Le service militaire, oui, mais pour les autres…

Retour des tambours et trompettes
Le 12 juillet 2025, le général Thierry Burkhard, chef d’Etat-major des Armées (CEMA), plus haut gradé de l’armée française, donne une conférence de presse – fait rarissime, au cours de laquelle il évoque l’environnement stratégique dégradé et la superposition périlleuse des crises. Le lendemain, lors de son traditionnel discours aux Armées, c’est au tour du chef des Armées, Emmanuel Macron, d’évoquer ce contexte, justifiant ainsi le doublement du budget de la Défense à l’horizon 2027.
Ainsi, telle un sous-marin nucléaire lanceur d’engins, la question du retour du service militaire refait surface. Rappelons que la conscription – qui était une forme de réquisition de certains citoyens français, devenue service militaire puis service national, a été suspendue par Jacques Chirac, avec la loi n° 97-1019 du 28 octobre 1997, il y a donc près de trente ans. Ce service a été plus ou moins ‘’remplacé’’ par notamment le SNU, Service National Universel (en expérimentation depuis 2019 et généralisé à partir de 2026, selon l’annonce de l’ancien premier ministre Gabriel Attal en 2024), davantage axé sur une forme d’engagement civique.
Emmanuel Macron a donc évoqué un « nouveau cadre pour la jeunesse » à l’automne 2025, plusieurs options étant sur la table présidentielle, dont celle d’un … retour du service militaire. La conscription « universelle et obligatoire » avait été créée dans le sillage de la Révolution française de 1789 et de l’idéal révolutionnaire d’un peuple formé de ‘’citoyens soldats’’ par la loi Jourdan-Delbrel du 5 septembre 1798, et concernait tous les Français âgés de 20 à 25 ans. 227 ans plus tard, le concept n’a donc pas disparu.
En Europe, seuls 7 des 27 États membres de l’Union européenne (UE) maintiennent encore un service national obligatoire. Mais depuis les frasques guerrières poutiniennes, il se pourrait que ce chiffre reprenne de l’élan. Citons d’ailleurs le cas de la Norvège, premier pays européen à rendre obligatoire le service militaire pour les femmes.
Qui pousse ce retour du service militaire ?
Environ 2 Français sur 3 sont favorables à un retour du service militaire obligatoire, mais ce soutien varie selon l’âge (86% chez les 60 ans et plus), l’idéologie politique, et surtout la forme envisagée (militaire, civique, mixte).
Ce retour est plus clairement plébiscité par la droite de l’échiquier politique français : 72% des sympathisants LR, et même 77% au RN, sont pour ce rétablissement. Un exemple, avec Éric Zemmour, qui, lui-même exempté de service pour des problèmes de genoux, milite pour un service national renforcé, lié au patriotisme et à la puissance.
Et dans les Alpes-Maritimes ?
Christian Estrosi, maire de Nice et président de la métropole, s’est déjà prononcé en faveur du retour du service militaire (Twitter, 2018). Son frère ennemi et néanmoins député Éric Ciotti, quant à lui, est un ardent défenseur de ce retour.
Mais… nulle trace de service militaire pour le premier (ce qui n’induit aucune certitude, mais laisse planer quelque interrogation légitime), et exemption de service pour le second, pour cause de grossesse de sa conjointe.
Elargissons le scope. Aucune trace de service militaire, non plus, pour Charles-Ange Ginésy, président du conseil départemental. Idem pour les élus Yves Juhel (Menton), Louis Nègre (Cagnes-sur-Mer), Richard Chemla (3ème adjoint de la ville de Nice), Gérard Baudoux (9ème), Philippe Soussi (11ème adjoint), Jean-Luc Gagliolo (13ème), Pascal Condomitti (15ème), Marc Concas (25ème), Philippe Pradal, Jacques Richier, Patrick Mottard, Rudy Salles, Patrick Allemand, Olivier Bettati, Hervé Caël, Jean Léonetti (maire d’Antibes), et d’autres. Parmi les trop jeunes pour avoir été concernés (nés après le 31 décembre 1978), citons Philippe Vardon, de l’extrême droite niçoise, ou encore Gaël Nofri et Anthony Borré.
Parmi les très rares à avoir répondu à l’appel des drapeaux : David Lisnard (maire de Cannes), Pierre-Paul Leonelli (5ème adjoint de Nice), ou encore Robert Roux.
Exemptions

Sans même parler du tirage au sort et du remplacement, pratiques en vigueur sur la première moitié du XIXème siècle, rappelons que le service militaire est resté assez inégalitaire jusqu’à sa suspension, entre les exemptions médicales, les soutiens de famille, les objecteurs de conscience, les étudiants de longue durée, ou encore les jeunes affectés à des services civils. Le taux d’exemption était d’environ 20% à 30% selon les sources.
Mais notre petit doigt nous souffle qu’il pourrait avoir été un peu supérieur chez les futurs hommes politiques des Alpes-Maritimes… Ah, ils sont de droite ?