Plusieurs raisons doivent pousser la municipalité à réduire la densité publicitaire sur les territoires. En premier lieu, cette omniprésence des affichages publicitaires défigure les espaces publics. Ensuite, parce que la publicité est le fer de lance de la surconsommation dont les impacts néfastes sont aujourd’hui largement démontrées sur la santé publique et la dégradation rapide de notre environnement.
Cette réduction a été l’une des propositions fortes de la Convention Citoyenne pour le Climat, dont nous demandons la mise en œuvre intégrale :
- PROPOSITION C2.1 : Interdire de manière efficace et opérante la publicité des produits les plus émetteurs de GES, sur tous les supports publicitaires
- PROPOSITION C2.2 : Réguler la publicité pour limiter fortement les incitations quotidiennes et non-choisies à la consommation
- PROPOSITION C2.3 : Mettre en place des mentions pour inciter à moins consommer
Comment réduire fortement la pub à Nice ?
D’abord par la volonté politique ! De plus en plus de maires, en France et dans le monde, ont introduit de nouvelles règles restrictives, ou travaillent à cet objectif : réduction des formats d’affichage, limitation de la publicité pour les véhicules ou les transports fortement émetteurs de gaz à effet de serre (voyages aériens ou marins, par exemple) ou la malbouffe, ou encore interdiction d’implanter des panneaux aux abords des établissements scolaires.
En 2006 au Brésil, en vue de lutter contre la pollution visuelle, le maire de São Paulo, Gilberto Kassab, a fait voter la loi « Ville propre » en proscrivant tout affichage publicitaire dans l’espace public. Dès son entrée en vigueur en 2007, les panneaux publicitaires ont été retirés et le démantèlement s’est accompagné parfois d’amendes pour les propriétaires récalcitrants. Il se trouve que cinq ans après cette mesure drastique, une enquête en 2011 a indiqué que 70% des Paulistanos approuvaient la mesure, l’estimant «bénéfique».
En France, la ville de Paris et la ville-métropole de Grenoble ont également passé le cap, en procédant par étapes, en vue de réduire la pression publicitaire dans l’espace public. Citons également la ville de Luxembourg, dans laquelle les publicités se limitent aux seuls abris bus.
A l’inverse, certaines villes s’entêtent dans un vieux modèle : citons Le Havre, ville à laquelle Paysages de France a décerné le prix de « La France moche » en octobre 2021 pour sa politique publicitaire…
Autre exemple du peu de volonté de la municipalité, la ville de Nice n’a visiblement pas souhaité intégrer l’expérimentation d’un dispositif interdisant la distribution d’imprimés publicitaires non adressés en l’absence d’une mention expresse et visible sur la boîte aux lettres ou le réceptacle du courrier (« Oui Pub ») : voir le décret no 2022-765 du 2 mai 2022.
Les lobbies de la publicité opposent souvent des contraintes juridiques à ce genre de mesures, pourtant absolument indispensables pour aller dans le sens d’une société plus durable et respectueuse de la santé globale. Il s’agit donc également de sensibiliser nos parlementaires à la nécessité de faire évoluer nos lois et règlements pour aider nos maires à agir dans le sens de l’intérêt commun et de la planète, en épurant nos rues et nos campagnes des milliers de panneaux publicitaires qui les enlaidissent.
Les citoyens réclament cette forte réduction de la présence publicitaires dans leurs communes. Que ce soit à Berlin comme à Liège !
Réduire la pub, c’est bon pour la santé et pour l’environnement des Niçois
Et à Nice ? Les habitants ne font que constater une présence de plus en plus forte de la publicité, notamment de panneaux lumineux énergivores : dans nos rues, nos gares, sur nos façades d’immeubles, sur nos abris bus… Sur certains axes, comme l’avenue Jean Médecin, c’est un panneau publicitaire tous les … dix mètres.
Nous proposons un plan progressif de réduction publicitaire
- Moratoire immédiat sur toutes les nouvelles implantations de supports publicitaires
- Interdiction et retrait progressif des panneaux 4×3 et supérieurs, ainsi que des panneaux lumineux sur la voie publique (pour favoriser la réduction de la consommation énergétique). A cet égard, en pleine crise énergétique, une pétition a été lancée en septembre 2022 par des associations pour demander l’extinction définitive des écrans numériques publicitaires : ici.
- Retrait des publicités des produits alimentaires de Nutriscore supérieur à C (santé publique), des véhicules thermiques de type SUV et des voyages aériens long-courriers (CO2 et climat), etc.
- Les panneaux publicitaires restants devront être non énergivores, discrets, et relayer des messages d’information d’intérêt commun, civique, culturel ou sportif
- Révision complète du RLP (Règlement Local de Publicité) de la métropole Nice Côte d’Azur et des communautés de communes du département des Alpes-Maritimes, et reconsidération des contrats de publicité
- Stopper le déploiement des panneaux publicitaires à l’intérieur des transports en commun (la municipalité de Nice étudie leur installation dans les rames du tramway)
- Accompagner les entreprises du secteur publicitaire et des médias à assurer au mieux cette transition
Info : depuis 30 ans, le mouvement Résistance à l’Agression Publicitaire (R.A.P.) lutte contre l’invasion publicitaire dans les espaces publics et particuliers.