De la Formule 1 en centre-ville de Nice ? Ce sera donc NON !
17 juin 2022 : l’idée folle d’un Grand Prix de Formule 1 à Nice émerge.
18 juin 2022 : le Collectif Citoyen 06 lance une pétition sur change.org « NON au projet de Grand Prix de France F1 à Nice ! »
23 juillet 2022 : cinq semaines plus tard, le maire jette l’éponge imbibée d’essence, sous les coups de boutoir citoyens, et notamment de notre pétition. Nous pouvons donc crier victoire, tout en restant très vigilants…
Encore une lubie du maire de Nice !
Pas un jour sans que le maire de Nice ne sorte une idée saugrenue. Et celle-ci est de taille ! Elle est surtout particulièrement bruyante et polluante : elle sent même particulièrement le vieux-monde… Qu’a annoncé cet élu, un peu agité au goût de nombreux Niçois ? Qu’il réfléchissait à l’installation du Grand Prix de France à Nice, en lieu et place du Castellet, dans le Var. Quand l’a-t-il annoncé ? Entre les deux tours des élections législatives de juin 2022, évidemment. Comme le projet de la Buffa, celui du réaménagement du port Lympia (pas même voté en conseil municipal), ou l’expulsion du vieux navire de croisière Aegean Odyssey (16 juin), etc. Pourquoi est-ce probable ? Parce que Christian Estrosi préside le Groupement d’Intérêt Public (GIP) du Grand Prix de France, et qu’il alloue une subvention annuelle de 2 millions d’euros au Castellet depuis des années, sur les fonds publics de la métropole Nice Côte d’Azur, qu’il préside aussi… Vous apprécierez le coût pour la population et les contribuables niçois, de cette passion pour les sports automobiles de l’ancien motard Estrosi ! Le fait du prince, au prix fort.
Pourquoi une telle annonce ?
Comme toujours, pris dans sa logique d’hubris, Christian Estrosi suit ses idées fixes, sans aucune transparence, ni souci de la concertation. Les citoyens découvrent donc ses annonces tonitruantes, souvent avec surprise et émoi. Il sort quelquefois la carte du « c’était écrit dans mon programme », sachant pertinemment que seuls 16% des électeurs niçois seulement ont voté pour lui.
Pourquoi donc maintenant ? Parce qu’il veut épater la galerie électorale au moment où le parti qu’il soutient (Ensemble de LREM) se trouvait en difficulté législative. Mais plus techniquement, parce que le contrat du GP de France avec le circuit du Castellet s’achève à la fin d’année 2022. Que lit-on dans la presse ? Un exemple (mai 2022) : « A l’issue de sa rencontre avec le PDG de la F1 Stefano Domenicali en marge du GP de Monaco, Christian Estrosi a déclaré « confirmer qu’au terme de l’édition 2022 le 24 juillet, Monsieur Domenicali a dit un oui de principe à ce que nous ayons une prochaine édition. » (source). Vous noterez bien que Christian Estrosi s’était bien gardé de parler de … Nice, gardant le plat gras et juteux pour la campagne législative de juin !
Ainsi, mi-juin 2022, il confie le soin de l’annonce à Stefano Domenicali, patron de la Formule 1 (dans une interview accordée à L’Équipe), de la possibilité d’un grand prix dans … la ville de Nice, ajoutant qu’il ne confirmait pas (qui peut le croire ?), et poursuivant : « Un jour on parle de l’arrivée du Tour de France, un autre de l’accueil du GP de France de F1. (…) Il est agréable de faire envie plutôt que pitié ». (source 1 et source 2)… Mais quelle perfidie ! Il aura donc ponctionné le budget de la métropole à coups de millions d’euros, depuis des années, avec cette arrière-pensée de faire débarquer les bolides à Nice, à 12 kilomètres seulement, à vol d’oiseau, du circuit de Monaco. Pour le prestige ! Le sien ? Mais quel coût pour les contribuables… Même si Nice n’a jamais accueilli de GP de F1 pour l’instant, rappelons qu’Alain Prost et Nico Hülkenberg (en 2018), puis Daniel Ricciardo (en 2019) avaient conduit des monoplaces sur la Promenade des Anglais, dans le cadre de démonstrations en marge du GP de France… Oui, le lynx politique niçois avance à pas feutrés, l’échine courbée, mais le regard rivé sur sa proie.
Pourquoi est-ce une folie ?
A de nombreux titres ! La ville de Nice, très engluée dans le modèle du tout-voiture depuis Jacques Médecin, un autre perfide, est particulièrement polluée : des centaines de Niçois y meurent prématurément du fait des polluants, et notamment des particules fines. Ensuite, la ville est connue pour être très bruyante. Les raisons majeures : des flots continus de voitures, mais également de deux-roues motorisés (il y a 85.000 motos et scooters à Nice !), et … un aéroport international urbain qui ne pense qu’à une chose : augmenter son trafic. Le projet d’extension de cet aéroport est d’ailleurs évidemment soutenu par le maire de Nice. Bingo, c’est encore Christian Estrosi ! Le cumul est une arme fatale.
Autre illustration de la déraison de cet élu archaïque, encore très colonisé par les Trente Glorieuses : les rues de la ville de Nice sont très nerveuses, et les incivilités sont le lot commun de ceux qui les subissent au quotidien : vitesses excessives, feux brûlés, bruits d’accélération et de pots d’échappement débridés, doubles et triples files, cyclistes et piétons en danger permanent… Et face à ces fléaux, que se dit ce maire, in petto ? Que ce serait génial de promouvoir la vitesse et le bruit dans sa ville ! Alors que de très nombreux maires travaillent avec leurs équipes à apaiser leur commune, le maire de Nice, lui, fait son maximum pour détruire le bien-être résiduel et nuire à la santé de ses concitoyens ! Et, dernier point, la paralysie de la ville sera massive durant plusieurs jours (préparations, qualifications, course)… Que du bonheur pour les Niçois !
Naturellement, l’élu fait aussi son maximum pour retarder la moindre contrainte sur les voitures et les motos : la ZFE (Zone à Faibles Émissions), imposée par la loi, est on ne peut plus timorée, la zone 30 km/h en centre-ville est repoussée à la fin de son 3ème mandat, en 2026, et le plan vélo est en berne totale depuis des lustres… Impossible, pour lui, de faire mieux : il est addict aux odeurs de carburant fossile, à la compétition et à la vitesse. Disons-le clairement : ce maire est un danger public !
Et 250.000 tonnes de CO2 pour le réchauffement climatique !
Une dernière raison (mais il y en aurait tant à citer !) concerne le défi climatique. Le fait que cette annonce intervienne en pleine période de canicule ne gêne pas l’ombre d’un neurone du maire de Nice. Pas davantage le fait qu’il ait signé la déclaration d’urgence climatique en grandes pompes fin 2019. Pas davantage non plus qu’une énorme pollution à l’ozone sévisse dans notre région…
Pourquoi un Grand Prix de Formule 1 pose également problème pour le climat ? Parce qu’un bolide consomme 110 kilos de carburant sur une course de 305 kilomètres, et émet donc 450 kg de CO2 par course. En considérant les essais et qualifications, une course impliquant 20 voitures émet 15 à 20 tonnes de CO2. Il faut évidemment y ajouter les émissions liées au transport du matériel et des techniciens (30 tonnes et 60 personnes par écurie). Et ajouter également le transport des dizaines de milliers de spectateurs. Un exemple : le Grand Prix du Canada a émis près de 4.000 tonnes de CO2 en 2019. Sur une année (2019), la saison de Formule 1 émet donc plus de 250.000 tonnes de CO2, dont 17.500 tonnes pour les seuls bolides (source).
Comme il l’a déjà fait, de manière bien peu éclairée, pour les avions long-courrier de l’aéroport de Nice, le maire greenwasher de Nice pourrait annoncer que les bolides de la Formule 1 seront « propres » d’ici quelques années : tout cela est évidemment totalement illusoire. 10% de bioéthanol mélangé à l’essence ne règlera pas de sitôt le problème des émissions CO2 de la F1. Pour la simple raison que les émissions globales de ce sport ne se résument pas à celles de ses voitures. Nous l’avons vu : le transport des écuries, du personnel et du fret, celui des millions de spectateurs, les entraînements et les épreuves qualificatives, etc. : tout cela émet beaucoup plus que les seules voitures de course engagées sur les circuits (source). Et les émissions ne se résument pas davantage à celles des pots d’échappement : biocarburant ou pas, les nuisances sonores envahissent les circuits et leurs abords. Et ici, nous parlons de la ville des Niçois…
Ah oui, nous allions oublier ! Ce grand prix F1 dans les rues niçoises aurait aussi un coût faramineux : financier, environnemental et climatique, sanitaire (pollution et bruit)… Les F1 modernes à effet de sol ont besoin d’une piste parfaitement lisse et plane, donc il faudrait asphalter tout le tracé chaque année, souder les bouches d’égout et occulter les rails du tram éventuellement. Sans parler de tout ce qui touche à la sécurité… Bref, un condensé de folie !
Si vous voulez vous opposer à ce projet insensé !
Le collectif citoyen 06 a émis une pétition Change.org pour vous permettre de vous engager contre ce projet irresponsable. Nous ferons le maximum pour nous opposer à ce projet insensé !
Si vous souhaitez la soutenir, c’est ici (cliquez sur l’image !) :
Épilogue
Samedi 23 juillet 2022, sous les coups de la résistance citoyenne, avec notamment une pétition ayant collecté 2029 soutiens, dont nous remercions vivement les signataires, le maire Estrosi a fini par jeter l’éponge, en abandonnant l’idée folle d’un Grand Prix de France de Formule 1 à Nice.
Comment l’a-t-il exprimé ? Par un laconique « Les conditions ne sont pas réunies« . Parce qu’évidemment, ce ne sont pas les impacts environnementaux et sanitaires qui lui font souci, mais bien plutôt les « conditions » qui ne sont malheureusement pas réunies pour qu’une telle folie ait lieu dans les rues de Nice…
Voilà qui en dit long de cet élu resté coincé dans le XXème siècle et ses Trente Glorieuses !
Fin de l’histoire. Mais nous restons vigilants, car la bête bouge encore…