Pub, croissance et surconsommation sont sœurs
Le modèle de croissance économique permanente, dont nous connaissons aujourd’hui les impacts lourds et néfastes sur l’environnement, repose en grande partie sur la publicité. Au-delà de la publicité omniprésente à la télévision ou sur le Web, les supports de publicité monopolisent et dégradent aujourd’hui les espaces publics. Un exemple à Nice : entre la place Masséna et la gare SNCF Thiers, près de 80 panneaux publicitaires agressent les passants, soit 1 panneau publicitaire tous les 10 mètres ! dont une moitié de panneaux lumineux chauffants et vrombissants !
Des panneaux publicitaires tous les … 10 mètres
Sur le littoral des Alpes-Maritimes, et à Nice en particulier, ces supports se sont multipliés ces dernières années, et sont de plus en plus tapageurs : les panneaux lumineux, énergivores et bruyants, y ont poussé comme des champignons, sur nos façades et nos trottoirs. Pourquoi ? Parce que la municipalité de Nice est un ambassadeur actif en faveur de l’insoutenable croissance de la consommation.
Alors que la ville-métropole de Grenoble a banni la publicité dans l’espace public en 2015, elle vient de la supprimer dans l’espace privé avec le nouveau RLPi (Règlement Local de Publicité intercommunal) : 117 panneaux 4×3 disparaissent ainsi en 2022. A Nice, c’est à peu près l’inverse…
Quels sont les problèmes posés par la publicité extérieure ?
La publicité extérieure pose plusieurs problèmes :
- Elle a un impact écologique direct, par la consommation de ses panneaux (ressources en matières et énergie : 1 seul panneau lumineux LCD de 2 m2 consomme plus de 2.000 KWh par an, soit autant qu’un foyer (hors chauffage) : document ADEME),
- Et un impact indirect, par l’incitation massive à la consommation, dont les impacts ne sont plus à démontrer (productions délocalisées, transports, émissions de gaz à effet de serre (ex : vente de SUV) et polluants, déchets, achats futiles, etc.). Cette incitation permanente à la surconsommation n’est plus acceptable aujourd’hui, à l’heure des alertes sur le dérèglement climatique, la chute massive de biodiversité et la santé publique.
En effet, de nombreuses publicités vantent une alimentation ultra-transformée (fast-food, produits industriels), dont les effets négatifs sur la santé ont été largement documentés par les scientifiques et les médecins, ainsi que par les agences de santé (Santé Publique France, ANSES, etc.) : maladies chroniques (diabète, obésité, y compris chez les jeunes), cancers, allergies, etc. Les principaux responsables de ces maux sont l’excès de sel et de sucre de ces aliments et autres sodas, les additifs, souvent perturbateurs endocriniens, la part excessive de produits animaux (viande, poissons, produits laitiers) à l’origine de l’ingestion de graisses saturées, de sels de nitrite, de métaux lourds (poissons gras) et le manque de fibres (présentes dans les végétaux).
Pour toutes ces raisons, promouvoir ce niveau de publicité dans les espaces publics est irresponsable ! C’est accorder délibérément la priorité à l’économie sur la santé des habitants.
Une enquête publique a eu lieu entre le 7 mars et le 8 avril 2022 concernant le règlement local de publicité (RLPm) sur l’ensemble de la métropole Nice Côte d’Azur. Mais alors qu’elle concerne un règlement tout à fait déterminant pour régir la publicité sur notre territoire, cette enquête est restée très discrète, passant sous les radars de tout débat démocratique. Nous dénonçons cette absence de débat public sur un tel sujet, aux conséquences écologiques et sanitaires importantes !
Ce que nous demandons et proposons
Nous proposons une révision complète du RLPm allant dans le sens d’une forte réduction de la pression publicitaire, et en particulier sur les espaces publics. Seule une telle réduction permettra d’atteindre les objectifs de baisse des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre, ainsi qu’une orientation franche vers un modèle de société beaucoup plus sobre et durable !
Nos propositions ici.
La pub numérique, ogre énergivore, gangrène nos villes et nos esprits !
Notre article Blog Mediapart (12 juillet 2021).
Le mot de la fin
“La pub peut tuer. C’est d’ailleurs l’un de ses objectifs : tuer le citoyen responsable, annihiler ses mécanismes de défense, le convaincre que le sens vient de l’objet, qu’il n’en a pas assez, qu’il n’en aura jamais assez.”
Jean Dion (Le Devoir, 4 février 1999)