Notre territoire bénéficie d’un climat méditerranéen particulièrement propice à l’agroalimentation saine et durable. Les terres riches de la Plaine du Var et l’ensemble des collines en terrasses (« restanques ») représentent un trésor patrimonial précieux.
Pourtant, cette Plaine et ces collines sont livrées à une urbanisation intensive, et les terres arables disparaissent peu à peu, grignotées par les coups de pelleteuses. Karine Emsellem, maître de conférence en géographie à l’Université Côte d’Azur, rappelle que « jusqu’aux années 60, du côté du littoral, 3 habitants sur 4 travaillaient encore dans l’agriculture« . La déprise agricole est en effet vertigineuse : en 1970, plus de 10.000 agriculteurs étaient en activité dans les Alpes-Maritimes, alors qu’ils ne sont plus qu’un millier aujourd’hui, dont plus de la moitié approche l’âge de la retraite… Les surfaces dédiées au maraîchage (comme à la culture florale) ont fondu comme le font peu à peu les neiges du haut Mercantour : -80% en seulement 50 ans ! Quant aux restanques, il n’en reste quasiment que des ruines…
Pourtant, notre territoire est déjà extrêmement dépendant des produits alimentaires extérieurs, en important plus de 98% ! Alors même que les crises s’enchaînent (Gilets Jaunes, guerre en Ukraine, sécheresse croissante, envolée des prix, etc.) et montrent à quel point nous sommes collectivement précaires et vulnérables au plan alimentaire.
Pourtant, comme sur l’ensemble du pays, les enfants et les jeunes souffrent de plus en plus de pathologies chroniques liées à une alimentation de mauvaise qualité (malbouffe, sodas, sucres et sel…).
Pourtant, la région niçoise est historiquement marquée par la cuisine méditerranéenne, peu à peu oubliée en dépit de ses inestimables bienfaits sur la santé humaine et planétaire…
Le sociologue Bruno Latour fait coïncider les notions de territoire et de subsistance. D’autres chercheurs promeuvent aussi le concept pertinent de « bio-région« .
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Pourquoi agir urgemment ?
- D’abord pour la sécurité alimentaire (par la résilience) :
- Augmenter l’autonomie alimentaire pour accroître la résilience du territoire
- Plaine du Var sanctuarisée = 350 hectares vs 3.000 à 5.000 ha nécessaires : 10% !
- Santé :
- Alimentation saine (favoriser l’agriculture bio ou raisonnée)
- Cohérence avec la Stratégie Nationale de Santé 2018-2022 et PNNS 4
- Environnement :
- Agroalimentation durable (locale et de saison) : baisse des EGES (-55% d’ici 2030)
- Transport :
- Désaturation des axes de communication (A8…)
- Promotion de la culture locale :
- Cuisine méditerranéenne : ‘’tourisme culinaire’’ responsable, label ‘’Fait en Comté de Nice’’, etc.
- Création d’emplois non délocalisables
- Adaptation au réchauffement climatique : végétalisation urbaine et lutte contre les ICU (ilots de chaleur urbains)
- Renforcement du lien social et des liens entre le littoral et l’arrière-pays
- Lutte contre la précarité alimentaire, etc.
Les solutions sont aussi puissantes que connues !
Ici aussi, comme sur tant d’autres sujets, pour changer d’ère, il faut que nos élus fassent preuve de courage politique. On rappelle parfois que les territoires sont dessinés selon leur niveau de conscience.
- Il faut évidemment commencer par le commencement, en cessant cette course folle au béton et à la destruction des terres. Ce qui suppose de ne plus compter sur la spéculation
- Montée en puissance de la société civile => réinvestissement du tissu associatif et citoyen :
- Lobbies de citoyens, de professionnels de santé et d’universitaires auprès des dirigeants politiques
- Information du public : rôle de la Presse Quotidienne Régionale (PQR). Ex : ‘’Solutions’’ de Nice-Matin
- Actions juridiques (TA) : CAPRE06 sur le Plan Stratégique Opérationnel de l’OIN (en cassation)
- Changement des habitudes de consommation et des modes de vie :
- Manger sainement sans polluer la planète : manger local, de saison, bio, peu carné, circuits courts, apprendre à cuisiner, à conserver, à cultiver, échanger (graines…)
- Protéger le foncier (ex : ZAP), respecter les lois et règlements (Littoral, DTA, SRADDET…)
- Exploiter les avantages de la loi EGalim
- Rétablir et protéger des trames vertes et bleues (eau et biodiversité), réinstaller des haies
- Respecter les prescriptions du SRADDET (Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires) PACA :
- Réduire la consommation foncière des espaces naturels, agricoles et forestiers pour assurer la préservation du socle naturel, agricole et paysager (-50% entre 2014 et 2030)
- Développer de nouveaux modes de production et de consommation agricoles et alimentaires, maraîchage à proximité des zones urbaines etc.
- Redynamiser les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) : mise en place volontariste et redynamisation
- Développer l’agriculture urbaine et péri-urbaine
- Mettre en œuvre les techniques adaptées à l’agriculture paysanne : l’atelier paysan
- Filières de formation :
- Éducation nationale
- Lycée Agricole et Horticole Vert d’Azur d’Antibes
- Création d’un pôle de formation agricole à Nice ouest : à la place de l’actuel MIN et du projet de PEX ?
- Diplôme universitaire (DU) chef d’alimentation durable (Mouans-Sartoux et UNICE)
- Aides :
- A l’installation (producteurs) et à la transmission
- A la production biologique et aux conversions
- Promotion du travail de Terre de liens et de la SAFER PACA
- Recherche de cofinancements et subventions (DRAAF, FNE, PnPAT, CA, Terres en Villes, Départ. 06, Région PACA…)
- Débouchés sur les marchés publics et privés
- Exemples :
- Ceintures maraîchères (ex : Liège)
- Mouans-Sartoux (volonté politique forte depuis 1999, marchés publics pour les prod locaux, atlas foncier agricole et réhabilitation friches pour mise à disposition des agriculteurs, maîtrise foncier (la commune est propriétaire de 200 ha d’espaces agricoles, PAT et DU chef projet alim durable avec l’Université Côte d’Azur)
- ZAP (ex : Saint-Jeannet)
- Terre de Liens, Terre de Monaco, AMAP 06 (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), Potager en ville, Jardins du Loup, Shilakong…
- Ferme brassicole Chapot-Maillard à Valderoure (PNR Pré-Alpes d’Azur) :
- Élevage responsable, sylvopastoralisme
- Orge + céréales à paille (avoine, blé, seigle, petit épeautre)
- Bière locale (La Storia)
- Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) : Lille (PAT MEL), Lyon (Conseil local de l’alimentation durable), Rennes (PAD), Mouans-Sartoux, Nantes (PAT), Aix-Marseille-Provence (PAT), Lubéron (PAT), etc.
- Pacte de Milan (oct 2019)
- Projets possibles :
- Création d’une ‘’Direction de l’agroalimentation durable’’, transversale et rattachée au plus au haut niveau des municipalités et intercommunalités
- Création d’un ‘’Conseil Niçois de l’alimentation durable’’ et de labels locaux (‘’Fait en Comté de Nice’’, etc.)
- Projet pilote au CHU de Nice (Plan d’Alimentation Durable PAD, après le projet Jeudi Vert), 2ème employeur de la ville
- Projet expérimentaux : ‘’Nice Eco Farm’’, etc.
- Il est donc (vraiment) temps d’AGIR ! 😉