Ce thème du chômage, n’est jamais abordé par les élus. Pas plus celui de la pauvreté. Et pourtant…
La ville de Nice descend les marches en termes de taux de chômage
L’évolution du chômage à Nice a été moins favorable que sur l’ensemble du pays. Cette ville a même vu son classement passer de 206ème (en 2017) à 217ème (en 2021) sur un total de 321 zones d’emploi en matière de chômage, perdant ainsi 11 places ! (source).
A Nice, le taux de chômage (8,8%) est plus élevé que la moyenne nationale (7,9%). Et ceci est particulièrement vrai pour les jeunes !
Dans les Alpes-Maritimes, ce sont aussi près de 17% des couples avec enfant(s) mineur(s) et 37% des mères isolées avec enfant(s) mineur(s) qui vivent sous le seuil de pauvreté. Et ce sont même 42.000 enfants qui y vivent dans la pauvreté (source INSEE) ! Enfin, chaque nuit, 200 personnes dorment dans la rue à Nice, dont beaucoup souffrent de troubles mentaux qui nécessiteraient des soins adaptés plutôt que du rejet. Et plus de 600 sont en extrême précarité… Dans une ville qui se prétend moderne : une « smart city » du XXIème siècle !
Et les jeunes ? Selon la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), ce sont 62% des étudiants en France qui rencontrent des difficultés à se nourrir correctement : ce fait est juste inacceptable !
Des promesses d’emploi non tenues à Nice !
Les élus avaient promis, dès 2008, de créer 50.000 emplois dans l’Ecovallée (Plaine du Var), pour justifier leurs constructions d’innombrables immeubles de bureaux. En réalité, il n’en est rien puisqu’à peine quelques milliers d’emplois y auraient été créés (en 2021, ce chiffre ne dépassait pas 6.500 emplois selon Olivier Sassi, ancien directeur de l’Établissement Public d’Aménagement de l’Ecovallée), soit 13% de l’objectif. Et encore, nombre de ces emplois ont été délocalisés du centre-ville ou d’ailleurs.
Une expérimentation TZCLD est menée sur de nombreux territoires en France : Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée. Très étonnamment, la Côte d’Azur et les Alpes-Maritimes n’en comprennent aucun ! Pourquoi les élus ne s’y intéressent-ils pas ?
Depuis des décennies, de façon, très imprudente, l’économie de Nice est organisée majoritairement autour d’une mono-activité touristique, qui ne peut à elle seule offrir du travail à tout le monde et qui est d’une très grande vulnérabilité comme on le voit après chaque catastrophe – attentats de 2016, Covid19, etc – En effet, à chaque fois, le tourisme s’est littéralement effondré, plongeant dans le marasme l’activité économique des entreprises et les emplois rattachés. Et ce sera comme ça à chaque nouvelle crise.
Concernant la pauvreté, c’est encore pire !
« On n’a jamais vu autant de misère depuis la guerre » : 74.000 pauvres à Nice !
Cette phrase terrible, de février 2021, est de Jean Stellittano, secrétaire général 06 du Secours populaire… La crise Covid-19 a vu exploser le nombre de précaires et de pauvres sur notre territoire. Charles Aznavour chantait « Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil ». (photo copyright CC06)
Mais, même au soleil, la pauvreté des jeunes précaires et des personnes âgées reste de la pauvreté… La situation s’est même aggravée avec la pandémie : le Secours Populaire est ainsi passé de 5.000 bénéficiaires en 2019 à 13.000 début 2022.
La ville de Nice est la 3ème plus pauvre des villes françaises en pourcentage de sa population… La moyenne nationale se situe à 14,6% (2019).
Ajoutons que ce niveau de précarité et de pauvreté est d’autant plus problématique que le coût de la vie au quotidien sur la Côte d’Azur, et sur les Alpes-Maritimes et Nice en particulier, est plus élevé que sur le reste du pays (moyenne estimée de +13%). Nous le verrons plus bas. Sans oublier l’accélération de l’inflation qui pourrait ronger plus fortement encore les revenus modestes.
21,6% de la population niçoise sous le seuil de pauvreté !
Mais avant même la Covid-19, Nice recensait 74.000 Niçois sous le seuil de pauvreté, soit 21,6% de la population, ce qui la place 7 points au-dessus de la moyenne nationale. Les jeunes, une fois de plus, sont particulièrement touchés, puisque 27,6% des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté ! Cette fiche (2018) synthétise les données officielles (INSEE, CCAS) sur le problème de la pauvreté à Nice.
Agrandir (cliquer) ou télécharger ICI.
La pauvreté frappe une part importante de la population de Nice et des Alpes-Maritimes. Si elle est souvent cachée par l’affairisme du luxe et du tourisme, elle se traduit pour de nombreux habitants par une précarité importante, notamment sur l’alimentation et l’énergie.
Pauvreté et pauvreté en conditions de vie
Notre territoire connaît beaucoup de pauvres, et une cherté plus importante qu’ailleurs (+13% pour le coût de la vie, et +21% pour le logement, abonnements compris (eau, électricité, internet) par rapport à la moyenne française). C’est ce qui rend d’autant plus importante la notion de « pauvreté en conditions de vie » (PDF). En France, un ménage est dit « pauvre en termes de conditions de vie » lorsqu’il cumule au moins 8 privations ou difficultés matérielles parmi 27 liées à l’insuffisance des ressources, aux retards de paiement, aux restrictions de consommation et aux difficultés liées au logement.
Comment une ville pauvre et inégalitaire peut-elle se qualifier de « ville intelligente » (smart city) ?
Les élus majoritaires n’évoquent jamais la pauvreté à Nice, et n’entreprennent aucune action d’envergure pour éradiquer ce fléau. Pire, ils chassent les pauvres du centre ville (bancs retirés, fontaines d’eau enlevées). La gentrification du centre de Nice est en cours, et les moins nantis sont incités à partir vers les quartiers sans âme de l’Ecovallée ou l’arrière-pays, rendant nécessaire l’acquisition et l’utilisation d’un véhicule personnel, avec les surcoûts associés. C’est donc la double peine :
- Absence de protection contre les envolées des prix immobiliers,
- Obligation de disposer d’un véhicule de plus en plus coûteux (avec le litre de carburant à plus de 2 euros…).
Le logement est une source d’inégalités. Savez-vous que 3,5% de la population possèdent 50% des logements mis en location en France ? Cette question des multi-propriétaires, souvent âgés et très aisés, est encore plus marquée sur notre territoire…
La pauvreté spécifique des femmes seules
Les femmes sont souvent victimes d’inégalités et d’injustices plus marquées. Et les femmes seules, avec ou sans enfants, sont surexposées à la pauvreté (INSEE) : c’est le cas général des familles monoparentales (de plus en plus nombreuses depuis 1975, en particulier les jeunes mamans pauvres de moins de 30 ans). Cette situation trouve son origine dans la vision encore très phallocrate de notre société. Le Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes (HCE) promeut l’éga-conditionnalité des dispositifs étatiques, ainsi qu’une budgétisation des dispositifs financiers sensible au genre (BSG). A Nice et sur les Alpes-Maritimes, où la pauvreté atteint des niveaux élevés, ces questions sont particulièrement d’actualité.
Nice n’est pas l’amie des étudiants !
Dans un classement de septembre 2021 de l’Étudiant, on peut lire que Nice est en recul, à la 18ème place du classement 2021-2022 sur 43 villes étudiantes : « Si le soleil de la Côte d’Azur reste un atout incontestable pour la ville, la part d’étudiants dans la population n’est pas très élevée. Moins de 5% des Niçois sont des étudiants. Le logement est un investissement conséquent dans cette ville du Sud-Est. C’est la deuxième ville la plus chère de France juste après Paris. Il faut débourser 617 euros en moyenne pour un studio. » Pour résumer, les jeunes sont frappés par un fort taux de précarité, voire de pauvreté, à Nice, et subissent des surcoûts liés notamment au logement. Cette ville n’est pas l’amie des jeunes…
Voir cet article d’Actu Nice du 22 septembre 2022 : ici.
Il est temps de changer radicalement de cap à Nice
Temps de donner un coup de pied dans la fourmilière de cette indigence, en diversifiant l’économie locale, en créant de nouvelles filières économiques, pour créer enfin de l’emploi à Nice et en traitant humainement les personnes pauvres et les aider à s’en sortir dignement : mise sur pied d’une filière d’agroalimentation locale (agroécologie et permaculture, plaine du Var, restanques, agriculture urbaine), développement d’une économie sociale et solidaire (ESS), d’une industrie bas-carbone, d’une filière d’énergies renouvelables (solaire thermique et photovoltaïque), d’un tourisme durable et raisonné. Temps également de se soucier de l’accès des personnes en difficultés aux services publics, en particulier à la santé et à l’éducation. Temps aussi, à l’échelle nationale, de mettre en place une « sécurité sociale de l’alimentation » dans cette période de très forte inflation des produits alimentaires en particulier.