En règle générale, la consommation d’espaces d’un territoire dépend autant de très nombreuses petites opérations que de peu d’opérations de très grande ampleur (source : CEREMA). Il se trouve en effet que sur notre territoire, l’Ecovallée est un symbole de l’étalement délirant des méga-projets, et les collines, celui du foisonnement des petites opérations. Et le grignotage des espaces naturels est dans un état bien avancé…
Cette vue comparative de la basse Plaine du Var, entre 1943 et 2023, éclaire le problème majeur de l’artificialisation de cette zone particulièrement sensible en termes de biodiversité et d’espaces naturels.
A Nice, on préfère le béton aux courgettes
En France, l’artificialisation des sols a augmenté de 70% en 40 ans (1980-2020) alors que la population n’a augmenté dans le même temps que de 19%. Et sur l’ensemble de la Région Sud PACA, « la consommation foncière est 2 fois plus rapide que l’évolution démographique » ! (source : SRADDET).
L’urbanisation intensive a ravagé le littoral des Alpes-Maritimes en quelques décennies. Et il n’y aurait pas de responsables ?
A l’ouest de Nice, la Plaine du Var est une des terres les plus fertiles d’Europe. Pourtant la municipalité l’artificialise, alors qu’elle devrait préserver ce joyau pour y cultiver une partie de l’alimentation pour sa population, pour en faire un espace préservé pour la promenade, la détente, une respiration pour tous les citadins.
Mais aussi pour laisser l’eau s’écouler vers la mer, sans inonder l’aéroport et la zone CADAM (Préfecture) comme cela est arrivé en 1994, ou pour ne pas subir les assauts dévastateurs du fleuve Var, comme lors de la terrible tempête Alex d’octobre 2020.
Pour justifier cette artificialisation, la municipalité de Nice communique sur le fait que la Plaine du Var est jonchée de casses automobiles et de squats en tous genres. Mais cet argument ne résiste pas à la simple vue d’anciennes photographies montrant au contraire qu’elle a été plutôt un camaïeu de verts, en majorité couverte d’exploitations agricoles, floricoles et vinicoles depuis la nuit des temps. Et le résultat est là, sous nos yeux : de merveilleuses terres arables millénaires aujourd’hui recouvertes à jamais par les bétonneurs.
Cerise sur le gâteau : un membre de la Chambre d’agriculture 06, Jean-Luc Belliard, s’exprime ainsi dans les pages de Nice-Matin (14 fév 2023) : « On est sur du foncier contraint ici. Il est compliqué de mettre en place certains projets. Aujourd’hui, les trois-quarts des rivières n’arrivent plus jusqu’à la mer. »
Le dieu Bétonix dirige l’Olympe niçoise !
La municipalité de Nice bétonne donc, avec le Grand stade, IKEA, MERIDIA, GRAND ARÉNAS, et ce n’est pas fini, puisque ses projets représentent encore 3 millions de m2 supplémentaires à venir, d’artificialisation de ces terres si précieuses (alors que notre dépendance alimentaire est critique !), accentuant encore davantage son imperméabilisation, et donc le risque d’inondations majeures. Le tout sous le couvercle technocratique de l’OIN (Opération d’Intérêt National), de son PSO (Projet Stratégique et Opérationnel) et de l’EPA (Établissement Public d’Aménagement)… La seule opération « IKEA » a détruit à jamais 40.000 m2 de terres fertiles. Ce risque d’inondations est d’autant plus élevé que parallèlement à la bétonisation de la plaine, les collines environnantes sont livrées, carré après carré, ‘’dent creuse’’ après ‘’dent creuse’’, aux promoteurs et constructeurs BTP.
Pour aller plus loin
- Portail de l’artificialisation des sols (ministère de la transition écologique)
- Décret n° 2022-763 du 29 avril 2022 relatif à la nomenclature de l’artificialisation des sols
- Analyse de la consommation d’espaces et de l’artificialisation sur la période 2009-2019 (PDF)
- Évaluation de l’impact du cumul des ouvrages gagnés sur la mer sur les côtes méditerranéennes (MEDAM)
Il est donc grand temps de changer de cap à Nice
En stoppant ses grands projets de bétonisation, en redonnant toute la place à la nature, et en mettant en place une véritable et ambitieuse politique agricole et alimentaire locale.