Les vulnérabilités de Nice l’insécurisent
La notion de sécurité est ici à prendre au-delà de sa définition restrictive – délinquance, terrorisme – communément véhiculée par la municipalité. Effectivement, la sécurité est un concept beaucoup plus étendu que le seul angle sécuritaire. A titre d’exemple, en France, les fléaux sociaux causent chaque année près de 200.000 décès (tabac 75.000, pollution 70.000, alcool 40.000, accidentologie routière 3.000), contre 800 homicides annuels et 15 victimes du terrorisme islamiste par an (en moyenne depuis l’an 2000). Même si la ville de Nice a été particulièrement frappée par le terrorisme, il n’en demeure pas moins que la seule pollution de l’air y tue prématurément 500 habitants chaque année…
En effet, notre territoire est perclus de vulnérabilités qui ne manqueront pas, si aucun changement de cap n’intervient, de frapper la population durant les crises à venir. Le rôle premier de la municipalité devrait être de protéger les Niçois.
Bien entendu, certains aléas ne sont pas liés directement aux activités humaines. C’est le cas des séismes. Les Alpes-Maritimes sont d’ailleurs en zone 4 (risque sismique modéré), et ont déjà connu des catastrophes (ex : « séisme ligure » de 1887) ou de sérieuses alertes (1989, 2001). Voir ici.
Voyons à présent les autres vulnérabilités.
L’extrême dépendance de notre territoire au tourisme le fragilise
Par deux fois, l’activité économique de Nice s’est effondrée. Par deux fois, les touristes ont déserté la ville : après les terribles attentats de 2016 et suite à la crise Covid 19. Et cela est bien de la responsabilité de la municipalité qui, depuis des années et malgré les alertes et les recommandations, n’a pas jugé utile de diversifier les activités économiques de Nice, et de baisser notre vulnérabilité à ne dépendre que du tourisme prédominant.
Comme pour l’alimentation et l’énergie, nous dépendons à outrance de la manne touristique.
Or cette manne correspond naturellement à un flux financier importé vers notre territoire…
Nice n’a que 3 jours d’autonomie alimentaire
Cette ville importe en effet – depuis les autres départements ou du monde entier – 98% de ce que mangent ses habitants, sans compter les millions de touristes annuels.
Depuis des décennies, la municipalité préfère le béton à la nourriture. La Plaine du Var, cette terre si fertile qui a nourri Nice pendant des siècles, n’est plus qu’un immense espace de béton, de constructions, de bureaux et d’hypersurfaces commerciales, de routes et de parkings. Et cela s’est accentué depuis qu’un certain élu niçois, temporairement ministre de l’aménagement du territoire, a imposé à l’État de placer cette plaine fertile sous la tutelle d’une opération d’intérêt national (OIN), autorisant ainsi, sans contrainte, sa bétonisation et ouvrant un boulevard aux entreprises du BTP national : Vinci, Fayat et Bouygues, assistés de BNP Paribas Immobilier, IBM, CISCO, Demetech, EDF, GDF Suez et Veolia, Cogedim, Linkcity (une filiale de Bouygues Construction). Certains contrats BTP se retrouvant sous le régime contestable de partenariats public-privé (PPP).
Ces millions de m2 de béton empêchent dorénavant, ou rendent beaucoup plus difficile, le développement d’une agriculture locale qui permettrait à Nice d’être moins dangereusement dépendante des importations alimentaires des Niçois.
L’association Les Greniers d’Abondance a mis en place l’outil CRATer (calculateur de résilience alimentaire des territoires) : vous trouverez ici le diagnostic pour le territoire niçois.
Écouter ici l’interview du Collectif Citoyen 06 sur les ondes d’Agora Côte d’Azur, le 6 décembre 2022 :
Notre territoire sous stress hydrique croissant
La sécheresse croissante, en 2022 et 2023, nous fait prendre conscience du caractère précieux des ressources en eau. Le dérèglement climatique accentue déjà les sécheresses sur tous les continents, mais aussi dans les Alpes-Maritimes, tant en fréquence qu’en intensité.
Le préfet des Alpes-Maritimes a décidé d’étendre le stade d’alerte sécheresse à la quasi-intégralité du département des Alpes-Maritimes, dès le mois de mai 2022, avec un ensemble de restrictions à la clé. Ses services ont annoncé que le bilan de la saison de recharge en eau du département (du 1er septembre au 24 mars 2022) était très déficitaire sur la totalité du territoire : déficit de 40 % à 60 % par rapport à la normale. Mêmes constats et mêmes mesures en 2023. Cette situation doit nous alarmer (risques de pénurie d’eau, perte des récoltes, risques d’incendies de forêt, etc.) et doit nous faire réagir. Il est temps de réaliser l’impact du dérèglement climatique et de diminuer fortement nos émissions de gaz à effet de serre.
Cette situation de sécheresse n’empêche pas la mairie de Nice, ou la Préfecture des Alpes-Maritimes, de signer des permis de construire (résidences avec parkings souterrains) induisant des pompages de nappes phréatiques pour assécher les soubassements des terrains à construire, et donc un assèchement total des puits des parcelles voisines (un « bel » exemple actuellement sur Nice Saint-Roch)… Ces abus pourraient enfreindre la loi n° 92-3 du 3 janvier 1992 sur l’eau : à creuser ! (image Une de Nice-matin du 18 février 2023)
Pour accéder aux données sur l’état des eaux souterraines, ce site ADES.
Nice dépend des autres pour 90% de son énergie
Faute d’une politique énergétique locale ambitieuse, Nice est obligée d’importer 90% de son énergie consommée. Cette situation la rend dangereusement dépendante, et donc extrêmement vulnérable, à l’heure de fortes tensions sur les prix et les approvisionnements des énergies.
Faute d’une politique énergétique locale ambitieuse, la métropole niçoise est obligée d’importer 90% de son énergie consommée, ce qui la rend dangereusement dépendante, et donc extrêmement vulnérable, à l’heure de fortes tensions sur le prix des énergies. Même le Plan Climat (PCAET 2019-2025, Bilan et stratégie, page 75) le confirme : « La Métropole de Nice Côte d’Azur reste dans sa globalité dans une péninsule électrique, notamment sur sa partie nord ». Dans le même document (page 90), on lit qu’en 2016 « l’énergie produite par les panneaux photovoltaïques actuellement installés sur le territoire couvre 0,6% des besoins en électricité ». Quant au solaire thermodynamique, il n’existe carrément pas d’installation de production sur le territoire.
Nice ne produit que 0,6% d’électricité solaire
Pourtant, les pays voisins de la Méditerranée ont depuis longtemps développé l’électricité photovoltaïque et le solaire thermique, d’autant que le soleil n’envoie pas de facture. A Nice, seulement 0,6% de l’électricité consommée est produite à partir du solaire, qui est pourtant en abondance, puisque l’ensoleillement est ici 60% supérieur aux autres régions de France (2.700 heures par an contre 1.700 sur le pays).
Nice est une des villes-métropoles les plus endettées de France !
4.410 euros. C’est la dette cumulée (ville et métropole de Nice) de chaque habitant en 2019, soit +153% depuis 2007… Sans compter tous les dispositifs de captation de financement de l’État, voire de l’Europe, qui sont aussi, faut-il le rappeler, de l’argent public payé par les contribuables. On vit donc à crédit à Nice.
La Métropole Nice Côte d’Azur a le taux de surendettement le plus élevé de toutes les communautés d’agglomérations du département des Alpes-Maritimes.
Quant à la ville de Nice, sa capacité de désendettement s’étale sur 53 ans, très au-delà du seuil critique de 15 ans.
Tous ces indicateurs (surendettement, autofinancement…) sont dans le rouge à Nice. Il est temps de dire STOP aux projets coûteux et inutiles et au train de vie largement au-dessus de nos moyens !
Source : Nice-Matin du 6 février 2023 et Observatoire des finances et de la gestion publique locales.
Et il faudra bien que les Niçois, et leurs enfants, remboursent leurs dettes (la remontée des taux directeurs va même alourdir le poids de cette dette). De ce point de vue là aussi, Nice n’est pas sécurisée.
Nos propositions ici : Prendre le cap de la résilience !