Apaisons la ville, crient-ils en chœur ! Mais que font-ils ?
A Nice, on aime la vitesse et le bruit…
Début 2022, après Grenoble, Nantes, Lille et Paris, et comme dans plusieurs grandes villes européennes, Lyon est passée à 30 km/h. Mais à Nice, on aime la vitesse, l’agitation et le bruit ! Son maire en particulier : probablement une réminiscence lointaine…
Et pourtant, la ville de Nice est connue pour son insécurité et son incivisme routiers. Grands excès de vitesses, nuisances sonores de deux-roues motorisés (2RM) trafiqués, feux rouges grillés, y sont monnaie courante pour cause de tolérance, voire d’impunité généralisée. Mais aussi les bouchons de circulation, qui s’y forment par vagues chaque jour. Comme si rien ne pouvait changer cette fatalité !
Concernant les 2RM (il en circule 85.000 à Nice), un article paru dans Transports urbains 2017/2 (n°131) de Frédéric Héran, intitulé « Les deux-roues motorisés en milieu urbain solution ou problème ? » pose cette remarque intéressante : « Le bruit des 2RM est fortement ressenti par les Français (Meunier et Bouillon, 2011, p. 25-26). Selon la Brigade de contrôle technique de la Préfecture de police « 80 % des cyclos et 50 % des motos ne respectent pas les normes de bruit » (Lebrun, 2006, p. 36). Dans une ville comme Paris ou Nice, le bruit des 2RM domine le fond sonore urbain. »
Un problème de vitesse, et « pas de solution » ?
Suite à la proposition d’une réduction de vitesse sur les secteurs collinaires dangereux, lancée par le Collectif Citoyen 06, le journal Nice-Matin a réalisé une enquête (mars à mai 2022) pour connaître l’avis des Niçois. Sur 227 réponses, seules 30% d’entre elles répondent favorablement ! Et pourtant, la moitié des réponses reconnaît un problème d’excès de vitesse, et près de 90% le reconnaisse comme dangereux… Cette réaction étonnante est probablement due à la culture d’impunité généralisée et de laisser-aller permise par la municipalité depuis tant d’années. Certains crient même à une « mesure ridicule de bobos ». Savent-ils que de plus en plus de villes modernes apaisent ainsi leurs rues ? Notre ville ne deviendrait-elle pas … has-been ?
Les habitants des collines niçoises se plaignent de la dangerosité routière dans leurs quartiers, mais la mairie prétend … ne pas avoir de solution, tout en reconnaissant un « problème global de vitesse sur les collines niçoises » !
Le maire : « Paf la contravention ! »
Alors que de grandes villes-métropoles françaises passent les unes après les autres à des limitations 30 km/h, en vue d’apaiser et de sécuriser leurs quartiers, le maire de Nice traite la question d’une façon tout à fait déconcertante : « Je n’imagine pas dire aux habitants à 31 km/h, paf vous allez avoir une contravention », « Je vais faire un référendum, la réponse on la connait déjà par avance ! » (13 avril 2022).
Pourquoi, donc, le maire de Nice a-t-il évoqué une zone 30 km/h, coextensive à la zone ZFEm (Zone à Faibles Émissions mobilité) en centre-ville, et ferme le débat quand il s’agit de sécuriser le secteur collinaire ? Nous cherchons encore la cohérence de cette stratégie…
Au fait, quand la vitesse est limitée à 50 km/h, quid du principe « paf la contravention » quand on franchit les 51 km/h ?
Annoncer des contrôles policiers plus fréquents, notamment sur les collines, ne peut suffire à calmer les craintes légitimes de celles et ceux qui marchent ou circulent à vélo dans les rues, souvent sans trottoirs ni pistes cyclables. La question posée par des comités de quartier reflètent cette peur : « Faut-il attendre qu’il y ait un mort ? »…
Ce que nous demandons !
Nous demandons, comme l’avait pourtant évoqué l’actuel conseiller environnement-santé du maire de Nice lors de sa prise de fonction (mais jamais suivi d’effet), que les limitations 30 km/h soient élargies aux secteurs les plus dangereux : les axes non équipés de trottoirs en priorité. Pourquoi ?
Parce que lors d’un choc, les piétons ont près de 90% de chances de survie à 30 km/h contre près de 20% de chances de survie à 50 km/h ! Pour que les automobilistes gagnent quelques secondes ?
Parce que limiter la vitesse à 30 km/h en ville, dans lesquelles les vitesses moyennes de déplacement dépassent rarement les 20 km/h (bouchons, feux de signalisation, etc.), c’est favoriser les modes doux de mobilité : vélo, marche, EDP (engins de déplacement personnel). Peu à peu, les habitants prennent confiance et acceptent de lâcher leur véhicule ou leur 2RM pour utiliser au quotidien des modes de déplacement durables, non polluants et peu bruyants (report modal) ou les transports en commun. C’est ainsi qu’on initie une politique de transition au quotidien, et dans l’intérêt général. Certainement pas en organisant des démonstrations de Formule 1 sur la Promenade des Anglais ou en offrant 2 millions d’euros d’argent public, chaque année, au Grand Prix de France du Castellet (dans le Var) !
La recette est simple. Il suffit qu’un maire le comprenne et ait le courage de la mettre en œuvre.