Sécurité alimentaire : et si on arrêtait d’amuser la galerie à Nice ?
Ce 7 septembre 2024 a eu lieu sur la Coulée verte à Nice la fête de l’agriculture urbaine, annoncée par la Métropole Nice Côte d’Azur comme le « 1er forum… « mondial » de l’innovation et de l’agriculture urbaine ». Il est un fait que Christian Estrosi et ses équipes sont coutumiers de cette grandiloquence désuète.
Ce Forum a été coorganisé par l’association Landestini basée dans le Cantal en Auvergne, dont nous louons le travail. Nous encourageons d’ailleurs ses fondateurs Henri Landes, Fanny Agostini et leurs collaborateurs. Mais encore une fois, nous dénonçons avec force la récupération et l’agriwashing de la MNCA dirigée par CE. Pourquoi ?
Pourquoi Estrosi ne fait que de l’agriwashing ?
Pour plusieurs raisons :
– Notre territoire connaît une insécurité alimentaire critique, avec une autosuffisance alimentaire de 1% ! Un niveau qui a même ému le préfet Hugues Moutouh lors de son arrivée dans les Alpes-Maritimes…
– L’agriculture urbaine, c’est très bien ! Notamment sur le plan de la solidarité et du lien social. Et nous félicitons tous les acteurs et actrices qui œuvrent dans ce domaine. Mais il faut le répéter ici : elle est tout à fait insuffisante pour remonter le niveau de notre autosuffisance. La métropole niçoise ne prévoit d’ailleurs que de préserver 6,5 hectares (sur les 10.000 ha de la plaine du Var) et d’installer une poignée de quelques potagers en ville. Or il faudrait des centaines d’hectares, voire davantage, pour nourrir le bassin de population locale : un demi-million d’habitants vivent sur la métropole, auxquels il faut ajouter les 5 millions de touristes annuels. Beaucoup de bouches à nourrir, donc…
– Facteur aggravant : le maire organisateur de ce forum, Christian Estrosi, est le même maire qui mange les terres fertiles en bétonnant frénétiquement la plaine du Var, qu’il a eu l’outrecuidance de baptiser « Ecovallée » ! Elle est pourtant devenue la Bétonvallée du Sud-Est de la France. Faut-il lui rappeler que le béton n’est toujours pas comestible ?
– Un autre facteur concerne l’énorme déprise agricole que notre connaît notre territoire : 1/3 des surfaces agricoles y ont disparu en seulement 10 ans, sous la pression d’une spéculation foncière hallucinante. Et la moitié des exploitants agricoles cesseront de travailler dans les 10 ans à venir.
Et le PAT, alors ?
Il existe un outil majeur pour piloter ces questions agroalimentaires et de sécurité alimentaire : le Projet alimentaire territorial (PAT). La Métropole NCA, très en retard sur de nombreuses intercommunautés françaises, avait fini par annoncer le sien en juin 2019 (sous la pression notamment du Collectif Citoyen 06). Résultat : 5 ans plus tard, en 2024, ce PAT n’est toujours pas opérationnel… En revanche, les bétonnières avancent avec bien plus de célérité.
Quelles solutions ?
Les solutions sont aussi connues qu’urgentes. Il faut urgemment :
– sanctuariser les terres fertiles résiduelles et arrêter cette urbanisation insensée, faite de béton, d’aménagements urbanistiques et de communication greenwashing.
– cesser cette politique irresponsable de course permanente à l’attractivité et au surtourisme. Rappelons ici qu’Estrosi soutient avec force l’extension de l’aéroport de Nice, qui induira un afflux supplémentaires de 7 millions de passagers annuels. Cette attractivité nuit aux Niçois-es, parce qu’elle entraîne une surfréquentation de leurs lieux de vie et une hausse générale des coûts (loyers, panier quotidien).
– rétablir une concertation sincère et élargie avec l’ensemble des acteurs, notamment de la société civile, de notre territoire : élus, préfet, entreprises, associations, citoyens impliqués.
En somme, il faut … ménager le territoire, et non plus seulement l’aménager (= urbaniser), comme cela est fait depuis des années. C’est une question de sécurité majeure pour les années à venir !
Et si l’agroalimentation était enfin prise au sérieux à Nice ?
Pour résumer, il serait peut-être temps de travailler sérieusement, et d’arrêter d’amuser la galerie. La sécurité alimentaire est un dossier éminemment sérieux. Nous tournons notre regard vers le maire de Nice et ses conseillers, notamment Richard Chemla (qui préfère nous ostraciser que de se confronter à nos critiques et propositions) et Catherine Moreau, qui ne semblent pas avoir pris la mesure du problème (ou se refusent à le voir). Ne leur en déplaise. C’est un constat, d’ailleurs à peu près identique au dossier climatique (plan climat PCAET)… La com’ est tellement plus facile.