« Transition Forum » : phare greenwashing du théâtre niçois
Les 29 et 30 septembre 2022 aura lieu la 5ème édition du Transition Forum au Palais de la Méditerranée à Nice (2ème édition à Nice), sponsorisé notamment par … la multinationale TotalEnergies, régulièrement épinglée pour ses activités climaticides et ses manœuvres fiscales immorales…
Il faut bien comprendre que cet événement est un moment phare de l’esbroufe climatique du maire de Nice, qui œuvre, toute l’année durant, à faire illusion sur sa politique environnementale. Mais une illusion qui a toujours le souci du panache (sent-il seulement qu’il est malodorant ?).
Soyons plus clairs ! Comme le maire de Nice a développé une passion pour le clinquant (ou le « bling-bling« ), et le faux-semblant, le titre de la manifestation n’est autre que « Transition Forum, committed to an ecological transition, Time to accelerate »… Christian Estrosi aurait-il passé récemment son TOEFEL ? Ah oui, le Palais de la Méditerranée est situé sur la Promenade des … Anglais. Bref, en français, cela donne : « Forum Transition, engagés dans une transition écologique, il est temps d’accélérer ».
Accélérer ? Mais savez-vous que notre territoire, dont les élites ne pensent qu’aux devises surtouristiques, à l’attractivité rayonnante et croissante de Nice (pour faire la nique aux territoires voisins, et en mettre plein la vue au pouvoir parisien), au béton et à la techno sécuritaire, prend un retard confondant depuis des années sur les sujets environnementaux, sociaux et sanitaires ? Son plan climat, par exemple, n’est qu’une liste à la Prévert d’actions disparates, la plupart du temps des objets communicationnels, sans stratégie ni leviers d’actions, ni tableau de bord et indicateurs. Lancé il y a bientôt dix ans, en 2013 (PCET), et poursuivi en 2019 (PCAET), concertation et transparence sont toujours au point mort : beaucoup d’agitation et de bruit, mais peu de résultats. Et surtout, pas de citoyens. Car les citoyens sont des empêcheurs de tourner en rond, une plèbe qui ne s’intéresse pas à la smart city, à la safe city, au biz’ness et à ses VIP top-managers, à l’esbroufe. Pensez donc : elle ne cherche qu’un cadre de vie serein et sain sur son beau territoire, et souhaite ralentir la course vertueuse au progrès technologique, cette panacée qui nous sauvera de tous les périls. Quel manque d’ambition ! Quelle courte vue ! Heureusement, ces pauvres Niçois ont la chance inouïe (mais le savent-ils ?) d’avoir un maire moderne, un Achille pourfendant de son glaive médiatique les archaïques, les opposants, les gauchos, les alternatifs, les écolos Amish et les vilains migrants (terroristes ?). Attention au talon, quand même…
A Nice, on se gargarise d’accélération écologique, mais on stagne !
Pour autant, la plèbe citoyenne analyse les chiffres disponibles, décortique les annonces, souvent tonitruantes, des élus. Résultat : les comptes n’y sont pas. Mais alors, pas du tout. Pire, la municipalité, et son armada de communicants, tentent de nous raconter de grosses salades niçoises. Un exemple ici :
Le plan climat PCAET 2019-2025 vise officiellement à atteindre plusieurs objectifs majeurs, mais les derniers chiffres disponibles montrent d’ores et déjà un décrochage et anticipent une non-atteinte des objectifs en 2026.
Illustrations. Les courbes tendancielles (produites par la Métropole Nice Côte d’Azur : ici) ne permettront visiblement pas d’atteindre les baisses annoncées pour 2026 :
- Réduction des émissions de gaz à effet de serre : -22%.
- Réduction des émissions de polluants atmosphériques : -44%.
- Réduction des consommations d’énergies finales : -18%.
De même, l’évolution des énergies renouvelables (EnR) ne montre aucune dynamique, à la hauteur des annonces.
Notons également que si le maire-président de la ville-métropole de Nice annonce une baisse des émissions de gaz à effet de serre de -22% en 2026, il s’engage à -33% en 2030. Or, toutes ses annonces auprès des médias évoquent un engagement de -55% à cette même date de 2030. Alors, -33% ou -55% ? La différence : des centaines de milliers de tonnes par an… A Nice, on n’est pas à ça près, et on n’aime que les chiffres outranciers ! Mieux vaut, d’ailleurs, être précis sur le montant des dépenses moyennes d’un homme d’affaires venu à Nice, ou sur le chiffre d’affaires de l’hôtellerie-restauration de luxe, que sur les tonnes de CO2 qui n’intéressent personne, ou le taux de pauvreté de la population niçoise, qui pourraient faire fuir les investisseurs que chérit tant le metteur en scène de la mairie…
Nous dénonçons le greenwashing de la ville de Nice !
Cette année, comme l’an dernier, nous dénonçons, avec de nombreux autres citoyens, associations et collectifs, ces mascarades écologiques, qui ne visent qu’à développer l’activité économique (sans grands effets, d’ailleurs) sur le dos d’une écologie en souffrance, et à faire croire au monde que cette ville est la plus vertueuse qui soit : « La ville verte de la Méditerranée ». In english : « The Green City of the Big Blue »… Christian Estrosi ne voit de salut qu’à travers une « écologie au service de l’économie », cette écologie n’étant que de façade, alors que tous les indicateurs climatiques et environnementaux sont au rouge vif.
Le maire de Nice n’aurait-il rien compris du sérieux de la situation ? De l’urgence à agir ? Au lieu de cela, il continue de soutenir le projet d’extension de l’aéroport de Nice, veut promouvoir la Formule 1, ne fait rien, ou si peu, sur les voitures et les 2RM, à l’origine de la majorité des émissions CO2 de la ville, rien, ou si peu, sur les EnR et les rénovations énergétiques, etc. Sachez juste que l’ensemble des transports représente 56% des émissions CO2 du territoire, bien davantage que sur le reste du pays.
La fuite en avant de ce maire insécurise de plus en plus notre territoire. Comme au plan agroalimentaire, lorsqu’il s’évertue à bétonner magistralement les terres fertiles de la basse Plaine du Var, et les collines.
« Time to accelerate » ? Oui, il est temps d’accélérer ! Mais pas vers la falaise vers laquelle nous entraînent le maire de Nice et ses adjoints.
L’heure n’est plus au théâtre, ou au business aveugle, porté uniquement par la croissance perpétuelle et des considérations financières. L’heure est à la responsabilité. Pour cela, il nous faut des élus … responsables, qui fassent autre chose que des tours de passe-passe et de la com’ mensongère.
Plus d’un million et demi d’euros pour peindre la ville en vert…
Le budget de ce Greenwashing Forum est de plus de 1,5 million d’euros. Mais combien coûte ce théâtre aux Niçois-es ? La rondelette somme d’un demi-million d’euros (répartis en 150.000 euros directs, et 350.000 euros indirects), supérieure aux subventions des associations à vocation sociale (463.000 euros) ! Nous vous laissons juge du niveau de la gabegie communicationnelle…