont l’impact climatique équivaut à plus de 5% des effets globaux des activités humaines à l’échelle planétaire. Et c’est même 1 % de la population mondiale qui a causé la moitié des émissions de carbone de l’aviation en 2018… Cette démesure (injustice climatique) doit nous interpeller !
Profits financiers et pertes environnementales et sanitaires
La société des Aéroports de la Côte d’Azur, gérant l’aéroport de Nice, draine des flux financiers qui n’intègrent ni ne compensent aucune nuisance environnementale et sanitaire, mais profitent aux acteurs du tourisme local, mais aussi aux actionnaires de la Société des Aéroports de la Côte d’Azur, dont dépend l’aéroport de Nice (privatisé en 2016, en dépit d’une forte opposition des Niçois). L’actionnaire majoritaire est le consortium franco-italien Azzurra (64%) qui associe la société italienne Atlantia (majoritaire, branche autoroutière du groupe Benetton), EDF Invest et l’aéroport de Rome. Les autres actionnaires sont la Chambre de commerce et d’industrie de Nice (25 %) et les collectivités territoriales (Conseil régional, Métropole et Conseil départemental) (source). En somme, la société ACA récupère les profits, alors qu’elle ne produit pas les avions (Airbus ou Boeing), qu’elle importe son bitume (tarmac et pistes) et son kérosène (raffineries), et qu’elle offre gracieusement ses polluants à la population locale (particules fines, NO2, ozone, CO2…) et ses nuisance sonores (décibels).
L’aéroport de Nice se dit délégataire de service public mais agit comme promoteur de trafic !
S’il fallait juste une preuve du rôle très actif de l’aéroport de Nice (et de la société gestionnaire des Aéroports de la Côte d’Azur), il suffit de se pencher sur son site Internet (voir ci-après), ainsi que sur ses communications permanentes sur les réseaux sociaux et dans la médias, pour comprendre que l’aéroport joue au maximum sur l’ambiguïté hypocrite de son positionnement. Oui, l’aéroport de Nice promeut la croissance du trafic aérien, de concert avec les compagnies aériennes !
Et cerise sur le gâteau : voici les taxis volants !
L’aéroport Nice-Côte d’Azur rejoint le projet Urban Blue (construction et gestion de « vertiports »), avec d’autres aéroports : Rome, Venise et Bologne. L’objectif est de mettre en œuvre une flotte de gros drones autonomes (e-VTOL ou avions électriques à décollage vertical), qui peuvent embarquer deux personnes afin de raccourcir leurs temps de trajets… Ça vous donne envie d’être survolés par ces gros bourdons au-dessus de la plage (pour quelques « hommes d’affaires » en vadrouille) ? Eh bien, nous non plus… Notamment parce que la ville de Nice est déjà bien assez bruyante !
Au fait, pourquoi ce projet très italien Urban Blue ? Ne cherchez plus : l’actionnaire majoritaire (à 64 %) est le consortium franco-italien Azzurra qui associe la société italienne Atlantia (majoritaire, branche autoroutière du groupe Benetton), EDF Invest et l’aéroport de Rome…
Il est grand temps de changer de cap à Nice !
Des associations locales se sont regroupées pour attaquer en justice le Permis de Construire de la Société des Aéroports de la Côte d’Azur (SACA). Vous pouvez soutenir cette démarche en participant aux frais d’avocats (portée par France Nature Environnement des Alpes-Maritimes : FNE06).
Le recours en annulation du permis de construire du T2.3, déposé en février 2020, est en attente d’audience à la cour administrative d’appel de Marseille (2023).
Beaucoup d’autres informations relatives à l’aéroport de Nice, sur notre base documentaire