Les « cafés de l’écologie positive » à Nice : combien de temps va encore durer ce théâtre ?
Des citoyens venus écouter des experts, mais contraints d’entendre du verbiage politique…
Nice, le 7 juillet 2023 : le « 5ème café de l’écologie positive » n’a pas été différent des précédents : un théâtre tout à fait indécent. Cette fois, l’idée était pourtant de permettre aux Niçois-es de rencontrer et d’échanger avec des experts du « Haut Conseil du Climat » de Nice, une entité « faire-valoir » mise en place début 2023 par Christian Estrosi. En lieu et place, 80% du temps de parole aura été monopolisé par Richard Chemla, adjoint environnement-santé du maire de Nice, et Olivier Bettati, un expert en opportunisme bien connu des Niçois-es, avec des propos lénifiants, des diversions et des exemples hors-sujet ou chronophages (ahh, l’histoire du bateau polluant refusé dans le port de Nice… De quoi écrire un roman tragi-comique : « L’héroïsme de pacotille d’Olivier » !). Mais le plus regrettable est que le rare public (non-métropole) présent aura finalement très peu entendu les trois experts climat présents : Damienne Provitolo (directrice de recherche CNRS – UMR Géoazur), Jean-Pierre Gattuso (directeur de recherche au Laboratoire d’Océanographie de Villefranche, CNRS, et Sorbonne Université) et Nicolas Peraudeau (économiste à l’ADEME, énergies renouvelables et de récupération)…
Une question climat : pas de réponse !
Une seule question a concerné le cœur du sujet : le climat. Elle aura été posée par les représentants du Collectif Citoyen 06 : quelle stratégie est-elle envisagée pour accélérer très fortement le taux de réduction des émissions de gaz à effet de serre (EGES) de la métropole NCA ? Pourquoi cette question ? Parce que la métropole de Nice réduit annuellement ses EGES de -0,9% (et même -0,3% en format PCAET avec les sources additionnelles : aéroport et port), au lieu des -4,3% auxquels s’était engagé Christian Estrosi en 2021, afin d’atteindre les -55% d’émissions en 2030. Vous avez bien lu : à Nice, le taux annuel de réduction des émissions de gaz à effet de serre est entre 5 et 16 fois trop faible (selon le périmètre retenu) ! Pire, l’intégration de l’ensemble des émissions territoriales de la Métropole Nice Côte d’Azur montre une hausse des émissions et non une réduction : à contre-sens de la trajectoire… D’où la question très légitime du Collectif Citoyen 06 !
Mais la question à peine posée, Richard Chemla, bien embarrassé, s’est empressé d’envoyer le jeune Romain Cardelli, une jeune mouche du coche, déplacer le micro vers un autre participant, évidemment plus arrangeant (le « jeu du micro » est systématique avec ces individus). Nous avons, bien sûr, protesté et demandé une réponse (comme cela avait été fait pour les autres questions). En retour, nous avons été gratifiés de remarques tout à fait inappropriées et autoritaires de Richard Chemla, de l’experte Damienne Provitolo (visiblement déjà dans le « moule » estrosien) et du non-expert Olivier Bettati. Une diversion classique, mais pathétique : quand les chiffres (sourcés) dérangent, ces élus méprisants se réfugient dans de piètres accusations de propos « hystériques », de « fake news », de « propos politiques ». C’est fort, de la part d’élus qui ne connaissent pas le fond des dossiers mais passent leur temps à palabrer à leur sujet ! Un exemple ? A notre remarque sur le caractère incohérent du soutien du maire de Nice à l’extension de l’aéroport de Nice, Olivier Bettati s’est senti des ailes pour fanfaronner que « l’extension ne consistait pas à étendre les pistes »… Une remarque affligeante, pour ne pas dire crétine, d’un ignare qui se permet de prendre les Niçois-es pour des demeurés, et qui confirme que cet imposteur n’a pas lu une seule ligne du dossier de l’aéroport. Nous lui en avons évidemment fait la remarque. Quant à l’experte Damienne Provitolo, un point nous préoccupe : lorsque nous avons évoqué la question technique des émissions de gaz à effet de serre, cette présidente du Haut Conseil du Climat local a préféré nous prendre de haut, et nous jeter à la figure : « vous ne devez pas faire de la politique ! ». Alors que nous posions clairement et factuellement le problème climatique. Cette posture est très préoccupante, et nous rend très circonspects quant à l’efficacité et à l’indépendance de ce conseil.
L’expert Jean-Pierre Gattuso a d’ailleurs retoqué Olivier Bettati, en lui rappelant qu’une extension d’aéroport n’avait naturellement d’autre objectif que l’accroissement du trafic, et qu’à titre tout à fait personnel, il ne l’approuvait pas. Nous lui en savons gré ! Le même expert qui a insisté, dès le démarrage du « café », que si l’adaptation climatique est importante, la réduction des émissions reste absolument essentielle. Nous applaudissons. Bref, les mots de Jean-Pierre Gattuso ont été les seuls propos de vérité de cette séance globalement nulle, pathétique, et non démocratique (et ne parlons pas des invitations ciblées…). Nous préférons, de très loin, la commedia dell’arte à cette comédie de la lâcheté, du cynisme, ou, pour laisser une petite chance à ces pauvres « élus », de l’inconscience (demandez aux éthiciens la différence entre lâcheté et inconscience).
Bavarder pour ne pas agir…
Mais ne vous y trompez pas, c’est bien le fond du problème qui nous préoccupe au premier chef : l’absence de résultats concrets sur une question très sérieuse : le réchauffement climatique. Et les élus niçois, à l’exception évidente des élus écologistes, font durer la pièce de théâtre pour surtout ne rien changer. Ils parlent beaucoup, plantent quelques arbres, et tentent péniblement de rattraper leur retard sur le vélo, la rénovation énergétique ou les EnR. Mais le compte n’y est pas. Mais alors, pas du tout ! Le conseiller Chemla, bien fatigué (et dépassé ?), patauge au milieu de ses copains, mais ne manque pas une occasion de se faire appeler « docteur ». En anesthésie et en diversion, certainement. Mais pas en méthodologie, ni en climatologie. Oui, la respectabilité se mérite !