Chacun a le droit de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé !
La Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Énergie (dite loi LAURE) du 30 décembre 1996 reconnaît à chacun « le droit de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé. »
Les connaissances scientifiques et médicales progressent sur l’impact sanitaire de la pollution de l’air, et toutes les études convergent vers un bilan très lourd : 7 millions d’êtres humains décèdent prématurément chaque année dans le monde (à comparer aux 10 millions de morts par an durant la seconde guerre mondiale), et entre 70.000 et 100.000 décès pour notre seul pays !
La pollution de l’air de Nice tue chaque année 500 Niçois prématurément !
A Nice, ville régulièrement très mal notée sur la qualité de l’air, ce chiffre est évalué à 500 décès annuels, ce qui est supérieur aux décès dus à la Covid19 sur un an. Nous savons aujourd’hui qu’avec le changement climatique, la pollution atmosphérique est l’une des principales menaces environnementales pour la santé humaine. Pourquoi y sommes-nous sensibles ? Parce que nous respirons chaque jour autour de 15.000 litres d’air !
La pollution de l’air (les particules fines et ultrafines en particulier) abrège la vie de centaines de Niçois chaque année et en pénalise beaucoup d’autres ! Cette information a fait la Une du quotidien Nice-Matin le 29 janvier 2020.
En réalité, le nombre de Niçois morts prématurément est bien plus élevé, quand on prend en compte les autres particules fines et les autres polluants atmosphériques. Sans compter les innombrables malades (poumons, cœur, AVC, fœtus, etc.).
(Nice-Matin, 30 mai 2022)
Notre territoire ne se résume pas à son littoral. L’arrière-pays souffre également d’une pollution chronique à l’ozone, principalement en période estivale. Ce polluant photochimique est un redoutable agresseur, tant pour nos bronches (effet « coup de soleil ») que pour la végétation et nos massifs forestiers. La pollution à l’ozone est d’ailleurs plus importante dans l’arrière-pays que sur le littoral !
A Nice, la loi LAURE n’est pas respectée !
La qualité de l’air à Nice, indiquée par l’indice Atmo, est très régulièrement catégorisée dégradée, et parfois mauvaise.
Plus des centaines de malades dont cette pollution affecte les poumons, le cœur, le cerveau : les principaux impacts concernent d’ailleurs davantage le système cardiovasculaire (AVC, infarctus du myocarde…), que le système respiratoire. Les femmes, les hommes, les jeunes, les personnes âgées, les bébés, tout le monde est concerné. On sait aussi aujourd’hui que la pollution aux particules fines et ultrafines peut atteindre les fœtus, ou encore engendrer des troubles mentaux chez les jeunes (nombreuses études à l’appui). Les populations pauvres et précaires, et les enfants de ces milieux, sont particulièrement exposés. Même le dossier d’étude d’impact de la ZAC Parc Méridia (page 680) indique : « Les habitants de la zone d’étude connaissent, en moyenne, une perte d’espérance de vie due à la pollution anthropique aux PM2,5 allant de 18 mois à 3 ans. » Et ce fléau dure depuis des années à Nice.
Afin d’intégrer ces nouvelles connaissances, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a édité en septembre 2021 de nouvelles lignes directrices sur la qualité de l’air visant à éviter des millions de décès dus à la pollution atmosphérique. Ces normes ont revu fortement à la baisse la plupart des seuils de recommandation des principaux polluants. Quelques chiffres : nos villes sont très polluées par le dioxyde d’azote (NO2), polluant majoritairement lié aux transports. Le seuil OMS est ainsi passé de 40 à 10 microgrammes/m3 en moyenne annuelle, soit 4 fois moins ! Pour les particules fines, les seuils sont passés de 20 à 15 microgrammes/m3 pour les PM10 (grosses particules), et de 10 à 5 microgrammes/m3 pour les PM2,5 (particules plus fines, et donc plus dangereuses pour la santé).
La voiture, 1ère cause de pollution, reste pourtant intouchable à Nice…
Et pourtant, l’origine de ce fléau est bien connue de la municipalité. Mais malgré les études scientifiques et médicales, malgré les alertes des citoyens (les représentants du Collectif Citoyen 06 lui a remis en mains propres un dossier en janvier 2020), la municipalité de Nice n’entreprend pas de plan d’envergure pour combattre la principale cause de ce fléau : la place prépondérante de la voiture en ville.
Il faut bien garder à l’esprit qu’il existe 3 types de pollution de l’air : pollution intérieure (domiciles, voitures, bureaux), pollution extérieure et pollution professionnelle (exposition à des produits spécifiques). Nous axons nos recommandations ici sur la pollution extérieure, particulièrement sensible aux mesures de politique de santé publique.
Les sources de polluants sont très variées sur le territoire niçois (ici écobuage), mais sont essentiellement liées aux transports.
(copyright CC06)
Contrairement au bassin marseillais et à son pôle industriel de l’Étang de Berre, le territoire niçois, avec très peu d’industries, est principalement pollué par les transports : routier, aérien et maritime. 61% des polluants et 80% du dioxyde d’azote (NO2) sont liés aux transports (dont respectivement 53% et 64% au transport routier). Les axes routiers sont très chargés, coincés entre un aéroport urbain à l’ouest et un port à l’est… Concernant le dioxyde d’azote (NO2, polluant acre brun-orangé), on ne peut que constater que les émissions restent globalement quasi-stables depuis 2015, autour de 2.500 tonnes par an sur la ville de Nice (vous trouverez nos sources sur le site d’AtmoSud Cigale), ce qui prouve la faiblesse de l’action publique de la municipalité. Et il en est de même pour les particules fines. Concernant l’ozone (O3), un irritant très agressif pour nos bronches et la végétation, ce polluant est même en hausse constante depuis des années…
Il faut également savoir que les pots d’échappement ne sont pas les seuls à émettre des particules fines. Les pneus également, ainsi que les disques de freins ! Les véhicules électriques sont donc également concernés.
On sait enfin que la proximité d’une voie rapide augmente de plus de 40% la mortalité, y compris à l’intérieur des habitations (source : commission d’enquête PPA des Alpes-Maritimes, 2021). Pour autant, aucun capteur n’est positionné le long de l’A8 ou de la voie Mathis…
Et le port de Nice pollue de plus en plus…
Les habitants du quartier du port de Nice, et des collines avoisinantes, sont touchés par la pollution des ferries, en approche, en escale ou au départ. Entre 2015 et 2019, les tonnages de polluants émis par le port de Nice ont très fortement augmenté : oxydes d’azote (NOx : +65,3%), composés organiques volatiles (COVNM : +65%), particules fines (PM10 et 2,5 : +16,4%) ! Seules, les émissions de dioxyde de soufre ont légèrement diminué (SO2 : -6,5%)… Source AtmoSud Cigale. (photo copyright CC06)
Nice est toujours sous contentieux européen pour sa pollution atmosphérique
Le 24 octobre 2019, la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) a en effet condamné la France pour manquement aux obligations issues de la directive 2008/50/CE du 21 mai 2008 concernant la qualité de l’air ambiant, compte tenu des dépassements persistants des valeurs limites horaires et annuelles de dioxyde d’azote (NO2) dans 12 territoires, dont l’agglomération niçoise.
Le Plan de Protection de l’Atmosphère 2020-2025 jugé très insuffisant
Le Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA) 2013-2018, piloté par la Préfecture des Alpes Maritimes, avait échoué en termes de résultats, particulièrement sur les 2 grandes causes de la pollution atmosphérique : les transports et les bâtiments. Le nouveau PPA 2020-2025 est jugé très insuffisant en termes d’ambition par l’Autorité environnementale et par la commission d’enquête qui a suivi l’enquête publique. Ses 51 actions ne permettront qu’une faible baisse de la pollution, si toutefois elles sont mises en œuvre, ce dont on peut douter si on se réfère aux effets d’annonce passés… D’autre part, ce nouveau PPA ne prend pas en compte les nouveaux seuils de pollution de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui sont nettement plus ambitieux que les normes réglementaires françaises. Enfin, les objectifs du PPA sont inférieurs aux prescriptions du SRADDET PACA (Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires).
Pire, l’ozone est un grand oublié du PPA, alors que c’est un polluant chronique dangereux pour la santé, que ses émissions augmentent, et que 100% de la population des Alpes-Maritimes y est exposée. Autre incongruité, l’Autorité environnementale et la commission d’enquête relèvent aussi que le réseau de capteurs de pollution est inadapté puisque des endroits très pollués de Nice en sont dépourvus (voie Mathis, A8 de contournement). En un mot, la pollution n’y est pas mesurée…
Alors que 500 Niçois meurent prématurément à Nice chaque année à cause de cette pollution atmosphérique, le PPA n’évalue pas correctement les risques sanitaires qu’elle entraîne, et ne quantifie même pas ses éventuels effets bénéfiques sanitaires… Enfin, le PPA ne prend pas en compte l’augmentation inévitable de la pollution atmosphérique occasionnée par le projet d’agrandissement de l’aéroport de Nice (projet T2.3) et de ses innombrables décollages supplémentaires d’avion très polluants. « Les pollutions causées annuleront en partie les gains du PPA » écrit l’Autorité environnementale dans son rapport.
Non, Nice ne respire pas !
Consciente du préjudice d’image de ces 500 morts, la municipalité allume quelques contre-feux en communiquant sur ses quelques actions qui n’ont d’effet que très localement (voir l’effet quasi-nul de la Zone à Faibles Émissions (ZFE) très peu ambitieuse mise en place début 2022 : en 2022, 0,17% des véhicules de la métropole concernés, sur seulement 4% de la superficie de la commune de Nice), mais encouragent par ailleurs des actions qui accentuent la pollution atmosphérique : agrandissement de l’aéroport de Nice, subvention de courses de Formule 1 dans le Var (2 millions d’euros d’argent public par an au profit du Grand Prix de France au Castellet), organisation de défilés de voitures de courses en plein centre de Nice… Et en avril 2022, la mairie a réouvert le circuit moto Centaure club, en plein cœur de ville, à côté de la voie Mathis, du Collège Alphonse Daudet et du complexe sportif Jean Médecin, déjà tellement pollués.
Un exemple de l’extrême réserve de la municipalité niçoise face à ce fléau : elle a annoncé une future zone 30 km/h en centre-ville, mais pas avant … 2026, année de la fin du mandat municipal, alors que tant de villes ont déjà mis en place cette mesure ! Courage, fuyons ! Même Giuseppe Garibaldi aurait été outré devant si peu d’audace.
Face à la réalité des courbes d’émissions des polluants atmosphériques toujours très élevées, la campagne de communication de la ville, lancée fin 2021 (« Nice respire ! ») ne peut rien… Aucune communication ne remplacera une authentique volonté politique et des résultats tangibles !
Il est grand temps de changer de cap à Nice
Grand temps d’agir avec détermination et efficacité contre les sources de pollution en menant une véritable et ambitieuse politique de la mobilité douce, en réduisant prioritairement et courageusement la place de la voiture en ville, en menant un plan ambitieux de rénovation des bâtiments niçois les plus polluants, et en engageant une campagne d’information d’ampleur et permanente, pour que les Niçois respirent enfin un air non dangereux pour leur santé.
Pour télécharger le « Dossier 500 morts » de la pollution atmosphérique à Nice, cliquez ICI.