Péage de Saint-Isidore : l’arbrisseau qui veut cacher la forêt…
Vendredi 4 novembre 2022 : conférence de presse de Christian Estrosi en mairie de Nice. Son objectif : présentation à la presse du rapport d’AtmoSud sur le projet de suppression du péage de Saint-Isidore, à l’Ouest de Nice.
Supprimer un péage va dans le bon sens, notamment dans la configuration topographique de ce péage en bas de colline, qui nécessite une accélération vers le Nord, et un freinage vers le littoral, de milliers de véhicules chaque jour.
Le rapport d’AtmoSud indique de nombreux éléments, sans pour autant détailler les flux provenance-destination des véhicules qui pourraient passer par l’autoroute A8 plutôt que par la Promenade des Anglais. Quelques chiffres : la qualité de l’air pourrait s’améliorer pour 77.000 à 80.000 habitants, tandis qu’elle se dégraderait pour 16.000 autres habitants, notamment dans les quartiers Nord de Nice. La pollution de l’air augmenterait naturellement sur le trajet autoroutier, mais diminuerait sur la zone d’un kilomètre autour du péage (en évitant les accélérations sur la montée après le péage). Globalement, sur l’ensemble de la ville, les polluants (particules fines, oxydes d’azote et CO2) augmenteraient tout de même de 2 à 3%, tandis que l’exposition de la population niçoise aux polluants serait en légère baisse.
Mais ce que nous soulignons est le manque de cohérence générale sur ce sujet important, pour la santé et l’environnement, de la pollution de l’air et des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.
Comme à son habitude, Christian Estrosi déplace le problème, en incriminant l’État : « J’ai transmis le dossier à la Première Ministre Elisabeth Borne, et je le pousserai chaque jour, tant qu’il le faudra. » La balle serait donc dans le camp de l’État. L’idée est évidemment de porter la responsabilité sur des agents extérieurs : ici l’État, tandis qu’il y a quelques années, la pollution niçoise était due, selon le maire, aux … camions croates ou bulgares qui traversaient la ville. Entendez : la ville de Nice est exemplaire, car son maire est brillant, et les problèmes viennent des autres… Ce fut d’ailleurs le cas également, dans le cadre dramatique de l’attentat du 14 juillet 2016, où Christian Estrosi, alors 1er adjoint, avait de suite attaqué la responsabilité de l’État… Comme pour se défausser.
Mais ce que ce maire fait mine d’oublier, ou ce qu’il ne souhaite évidemment pas rappeler, c’est qu’il pourrait aussi donner beaucoup plus d’ambition à la Zone à Faibles Emissions (ZFEm) niçoise, en l’étendant (voie Mathis et au-delà) et en y intégrant notamment les dizaines de milliers de deux-roues motorisés (2RM) qui n’y sont pas inclus (ils le sont sur Marseille, par exemple). Et surtout, il pourrait arrêter de soutenir, comme il le fait régulièrement, le projet d’extension de l’aéroport de Nice, qui va engendrer d’ici quelques années, en plus des 20.000 vols supplémentaires, plus de 5 millions de trajets voiture en plus, chaque année, sur notre territoire. Le calcul est très simple : le dossier d’extension précise que l’objectif est de permettre un accroissement de 7 millions de passagers aériens par an (de 14,5 millions en 2019 à 21,6 millions d’ici 2030), et indique que les trois-quarts (76%) de ces passagers circulent en voiture particulière (personnelle ou taxi), soit 5,3 millions de trajets supplémentaires par an.
En somme, quand le maire de Nice nous parle de l’hypothèse d’une petite réduction de pollution, car cette suppression reste une hypothèse (l’affaire se joue entre l’État et la société Escota), il tente de nous vendre un arbrisseau pour cacher la forêt des actions possibles, mais passées sous le tapis !
Le reportage France 3 PACA du 4 novembre 2022, avec l’interview du collectif citoyen 06 ici :