Alors que tous les voyants sont au rouge…
« Une ville aux mobilités douces, tram, vélo, marche… avec une voiture à sa juste place pour certains. Une ville végétalisée et perméabilisée pour un futur viable. Le plus dur, le faire comprendre pour l’accepter. Alors que tous les voyants sont au rouge ».
Mais qui donc a pu écrire une telle lamentation ?
Figurez-vous qu’elle émane de Richard Chemla, médecin retraité, neuro-anesthésiste-réanimateur de formation, diplômé en santé environnementale et médecine de la plongée, fondateur du centre de découverte mer et montagne (CDMM), et aujourd’hui … 3ème adjoint au maire de Nice, Christian Estrosi, délégué à la Santé, à l’Écologie et au Bien-être, et vice-président à la Transition écologique de la Métropole Nice Côte d’Azur.
Il se trouve que ce tweet du 25 février 2023 sonne comme un cri d’impuissance. Impuissance de celui qui devrait être entendu, à l’heure des périls environnementaux et sanitaires qui sont à nos portes, de celui qui a été baptisé par la presse locale « le géant vert » ou l’ « éminence verte », lors de son intronisation en 2020. Et de celui qui, après trois ans auprès de son maître, semble jeter l’éponge.
Car cet homme, qui a souvent dit qu’il avait le cœur à gauche et la corde écologique, n’a eu pourtant de cesse de louer le maître de l’Hôtel de ville et de métropole, dont il ne fait aucun doute qu’il se situe bien à droite de l’échiquier politique français, et qu’il n’a visiblement pas encore réussi à prendre toute la mesure et l’importance de l’enjeu écologique. Faits à l’appui, comme soutenir mordicus le projet d’extension de l’aéroport de Nice, qui sera responsable de +20.000 vols par an, et de +28,4 millions de tonnes de CO2 d’ici 2050… Une paille !
Pourquoi ce tweet n’est pas très rassurant pour les Niçois-es…
Pour plusieurs raisons. Tout d’abord, sous la mandature précédente 2014-2020, Christian Estrosi a nommé une professeure de médecine du CHU de Nice, Véronique Paquis, qui n’aura pas laissé beaucoup de souvenirs en matière environnementale, et c’est un doux euphémisme. C’est assez étrange, cette façon qu’ont les élus au pouvoir de mandater des conseillers et de ne leur demander aucun compte ni bilan. Au nom de l’intérêt légitime des citoyen-nes !
Ensuite, parce que son successeur, Richard Chemla, a rapidement déclaré, devant l’entêtement du maire, ne plus vouloir s’escrimer à lutter contre le projet climaticide d’extension de l’aéroport de Nice. Il semble en avoir été de même pour la bétonisation de la basse vallée du Var. Ou de la pollution de l’air. Ou encore de la pauvreté, puisque la ville de Nice est la 3ème ville la plus pauvre de France, en pourcentage de sa population. Ou des retards colossaux en termes de transition énergétique et d’énergies renouvelables…
Très visiblement, la politique environnementale de Christian Estrosi semble se limiter, pour l’essentiel, à tout miser sur le projet communicationnel d’extension de la coulée verte (qui doit s’achever juste avant les prochaines élections municipales de 2026…), avec 1500 arbres, et moins de 50 tonnes de CO2 épargnées par an (et non 1740 tonnes, comme répété par le service com’ du maire). A comparer au 1,2 million de tonnes émises par la ville de Nice chaque année. Et ce n’est qu’un exemple… Car on aurait pu citer le téléphérique au-dessus du fleuve Var, projet-gadget clinquant et très coûteux (55 millions d’euros).
Si donc, le plus dur est de faire comprendre et accepter qu’il faut tout faire pour nous donner un avenir viable, alors que tous les voyants sont au rouge, nous comprenons que ceux qui peinent à le comprendre, ou s’y refusent, sont notamment assis dans les bureaux ouatés de la mairie-métropole de Nice…
A chaque citoyenne et chaque citoyen d’en tirer les conclusions nécessaires.