Nice, une ville (vraiment) verte ?
La ville-métropole de Nice annonce la création d’un ‘’Grand Parc Paysager’’ (GPP) dans la Plaine du Var, également nommé ‘’Grand Parc de la Plaine du Var’’ (GPPV). Un parc d’une surface annoncée entre 20 et 30 hectares. Un vrai ‘’nouveau poumon pour la ville verte de la Méditerranée’’. Nous nous félicitons naturellement de tous ces projets de végétalisation urbaine, qui verdissent l’environnement des habitants et sont bénéfiques pour la santé et le bien-être.
Toujours dépasser l’effet carte postale et la com’
Mais, comme toujours, il convient de dépasser la façade communicationnelle pour mettre en perspective ces bénéfices.
Ce projet de parc représente, avec sa surface de 30 hectares, seulement 0,3% de la superficie de la Plaine du Var (10 000 ha) et 0,4% de celle de la commune de Nice (7 200 ha).
Ce projet de parc devrait permettre une réduction de 112,5 tonnes de CO2, selon le site de la métropole NCA. Nous sommes donc au cœur d’une vraie politique d’écologie urbaine.
Mais, mais… Que représentent vraiment ces 112,5 tonnes ? La métropole niçoise a émis un peu plus de 2 millions de tonnes de CO2eq en 2022 (source AtmoSud Cigale). Le GPPV représente donc 0,005% des émissions annuelles de la métropole.
Toujours sur la question des émissions de gaz à effet de serre, le maire de Nice a apporté à plusieurs reprises son soutien très actif au projet d’extension de l’aéroport de Nice. Or la dernière étude d’impact officielle de la société privée gestionnaire laisse apparaître une hausse prévisible de +370 000 tonnes de CO2eq par an d’ici 10 ans. Autant dire que les 112,5 tonnes de CO2 n’effaceront pas cette hausse d’émissions, puisqu’elles n’en représentent que 0,03%…
Il est également annoncé la plantation de … 140 000 arbres sur ce GPPV. Or, ce chiffre paraît totalement irréaliste : une forêt comprend généralement autour de 1 500 arbres à l’hectare, soit 45 000 arbres, et non 140 000, soit 3 fois moins qu’annoncé…
Si nous considérons cette fois l’extension de 8 hectares de la coulée verte et le GPPV de 30 hectares, nous parvenons à 50 hectares de parc urbain. Or, l’’’Opération d’Intérêt National’’ (OIN) de l’Ecovallée a généré l’urbanisation de plusieurs centaines d’hectares sur les terres fertiles de la basse vallée du Var : technopole Méridia, quartier d’affaires Arénas… Des blocs de béton à perte de vue, baptisés de noms technomarchands.
Au-delà de la plus-value ponctuelle de ces projets, nul doute que cette végétalisation est un paravent vert pour le maire de Nice, qui saura pleinement en exploiter les fruits dans un an, à l’occasion des échéances municipales de 2026.
Une ville verte repose sur bien autre chose que quelques arbres !
Mais une politique authentiquement écologique ne se mesure pas qu’à l’aune de quelques bouquets d’arbres et de montages photoréalistes saturés de vert. Une ville verte est bien autre chose qu’une ville verdissant ses ‘’dents creuses’’. Pour qu’une ville soit écologiquement avancée, durable, engagée dans la transition écologique (et énergétique), il convient d’analyser précisément quelques indicateurs : son bilan PCAET (plan climat : réduction GES et polluants, qualité de l’air, adaptation climatique, EnR, consommations énergétiques, rénovations énergétiques, plan vélo et mobilité douce, etc.), son bilan PPBE (plan de prévention du bruit), son taux d’artificialisation des sols (PLUm), sa résilience alimentaire et économique, son niveau de précarité sociale et de pauvreté, sa modération touristique, sa biodiversité, la qualité de sa démocratie participative, etc.
Et là, concernant la ville-métropole de Nice, l’enthousiasme laisse place à de la circonspection, pour ne pas dire à de la déception ou à une … douche froide. Parce que ce n’est pas en répétant le mantra de la ‘’ville verte de la Méditerranée’’ que les bilans deviendront meilleurs. La pensée magique ne fonctionne pas. C’est bien plutôt en agissant de manière forte, ambitieuse et cohérente. A bon entendeur, salut !