La transition du transport public niçois : un imbroglio !
L’état du parc de bus niçois aujourd’hui
En 2021, la Régie Lignes d’Azur utilisait une flotte de 434 bus, pour un kilométrage moyen de 20 millions de kilomètre par an, répartis de la façon suivante :
- 227 bus urbains gérés par RLA, en propre MNCA (chiffre 2020) : 52,3%
– 19 minibus
– 44 GNC
– 6 électrique
– 158 diesel - 207 en sous-traitance (chiffre 2019) : 47,7%
- Image copyright CC06
A partir de 1998, le réseau niçois a commencé à se doter de bus fonctionnant au Gaz Naturel Véhicules (GNV), et visait une cible de 60 bus en 2022, en principe alimentés par du bioGNV produit par les eaux usées de la station d’épuration des eaux usées de Cagnes-sur-Mer. Cette cible correspond au maximum de production locale (selon l’ADEME), compte tenu du bassin de population locale.
Qu’annonce la municipalité-métropole ?
Les élus de la majorité métropolitaine niçoise multiplient les annonces d’une décarbonation intégrale de la flotte de bus Régie Lignes d’Azur (RLA) à l’horizon 2025. La décarbonation (zéro carbone) suppose l’élimination de tous les bus à énergie fossile : diesel, gaz GNV, voire même bioGNV (puisque toujours composé de méthane CH4).
L’énergie « propre » restante est donc l’électricité verte (énergies renouvelables) ou jaune (énergie nucléaire), ainsi que l’hydrogène issu de l’électrolyse réalisée à partir de cette électricité.
En mai 2022, Christian Estrosi a annoncé (sur CNews) qu’en 2025, 50% des bus niçois seraient électriques et 50% à hydrogène vert, produit localement. Malheureusement, il y a anguille sous roche…
Pourquoi le plan annoncé n’est pas crédible ?
– Parce que les annonces publiques ne sont pas en phase avec le plan d’investissement voté par la métropole en 2021. Deux exemples :
- Ce plan prévoyait l’achat de 47 bus GNV entre 2021 et 2022 (à plus de 500.000 euros le bus), soit deux à trois ans avant leur retrait annoncé de service !
- Aucun bus à hydrogène n’était prévu avant 2025. Le plan n’évoquait que des études, ainsi qu’une expérimentation de bus à l’hydrogène au printemps 2021.
– Parce que rien n’est dit des plus de 200 bus roulant en sous-traitance au profit de la Régie Lignes d’Azur, soit quasiment la moitié de la flotte ! Le flou règne magistralement.
– Parce que le territoire niçois est une péninsule énergétique, puisqu’il importe 90% de son énergie.
- Or, produire de l’hydrogène « vert » à partir de l’eau (électrolyse) nécessite beaucoup d’énergie (plus de la moitié de perte avec un rendement ne dépassant pas 50%), et cet hydrogène « vert » coûte aujourd’hui 2 à 3 fois plus cher que l’hydrogène produit à partir du gaz naturel (hydrogène « gris » par procédé de reformage).
- Or, construire des centrales d’électrolyseurs nécessite des investissements extrêmement lourds, lesquels restent peu clairs à ce jour : bien peu d’informations circulent sur la station Monanhyssa annoncée initialement à Nice en 2024 (pour un budget de 45 M€).
- Or de l’hydrogène « vert » produit localement, comme annoncé, suppose que les énergies renouvelables (EnR) locales soient massivement mobilisées pour les bus RLA. A défaut, il serait fait appel au réseau RTE fournissant de l’électricité majoritairement d’origine nucléaire, et produisant de l’hydrogène « jaune », et non « vert »…
Des citoyens niçois y voient-ils plus clair que nous sur la transition de leur flotte de bus ? Tous ces choix auront naturellement d’énormes incidences budgétaires, les coûts de possession (TCO) et d’infrastructures étant très différents selon les options retenues.