Résistons ! Parce que le possible peut triompher de l’apparent impossible
Face aux mauvaises peurs et au péril : l’espoir et le changement par les citoyens !
Nous vivons un moment unique de l’Histoire, une période éminemment périlleuse. Pour en sortir, une seule voie pour survivre : une authentique révolution anthropologique, un vrai changement de cap et de vitesse. A tous les niveaux, dans tous les secteurs. A l’échelle locale comme globale.
L’escroquerie du néolibéralisme financiarisé
Nos modes de vie occidentaux reposent sur l’équivalent d’une gigantesque pyramide de Ponzi, celle qui caractérise les … escroqueries. Nos sociétés modernes reposent en effet sur une captation toujours accrue des richesses et des ressources du monde, un système de domination, d’exploitation et de pillage irréversibles, un système qui impacte tous les milieux de notre environnement, des abysses océaniques aux orbites spatiaux, en passant par les territoires terrestres et l’ensemble du monde vivant. Et personne, ni la planète, ne seront jamais remboursés. Le monde offrira jusqu’à ses derniers joyaux, mais ne récupèrera que des billets de papier froissé sur une planète en surchauffe. Les hyper-escrocs, les profiteurs-destructeurs et leurs collaborateurs, seront passés par là, mais après eux, le déluge !
Un aveuglement payé cash par une majorité des humains
Celles et ceux qui profitent de ce système, notamment les ultra-conservateurs, font leur maximum pour le maintenir en l’état, quoi qu’il en coûte. Quitte à condamner l’humanité. Parce que leurs profits à court terme, leur confort et leurs privilèges prévalent manifestement sur la sauvegarde de la planète et l’avenir des générations à venir. Parce que leur aveuglement et leur égoïsme sont d’une ampleur hallucinante, et qu’ils nous entraînent vers une forme d’aliénation de la conscience collective.
Les dirigeants politiques, et ceux du monde marchand, adoptent très majoritairement une vision offensive et agressive du monde, faite de rapports de force, de jeux d’appareils et d’alliances, de manipulations et de mensonges, de logique féodale (décentralisation). A cet égard, il faut relire « Du mensonge à la violence » de la grande Hannah Arendt, qui éclaire les mécaniques qui ont prévalu aux guerres « économicoloniales » (Vietnam, Afrique, USA, Irak, Amérique du Sud…).
Les lobbies industriels et financiers (mondialisés) sont arcboutés sur leurs intérêts et leurs dividendes. Reprenons ici les termes du sociologue suisse Jean Ziegler : le capitalisme (financiarisé) est un ordre cannibale, puissant, structurellement violent et immoral (« esclavagisme » moderne), écocidaire et criminel. Il profite à fond de la mondialisation, pratique un entrisme systématisé dans les lieux de pouvoir (parlements, par exemple) et dispose d’une gigantesque puissance financière et de moyens de pression colossaux (notamment via les tribunaux d’arbitrage dans le cadre des accords de libre-échange : l’Investment Court System (ICS) pour le CETA par exemple, grâce auquel les multinationales peuvent attaquer les Etats pour entrave à leur business, en cas de contraintes règlementaires, sanitaires ou environnementales).
Un soft power très violent
Tout ce petit monde nous impose également ses normes sociales et culturelles, un imaginaire composé de compétitivité (sans limite), de développement prétendument durable, de croissance soi-disant verte, de transition énergétique, de pub massive et de greenwashing, de neuromarketing et de technosolutionnisme : rien n’est laissé au hasard avec ce soft power, qui est en réalité un véritable hard power, à la violence inouïe. Les crises qui y sont liées ne sont évidemment pas plus soft !
Sortir des rêves et de la pensée magique du storytelling
En 2024, l’historien des sciences Jean-Baptiste Fressoz a commis un ouvrage très intéressant : « Sans Transition, une nouvelle histoire de l’énergie ». Ce livre démontre que contrairement à la croyance générale, aucune transition énergétique n’a jamais eu lieu dans le passé. Les vagues énergétiques successives, loin de se remplacer, se sont ajoutées les unes aux autres, comme en symbiose : au bois s’est ajouté le charbon, puis le pétrole et le gaz, puis le nucléaire et les énergies renouvelables. La consommation énergétique mondiale n’a jamais cessé de croître, les extractions de matières et les émissions de gaz à effet de serre ne font qu’augmenter. En outre, la dématérialisation promise par la numérisation et Internet n’est qu’une chimère. Pour éviter absolument de parler de sobriété, ou pire, de décroissance (la hantise, ou l’enfer des néolibéraux), on nous raconte de belles histoires de progrès énergétique, moins polluant, pour procrastiner et gagner du temps. Fressoz nous incite donc à vite sortir des rêves et des fantasmes, du storytelling vert et des contes de Noël pour affronter le réel.
Une évolution à contre-courant des nécessités
La période actuelle nous montre qu’au lieu d’un apaisement, le climat politique tourne à l’ultra conservatisme, souvent proche des mouvements religieux intégristes (y compris chez les chrétiens), à l’isolationnisme (Brexit, Républicains étatsuniens), au libertarianisme décomplexé (Javier Milei en Argentine par exemple), au bellicisme nationaliste et à la droitisation, à l’enfermement, à la crispation et au rejet (racisme, antisémitisme, islamophobie, homophobie, antiféminisme), à la militarisation des forces de l’ordre et à la surveillance de masse liberticide, à la fabrique du consentement même sur l’inacceptable, et à l’hyper-communication manipulatrice, digne des théories du psycho-sociologue Gustave Le Bon en 1895 (« Psychologie des foules »).
En Europe, il existe d’ailleurs un véritable agenda d’extrême droitisation et d’antilibéralisme, mis au jour avec la nouvelle « Alliance Patriotique » de Viktor Orban, à laquelle le Rassemblement national de Marine Le Pen et son poulain Bardella ont adhéré illico. Un agenda qui met dans les cordes un vaste projet écologique et social européen.
La société des citoyens doit devenir le plus puissant des lobbies
Face à ces dérives, pourquoi les citoyens ne déborderaient-ils pas ces populismes locaux, régionaux et nationaux, et ces intérêts marchands et financiers, par une alliance transnationale, supranationale, des peuples (en Europe, autour de la Méditerranée et au-delà) ? Que nous empêche d’imaginer un vaste mouvement populaire non partisan pour défendre la démocratie, l’avenir, le vivant et la solidarité : une mobilisation puissante et ultra-déterminée, non violente (mais intégrant les principes de la désobéissance civile), radicale, dans le sens d’un retour aux racines ? La société civile et citoyenne doit, et peut devenir le plus puissant des lobbies.
Les défis sont colossaux et urgents : égalité des peuples, des femmes et des hommes, réduction des injustices sociales et protection des personnes vulnérables, éducation, prévention, laïcité, pacifisme, écologie massive et sincère.
Nous n’avons plus besoin de diagnostics et de rapports, qui abreuvent les ministères depuis des décennies, mais nous avons un impérieux besoin d’action collective et de retour du sens. Dans un monde de plus en plus individualiste, qui aura fragilisé les syndicats et les partis politiques classiques, il s’agit d’abattre le consumérisme et l’individualisme entretenu par le système capitalo-marchand. JB Fressoz, déjà cité, nous explique néanmoins que faire tomber le capitalisme ne suffira pas, en tout cas dans sa forme actuelle d’hyper-financiarisation. Il convient donc de se rappeler les propos de Jean Ziegler (« Les murs les plus puissants tombent par leurs fissures »), ou de Raoul Vaneigem (« Appel à la vie contre la tyrannie étatique et marchande »), et de créer un vrai projet à hauteur d’enfants, pour reprendre les beaux termes de Fatima Ouassak (« Pour une écologie pirate »). Les citoyen-nes engagé-es dans la Convention Citoyenne ont montré la puissance de l’intelligence collective, quand elle est focalisée sur l’intérêt commun.
L’utopie comme « le désir du tout autre » !
L’ancien premier ministre Michel Rocard définissait l’utopie comme « le désir du tout autre ». Dans ce sens, il nous faut être utopiques, et désirer de toutes nos fibres tout autre chose que le consumérisme, la perte de valeurs, la violence et les injustices.
Le possible peut triompher de l’apparent impossible, et nous n’avons pas cinquante ans devant nous pour éveiller collectivement nos consciences. Car le temps presse.
PS : précisons aux haters qui seraient tentés de nous cataloguer de manière manichéenne, que ces propos ne sont pas ceux de marxistes-léninistes, ou de dangereux extrémistes, mais ceux de citoyens qui s’interrogent sur la marche du monde, et de la façon de le sortir de l’ornière : par le haut, et non par les crises et les catastrophes.