La mobilité durable s’impose peu à peu à l’ensemble des citoyens et des acteurs économiques. On parle aussi d’écomobilité. Le développement exponentiel des transports à énergie fossile au cours du dernier siècle a permis d’accroître les déplacements et les échanges, mais a entraîné une cascade d’effets néfastes, tant la pollution de l’air que le dérèglement climatique. Cette transition est urgente, en particulier sur le territoire niçois et maralpin.
Quelles peuvent être les solutions pour accélérer la transition vers une mobilité durable ?
- Prendre toutes les mesures d’apaisement urbain (zones 30 km/h, voire 20 dans les zones de rencontre, contrôler et sensibiliser, aménager, etc.) : au 1er janvier 2022, environ 250 villes françaises et européennes ont franchi le cap du passage aux 30 km/h. Cette limitation 30 km/h déclenche toute une cascade de bénéfices immédiats : sécurité routière accrue (-25% d’accidents corporels), un bruit deux fois moins important (-3 dB), une forte incitation aux modes actifs de mobilité (généralisation des contre-sens cyclables, par ex), et une réduction des émissions polluantes et de gaz à effet de serre.
De nombreuses villes ont pris des mesures fortes, mais rapidement acceptées par la population, pour permettre une cohabitation de tous les modes de transport et la tranquillité des habitants (ici dans l’hypercentre d’une ville européenne). (copyright CC06)
- Quitter le modèle de la ville-voiture pour celui de la ville durable : en intégrant les nombreuses contraintes physique du territoire, repenser la place de la voiture sur le territoire, en différenciant les réponses selon le milieu : urbain, périurbain ou arrière-pays.
- Repenser les centralités (lieux regroupant un certain nombre de fonctions : qualitatif) et les polarités (espaces regroupant des quantités importantes de population et d’activités : quantitatif) du territoire métropolitain de façon à favoriser la démobilité et la mobilité durable.
- Préempter les espaces disponibles en périphérie de ville et sur le secteur collinaire pour y installer des aires de covoiturage (et non du bâti). Lire ici.
- Arrêter de développer les hyper-surfaces éloignées des centres-villes (ex : secteur Lingostière : Carrefour, Leroy-Merlin, Ikea, Grand Stade…) qui favorisent l’usage de la voiture, et génèrent de très importants flux de voitures et de poids-lourds.
- Déployer massivement des réseaux de recharge lente (quartiers d’habitation) et rapide (autoroutes, entreprises, etc.) pour les véhicules électriques.
- Mener une étude sur le passage en gratuité des transports en commun (bus, tram) de façon à promouvoir fortement le transfert modal de la voiture vers le TC :
- Pour les jeunes de moins de 18 ans, comme le font de nombreuses villes (Strasbourg, Montpellier, Paris et Lille) (source),
- Pour tous : les week-ends ou les samedis (ex : Rouen, Montpellier, Nantes),
- Pour tous 7/7 : plus de 30 villes ont franchi le cap de la gratuité permanente (Dunkerque, Calais, Libourne, Niort, Aubagne, Gap, Porto Vecchio, Puteaux, Aubagne, etc.). Citons également Luxembourg.
- En 2022 et en France, 37 villes ont rendu leurs transports publics totalement gratuits
- Initier une réflexion sur un réseau de trolleybus, autobus électriques sur roues, mais SANS batterie, réduisant les coûts d’investissement et de fonctionnement, ainsi que les impacts sur les ressources. Cette technologie date des années 1880, et peut aujourd’hui répondre au besoin de réduire fortement les impacts et l’empreinte carbone du transport urbain comme du transport fret sur autoroute (réseau de lignes caténaires 600 V).
- Tester des solutions mises en œuvre sur d’autres territoires, en France, en Europe et dans le monde :
- En 2022, l’Autriche a proposé un « ticket climat » illimité pour favoriser l’usage des transports en commun.
- En mai 2022, l’Allemagne a adopté le « ticket à 9 euros » (expérimentation), incitant les habitants à prendre les transports publics (réseaux urbains et trains régionaux), grâce à un prix unique de 9 euros par mois.
- Former l’intégralité des chauffeurs de bus à l’écoconduite, avec des sessions régulières de re-sensibilisation. Y compris sur la question des téléphones portables, régulièrement utilisés par certains chauffeurs, même en dehors des arrêts…
- Tester une journée sans voiture dans une ou plusieurs zones de la ville, bien desservies par les transports en commun et équipées de pistes cyclables sécurisées. Une enquête représentative réalisée par Kantar Public pour la campagne Clean Cities (juin 2022) auprès de 1000 Bruxellois a montré que 58% d’entre eux sont favorables à une journée sans voiture par semaine à Bruxelles (source).
- Donner une priorité absolue au développement de la mobilité active : vélo et marche. Continuité du réseau, sécurisation des trottoirs et des pistes cyclables, pouvoir embarquer son vélo dans les bus et trains, limiter les vitesses automobiles et 2RM sur les axes délicats (30 km/h sur les collines, goulots passages piétons, etc.), mettre en place davantage de contrôle de vitesse et de bruit (pédagogie et répression).
- Développer, tant en centre-ville que sur les collines, ou l’arrière-pays, de véritables infrastructures cyclables et piétonnes, continues et sécurisées, et non des lignes de peinture rapidement effacées ou non respectées.
- Faciliter le déploiement des « véhicules intermédiaires » : bi et triporteurs, vélos pliants, vélomobiles, vélo-voitures, etc.
- Développer fortement la Logistique du Dernier Kilomètre (LDK) :
- Cyclologistique : conformément au plan national de développement. En France, la vente de vélos-cargos a bondi de +350% en 2020. Quatre territoires ont décidé de participer à l’expérimentation cyclologistique : la communauté de communes Angers Loire Métropole, la communauté urbaine du Grand Reims, l’établissement public territorial Paris-Est-Marne et Bois, et la métropole Grenoble-Alpes. Aucun territoire des Alpes-Maritimes n’a visiblement souhaité développer ce mode de transport logistique très prometteur. Or, toute ville ayant mis en œuvre une ZFE est éligible au dispositif de cofinancement étatique : Nice, par exemple…
- Limiter les vitesses à 80 km/h sur le réseau routier et 110 km/h sur le réseau autoroutier. Pour une « perte » de quelques minutes aux 100 kilomètres, cette mesure 110 km/h sur autoroute, intégrée dans les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, permettrait d’économiser autour de 25% de carburant (et déjà -14% en passant de 130 à 120 km/h). Ce qui est énorme, au regard du trafic autoroutier en France.
- Promouvoir au maximum le ferroviaire passager haute vitesse et le ferroutage pour le transport de fret. Développer les espaces d’accueil des vélos à bord des trains (TER, Chemins de fer de Provence). Des innovations permettent d’ores et déjà d’envisager des Ecotrains pour nos territoires, composés de fibre de lin et alimentés électriquement par l’énergie solaire !
- Réduire le trafic aérien : « Pour s’aligner avec l’Accord de Paris et ne pas dépasser 2°C de changement climatique, une diminution du nombre de passagers comprise entre 2,5% et 4% par an est nécessaire. En d’autres termes, il faudrait réduire de moitié le nombre de passagers annuels d’ici 20 ans maximum. » (source).
- Il est donc impératif de mettre un terme à la politique de croissance et de promotion du trafic aérien (tourisme et aviation d’affaires). Et donc abandonner le projet d’extension du Terminal 2 de l’aéroport de Nice !
- Point important, bien qu’en marge de ce thème : conserver des tronçons de liaison en préservant les espaces naturels et agricoles de l’urbanisation le long des axes de transport en commun (ex : tram vers Lingostière). Cesser de considérer les zones naturelles inter-stations comme des espaces à bétonner !
Pour pousser la réflexion, nous vous invitons à lire le fascicule « La ville frugale » de Jean Haëntjens (Ed. Rue de l’échiquier, 2021). Cet ouvrage aborde les questions de la mobilité durable, mais aussi tous les aspects d’une ville … frugale.