L’aéroport Nice Côte d’Azur a totalement perdu le cap !
Dans un communiqué paru le 21 novembre 2023 dans les colonnes de Nice-matin, l’aéroport Nice Côte d’Azur affirmait que son projet d’extension T2.3 portera la capacité d’accueil à « 18 millions de passagers, soit 2 millions de plus qu’actuellement », indiquant également qu’« entre 2012 et 2019, il a accueilli 3 millions de passagers en plus, sans le moindre mouvement d’avion supplémentaire ». Le communiqué s’achèvait par une invitation à consulter les « données exactes » sur son site Internet.
Nous dénonçons ces affirmations rigoureusement inexactes et trompeuses de la part de l’aéroport, et tenons à repréciser les données officielles.
Capacité de l’aéroport de Nice
Le dossier de l’aéroport Nice Côte d’Azur, devenu une pièce officielle dans le cadre du recours juridique en cours (audience d’appel le 30 novembre à Marseille), indique une capacité hors projet T2.3 de 17 millions de passagers, portée à 21,6 millions de passagers par an avec le projet T2.3. Par rapport à 2019 (date de la rédaction du permis de construire validé début 2020), cela représente une augmentation de 7,1 millions de passagers supplémentaires par an – soit +50% d’augmentation – et non 2 millions, comme le prétend l’aéroport !
Augmentation passée du trafic aérien
Par ailleurs, les données officielles de la DGAC (Délégation Générale de l’Aviation Civile), et non celles du site commercial de l’aéroport, indiquent en effet qu’entre 2012 et 2019 :
- Le trafic passagers a augmenté de 4 millions de passagers (et non pas 3 millions), soit +38%,
- Occasionnant une hausse du trafic aérien de 16.300 mouvements, soit +11%, et non pas zéro, comme le prétend l’aéroport !
Augmentation prévisible d’ici 2030
Pour déterminer cette hausse prévisible du trafic aérien, nous nous fondons sur les derniers rapports relatifs à l’activité aérienne de l’aéroport de Nice :
- Période 2000 à 2021 : rapports annuels DGAC
- Période 2022 et 2023 (à date) : rapports mensuels de la société Aéroports de la Côte d’Azur
- Période 2007 à 2021 : relevés AtmoSud Cigale (émissions de GES et polluants)
La position de l’aéroport de Nice est fondée sur la décorrélation supposée entre la hausse du nombre de passagers et celle du nombre de mouvements aériens. Cette décorrélation permet de minimiser faussement la hausse du trafic aérien et ses impacts sur l’environnement et les populations locales.
Or l’analyse historique des données de l’activité commerciale de l’aéroport les plus récentes démontre les points suivants :
- LONG-TERME : entre 2010 et 2019 (avant Covid-19), le taux de corrélation entre ces deux facteurs (passagers/mouvements) est de 3,5 :
- Sur cette période de 9 ans, le trafic passager a augmenté de +51% et le trafic aérien (mouvements) a augmenté de 14,6%.
- COURT-TERME : de 2020 à 2023 (à date), ce taux se détériore, subissant une diminution, signifiant que les hausses de trafics aérien et passager sont encore plus corrélés que sur la période précédente. Sur la période comparée « janvier-juin » des deux annuités 2022 et 2023 (manque le bilan de juillet), le taux constaté est 2,6 :
- La comparaison des deux premiers semestres 2022 et 2023 indique une hausse du trafic passager de +20,3% pour une hausse du trafic aérien (mouvements) de +7,8%.
L’incidence de cette analyse est particulièrement importante pour le dossier d’extension T2.3 :
- Le dossier d’extension de la société Aéroports de la Côte d’Azur indique que ce projet permettra d’accueillir 21,6 millions de passagers d’ici 2030, soit +49% entre 2019 et 2030. L’année 2019 s’est conclue sur un trafic commercial de 166.300 vols (mouvements).
- L’application de ces taux de corrélation donne, à l’horizon 2030 :
- Une hausse de 23.280 vols par an (taux de 3,5), soit +20.000 tonnes de CO2 émises localement, ou +122.000 tonnes (avec les demi-croisières)
- Une hausse de 31.340 vols par an (taux de 2,6), soit +26.600 tonnes de CO2 émises localement, ou +164.500 tonnes (avec les demi-croisières)
Quels impacts sanitaires avec cette hausse de trafic aérien ?
Une étude très récente parue dans la revue scientifique The Lancet en juillet 2023 a détaillé les impacts sanitaires des différents secteurs d’activité sur 857 villes européennes, dont la ville de Nice, abritant une population de 168 millions d’adultes : « Spatial and sector-specific contributions of emissions to ambient air pollution and mortality in European cities : a health impact assessment ».
Concernant la ville de Nice, pour les seuls polluants PM2,5 et NO2 :
- La pollution tue prématurément 273 personnes chaque année :
- Les transports tuent prématurément 179 personnes, chaque année, soit les 2/3 de la mortalité prématurée
- Enfin, l’aérien tue prématurément 32 personnes chaque année à Nice (PM2,5 et NO2, sans compter les autres polluants)
- L’aérien contribue aux morts prématurées NO2 et PM2,5 à hauteur de 11,7% pour Nice vs 2,1% pour l’ensemble des 857 villes européennes, soit 5,5 fois plus (aéroport urbain) !
Or les émissions de PM2,5 et de NO2 attribuées au trafic aérien de l’aéroport de Nice sont en hausse régulière de 2010 à 2019 (pré-Covid-19) (données AtmoSud Cigale) :
- Particules fines PM2,5 : +13,7%
- Oxydes d’azote NOx : +40,1%
- Pour information : émissions de gaz à effet de serre (CO2eq) : +23% en local (LTO) et +31% avec les demi-croisières.
La hausse du trafic aérien sur l’aéroport de Nice, déjà responsable de plusieurs dizaines de décès prématurés par an, va donc occasionner de manière certaine une hausse de ces décès prématurés ainsi que de très nombreuses pathologies d’ordres cardiovasculaire et pulmonaire. Sans omettre la hausse des émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique…